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Beatfaiseur du mois : Slumgod

Discussion avec le pilote derrière la compilation «For My City».

Par
Hugo Bastien
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Peu de gens le savent, mais le Québec regorge de beatfaiseurs.es absolument incroyables. Ces forces tranquilles œuvrent malheureusement trop souvent dans l’ombre de l’Internet et de celui des rappeurs et rappeuses de la province. C’est donc pour vous faire découvrir ces talents cachés qu’URBANIA Musique vous présente sa série « beatfaiseur » qui, chaque mois, vous fera découvrir un.e producteur.rice en plus de vous présenter une playlist de son cru.

Charles-Olivier Gilbert, alias Slumgod, est originaire de Trois-Rivières. Résident de Montréal depuis 5 ans maintenant, le jeune beatmaker a lancé le mois dernier le deuxième volume de sa compilation For My City sortie l’an dernier. Sur le projet, il a réuni un total de 12 collègues qui lui ont fait parvenir des pistes qu’il a compilées dans un album de 20 chansons. Ensemble, ils ont accouché d’un véritable catalogue faisant rayonner le son montréalais.

Rejoint au bout du fil, j’ai discuté avec lui de son projet, ainsi que ses productions en solo à venir. C’EST PARTI!

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Musicien dans l’âme

Comment t’es-tu intéressé au beatmaking?

J’ai toujours fait de la musique dans la vie. Au primaire, je jouais du violon, de la batterie. J’ai été dans des orchestres, sauf que je voulais faire partie d’un band, et personne dans mon entourage ne jouait de musique.

Au fil du temps, je me suis juste dit que j’allais me faire un one-man band, et faire de la musique à l’ordinateur. J’ai commencé assez jeune à faire ça. Pis à l’époque, je me suis mis à regarder des beat battles sur YouTube, et j’écoutais beaucoup de hip-hop alors ça m’a donné le goût de faire ce style-là en particulier. J’avais autour de 10 ans.

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Comment ça se fait que tu aies commencé si jeune à faire de la musique?

J’ai toujours aimé la musique et mes parents écoutaient beaucoup de rock, du Bob Marley, du Lauryn Hill. Ensuite, ils m’ont envoyé dans une école de musique et j’ai vraiment aimé ça.

L’autre chose c’est que je faisais beaucoup de sport à l’époque, et j’ai eu une grosse blessure qui m’a gardé en fauteuil roulant pendant un an. Donc, ça m’a un peu poussé à me concentrer sur mon autre passion, qui était la musique.

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Tu travailles beaucoup avec des vocals que tu remixes. Qu’est-ce que tu aimes là-dedans?

À la base, c’est surtout que ça ajoute beaucoup d’énergie dans une chanson. Ensuite, souvent c’est un moyen de montrer aux gens ta culture du hip-hop, que tu connais des verses que les gens ne connaissent pas. Quand tu entends des a cappella ou des remixs, c’est le fun parce que quand tu tombes sur l’originale, tu découvres une autre vision de la chanson que tu aimais.

Pis l’autre affaire, c’est que c’est le fun de faire des beats pour des rappeurs. Mais quand t’as pas de rappeurs avec qui travailler, c’est une alternative évidente.

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Pour la culture

Comment est venue l’idée de la compilation?

Dans le fond, moi les compilations c’est ce qui m’a vraiment aidé à faire du beat et à connecter avec d’autres beatmakers. Au début, j’ai participé à quelques compils et j’aimais l’esprit de communauté derrière.

J’ai fait partie de 3 compilations avant d’en faire une avec des amis qui s’appelait Waiting Room Thoughts. Là-dessus, y avait des gars de Sherbrooke, Trois-Rivières, Québec, Montréal.

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J’aimais ça parce que ça m’a permis de connaitre des gens de Montréal avant même que je déménage ici.

Mais ces projets-là sont morts avec le temps, pis je trouvais ça plate parce que j’aimais ce format-là. En déménageant à Montréal, j’ai rencontré plein de bons beatmakers et je me suis dit que c’était le temps de faire une compil avec eux.

