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Bande de tweets!

Par
Pascal Henrard
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Depuis quelques temps, c’est devenu une habitude attendue et un divertissement entendu. Chaque semaine, ou presque, un pauvre type ou une innocente ingénue passent d’inconnus à stars instantanées par la magie des «médias sociaux».

La plupart du temps, ces gagnants à la lotweetrie passent aux yeux de la masse moqueuse pour des débiles profonds, des désaxés notoires ou des exutoires publics.

Après leur minute de triste gloire, ces étourdis sombrent dans l’oubli de nos mémoires surchargées d’informations jetables.

Mais il y a fort à parier qu’eux, ils n’oublieront jamais.

Ça vous amuse de partager les tweets enfantins bourrés de fautes d’orthographe d’un désœuvré du samedi soir? Vous salivez à l’idée d’envoyer promener dans le cyberespace les erreurs humaines de tel malappris ou de telle maladroite? Ça vous excite de faire circuler sur les réseaux soucieux la vidéo croche d’un ado éméché en tabarnak? Vous trouvez ça désopilant de planter sur Facebook les bitchages puérils des poupounes mal dans leur peau? Ça vous allume de retweeter d’un doigt accusateur le pauvre type qui s’est fait hacker, ou non, son compte par un plus mal élevé que lui? Vous vous délectez des images floues de gens filmés à l’insu de leur plein gré qui pètent une coche, qui se grattent le nez ou qui ont une couille qui dépasse?

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Aujourd’hui, comme des milliers de suiveux, vous faites circuler le nom d’un inconnu qui a, malgré lui, l’air bête, con et/ou méchant. Demain, ce sera peut-être vous qui prendrez sa place au pinacle des zéros sociaux.

Mais si vous n’êtes pas (encore) une vedette de la twittosphère, celles et ceux qui prendront votre défense ne se bousculeront pas au portillon.

Parce que ce qui me frappe dans ces mises à mort virtuelles, c’est que dès qu’il s’agit d’une personnalité, le lynchage se transforme en lichage et le tweeteux devient têteux.

Ce qui m’étonne plus encore, c’est que certaines de ces personnalités intouchables se permettent ce qu’elles ne vous permettraient jamais, à savoir traiter untel de #crétin, unautre de #moron, undernier de #ostiedecave. Mais évidemment, ces crétins sont des inconnus qui n’ont pas le luxe d’avoir une tribune pour se défendre.

De là à dire que nous avons des tweets à deux vitesses et deux classes de twits, il n’y a que 140 caractères que je vous invite à franchir en scrutant votre TL.

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En attendant, la prochaine fois que vous retweeterez, likerez, partagerez ou copie-collerez une connerie que vous n’aurez pas faite vous-même, demandez-vous si vous seriez fier de la colporter à haute voix autour de vous.… Je crois bien qu’André a oublié de mettre cette suggestion dans son billet d’hier. Et s’il l’a fait, vous n’aurez qu’à propager sur les réseaux sociaux que je ne lis pas les textes de mes collègues assez attentivement.