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“Hey ça te tente-tu d’aller passer une coup’ d’heures à cuisiner dans une famille italienne de St-Léonard sur la rue D’Artagnan?”, me demande, on ne peut plus random, ma chef au contenu web.
Certain why not? Tout ça me semble tellement stéréotypé que j’me demande même si y’aura pas du Brio qui coulera direct de leu’ robinet et si, tant qu’à être là, j’pourrais pas m’faire un p’tit entraînement d’boxe avec des gros morceaux de prosciutto qui pendraient dans leur chambre froide du sous-sol.
Mais qu’est-ce qu’ils ont de spécial, ces Italiens-là? J’veux dire, à part être Italiens.
Perso, ç’a toujours été mon rêve, d’être Italienne. Enfant, on me demandait ce que j’voulais faire plus tard et j’te jure que j’répondais : être Italienne. Ça m’avait l’air winner comme statut. Je les adorais littéralement. C’est pour ça, entre autres, que j’ai choisi un nom de plume italien : Mad Ameeeesti. J’ai même appris l’italien, pour le fun, à l’université.
Une chance, parce que quand tu te retrouves dans une famille italienne de St-Léonard, le trilinguisme est un must, sinon t’en manques des bouts, pis des gros.
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Le livre
Alors donc, qui sont-ils? En fait, c’est deux familles qui vivent dans le quartier depuis longtemps. Elles se sont connues grâce à l’amitié qui a uni Matteo Agostinelli et Mathew Foulidis, alors qu’ils étaient enfants. Matteo et Mathew ont grandi ensemble et ils sont maintenant tous les deux étudiants à Concordia.
Alors qu’ils n’avaient que 16 ans, Matteo et Mathew ont entrepris un projet fabuleux et ils étaient loin de se douter de toute l’ampleur que ça prendrait dans leurs vies. Pour faire simple, ils étaient jeunes et s’intéressaient à la cuisine italienne. Ils ont voulu connaitre les recettes de leurs grands-mères qui se sont transmises de génération en génération de façon orale. Pas moyen de quantifier quoique ce soit, elles faisaient tout à l’œil, à l’instinct.
Alors ils se sont attelés à la colossale tâche d’écrire un livre de recettes de leurs grands-mères. Pendant 4 ans, ils les ont suivies dans leurs cuisines, ils ont quantifié, mesuré, goûté. Et se sont probablement obstinés beaucoup, mais quand c’est en italien, c’est toujours plus beau. En est sorti ce magnifique livre : La cuisine de ma grand-mère italienne, paru chez les Éditions Parfum D’Encre.
Donc j’arrive là, un avant-midi.
Ça se passe dans la maison des grands-parents à Mathew. Les deux jeunes hommes m’accueillent chaleureusement, j’me sens importante. Une bonne partie des deux familles est présente, deux grands-mères, deux grands-pères, les parents de Mathew et iiiiiiiiii, un petit poméranien vraiment gentil. J’me sens coupable de marcher avec mes souliers sur ce plancher de marbre blanc tellement immaculé que j’hésite à remettre mes lunettes de soleil. Il est 11h du matin et tout l’monde est beau et élégant ici. (Je m’auto high-five intérieurement pour avoir choisi de porter une jolie robe à fleurs qui fait que j’ai l’air d’une bonne p’tite fille.) Sérieusement, cette maison est éblouissante de propreté.
On m’amène à la cuisine où je rencontre tout l’monde, et où, enfin, je sers la main de ces deux légendes de grands-mamans, Gina et Carolina. Elles ont le regard vif pas à peu près et on sent bien toute leur fierté face au projet de leurs petits-fils.
Matteo et Mathew me parlent du livre tout en cuisinant : “C’est pas tout l’monde qui a la chance d’avoir encore leurs grands-parents, nous on est chanceux de les avoir encore avec nous, alors on profite le plus qu’on peut de leur savoir.”
Évidemment la cuisine de leurs grands-mères a évolué depuis qu’elles vivent au Québec; elles ont dû s’adapter aux ingrédients d’ici. Ils me cuisinent un plat tout simple (et au début je crois naïvement que c’est tout c’qu’on va manger), des farfalle ai pomodorini – farfalles aux tomates cerises.