Qui as-tu contacté pour te joindre au projet et comment as-tu choisi les chansons?

C’est simple. J’ai juste demandé à du monde dont j’aime la musique, et que je connaissais. Je leur demande s’ils veulent être dessus, et s’ils sont down, ils m’envoient deux beats.

Ce sont tous des gens que j’ai rencontrés à gauche et à droite dans des spectacles, ou des sessions de beatmaking.

Comment t’as monté la compilation? Le choix des beats, l’ordre, etc.

Sur le premier tape c’était beaucoup moins organique. Je voulais avoir plus de contrôle sur la vibe et ça a donné un son très phonk, et trap.

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Mais cette année, je leur ai dit de juste m’envoyer deux beats, pis that’s it. Je voulais que ça soit le plus naturel possible. C’est sûr que si j’aime pas le beat, je vais lui demander le changer, mais c’est pas arrivé souvent. Mais je ne demanderai jamais à un beatmaker de me faire un beat dans un style qui n’est pas le sien.

Ensuite, une fois que j’ai tous les beats, je les classe par vibe et je fais la tracklist.

C’est quoi l’impact d’un projet comme ça pour les gens qui y participent?

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D’un, je pense que ça fait du bien à tout le monde de participer à ça. Les gens le font surtout pour le plaisir. Sinon, en tant que beatmaker, on a souvent découvert d’autres beatmakers avec des compilations comme ça, alors ça permet de créer une communauté.

Bon après, c’est sûr qu’on ne fait pas d’argent avec ça. En gros, on fait ça pour le plaisir, et la culture. Si on se fait découvrir au travers de tout ça, tant mieux. Ça permet d’utiliser les crowds de chacun pour faire découvrir les autres.

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Selon toi est-ce que Montréal a un son particulier? Si oui, c’est quoi?

Pour moi, Montréal a définitivement un son particulier, surtout parce qu’on a des influences de plein de genres. De la côte est, mais aussi de l’Europe, et même de l’époque piu piu avec Kaytranada et High Klassified.

Je pense que le son piu piu a teinté beaucoup de beats actuels montréalais. Je pense aussi que les beatmakers québécois trouvent ça important d’avoir leur son à eux, de ne pas sonner comme tout le monde.

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La suite

À part quelques chansons à gauche et à droite, et la compil bien sûr, ça fait un moment que tu n’as pas sorti d’album. Pourquoi?

Mon dernier EP date de 2018, et il n’a vraiment pas marché. Mais c’est de ma faute… Je l’ai vraiment mal marketé : je l’ai sorti sans en parler à personne et il est un peu passé dans le beurre.

À l’époque, je faisais beaucoup de phonk, mais je me suis tanné. Et l’hiver passé, j’ai fait un EP au complet, mais je ne voulais pas le sortir parce que je ne le trouvais pas assez bon. Des mois plus tard, je suis finalement en train de le terminer.

J’ai hâte de le sortir parce que c’est ben différent de ce que je faisais avant. Ça devrait arriver d’ici la fin de l’année, ça c’est sûr.

Et c’est quoi les plans à court et moyen terme pour Slumgod ?

Cette année, je veux sortir au moins un EP, peut-être deux. Sinon c’est sûr que j’aimerais que For My City revienne chaque année parce que c’est le fun à faire.

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Mais là, j’ai trouvé le style que j’aime faire et que j’ai envie de faire. Avant j’essayais beaucoup de faire des chansons qui plairaient aux gens que je connais, pour qu’ils me remarquent. Tandis que maintenant, j’ai envie de faire de la musique qui me plait avant tout à moi.

Ce nouveau style-là, c’est inspiré du lo-fi, du trap, du house. J’ai aussi travaillé avec beaucoup moins de sample. J’ai plus composé ma musique de A à Z.

En terminant, nous avons demandé à l’artiste de nous créer une playlist de ses chansons du moment. Voici donc la sélection de notre beatfaiseur du mois, Slumgod.

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