Ingrédients : farfalles, tomates cerises, beaucoup d’huile d’olive, flocons de piments forts, beaucoup d’ail, basilic frais, fromage pecorino romano, amour.
Ils m’expliquent que tout ce qu’il y a là-dedans, ce sont les ingrédients de base de n ’importe quel plat italien. Ce sont les ingrédients de base du livre aussi, et toutes les recettes sont vraiment faciles.
L’eau est en train de frémir dans la casserole en attendant les pâtes et je demande c’est quoi, en fait, le fameux secret des pâtes italiennes?
On me répond : un shit load de sel.
Ok.
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Ça donne une idée, laisse faire ta p’tite pincée, on y va à coups d’poignée ici.
Les nonne font revenir les tomates dans l’huile, l’ail et les flocons de piment, ça sent ben trop bon.
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À table
È pronto! On passe à table.
Et c’est là qu’on voit comment le repas est beaucoup plus sacré ici que chez nous. Coutellerie, belle nappe, tout est placé parfaitement. (Désolée pour le manque de talent à bien représenter cette divine tablée.)
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Bref, on commence à manger, le prosecco coule à flots, ensuite le vin, qui vient de ce petit vignoble méconnu d’Italie d’où Mathew et Matteo l’importent en privé.
Parce qu’en plus de publier un livre, à 22 ans, ces deux jeunes-là sont en train de se partir une compagnie d’importation privée de vins. Ça niaise pas. J’imagine qu’ils vont bien finir par s’ouvrir un restaurant, je proposerais M&M comme nom, si jamais.
Sur la table, il y a les pâtes, une salade verte aux figues fraîches, du pain et des fleurs de courge frites. Et ça, c’est surprenamment délicieux, c’était la première fois que j’en mangeais, would do it again. J’essaye de bien me tenir, mais honnêtement, tout est tellement bon que j’me retiens de pas m’empiffrer comme une pas d’classe. J’ai demandé la permission de faire la scarpetta, quand même. C’est l’art de nettoyer le fond de ton assiette avec un bout de pain. On me signale que c’est nécessaire pis toute, parfait.
J’écoute les conversations, ça passe de l’anglais à l’italien au français dans une seule phrase. Je comprends pas tout, mais je saisis bien l’essence. On rit gentiment d’un des grands-pères parce qu’il boit jamais d’eau, juste de l’alcool ou presque, sambuca dans l’café enweille donc. Le mot que j’entends le plus : aspetta – attends! Ils s’entrecoupent la parole sans cesse avec ça.
Je pense qu’on a fini de manger, mais non.
Il y avait de la saucisse italienne que le père a Mathew a fait cuire en cachette (je l’ai pas vu faire) sur le BBQ.
Ensuite c’est le dessert : un gros melon d’eau que tout l’monde mange avec couteau fourchette, ce que je m’empresse de faire aussi. Sinon je l’aurais mangé avec mes mains, mais bon j’suis pas game.
Et maintenant voilà le dessert! Quoi? C’était pas le melon le dessert? Non, c’est ce gâteau aux pommes direct descendu du ciel fait par la mère de Mathew et dont je n’ai d’autre choix que d’en prendre 2 morceaux.
Et pour finir, un espresso ristretto. Thank God j’en peux plus et je me félicite encore d’avoir mis cette robe assez lousse pour que personne se rende compte qu’entre le moment où j’suis arrivée à St-Léonard et ce moment où j’ai fini de manger, je suis miraculeusement tombée enceinte de 6 mois.
Finalement je les quitte, en les embrassant tous, parce que j’ai l’impression qu’on est un peu intime, maintenant que j’ai mangé à leur table.
J’ai dû faire une sieste de 3 heures pour m’en remettre, mais j’ai adoré les moments passés avec eux. Je leur souhaite beaucoup de succès avec ce livre, que j’ai chez moi, et dont j’ai ben hâte d’essayer les recettes!
Arrivedesti!
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Pour lire un autre texte de Mad Amesti : “Parents jusqu’au bout en esti”
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