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«Avec notre sang»: pour en finir avec la période d’abstinence imposée aux GBT2Q

Queer For Change passe à l'action.

Par
Daisy Le Corre
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« Avec notre sang », Guillaume Savard voit rouge. Et pas seulement à cause de la Covid mais d’une discrimination qui perdure depuis trop longtemps: celle de ne pas pouvoir donner son sang librement, en toute (l)égalité. Avec son organisme à but non lucratif, Queer For Change, sa mission est simple: supprimer la restriction de dons de sang envers la communauté GBT2Q (gay, bi, trans, bispirituel et queer) au Canada.

On a discuté de la goutte qui fait déborder le vase (des inégalités) avec lui.

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Pour celles et ceux qui ont besoin de contexte, il faut savoir que depuis 2019, une abstinence sexuelle complète entre partenaires de même sexe pendant 3 mois est exigée avant qu’une personne GBT2Q puisse donner du sang, excluant les lesbiennes car elles ne sont pas considérées à risque de contracter le VIH (quand bien même elles n’ont pourtant pas le “totem d’immunité” comme le rappelle très justement Têtu ici).

Qu’est-ce que tu veux changer concrètement avec cette première campagne?

Des pays comme le Pérou, l’Italie, la France et l’Afrique du Sud ont déjà transformé leur questionnaire et Queer For Change encourage le Canada à suivre la tendance. Concrètement, on demande trois choses : 1. Questionner les personnes souhaitant donner du sang sur leurs pratiques sexuelles: du sexe sans condom avec des nouveaux partenaires est un facteur de risque tant pour les GBT2Q que pour les hétérosexuels; 2. Identifier les personnes à risque, les lier à des tests et les éduquer sur leurs pratiques et le moment opportun pour revenir donner du sang; 3. Tester tous les dons, comme c’est actuellement le cas, pour déceler les donneurs infectés qui auraient pu passer à travers les étapes préliminaires.

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Si la restriction est retirée, on estime l’augmentation du potentiel de nouveaux donneurs à près 400 000 Canadiens! Ce n’est pas rien…

Est-ce que 2020 est un bon moment pour lancer ce genre de campagne et cette mission que tu te donnes?

Je pense que c’est le meilleur timing possible. Personnellement, au niveau de ma compréhension du racisme ou des enjeux autour des travailleurs du sexe par exemple, je n’aurais pas eu la même maturité il y a deux ou trois ans.

Toute la notion d’unlearning aussi est hyper importante en ce moment et dans notre démarche d’éducation: on se fait dire tellement de choses… Quand les organismes qui gèrent le don de sang ou le gouvernement te parlent de ta communauté de manière scientifique, tu les crois! Mais parfois, c’est important de challenger ça.

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À ce sujet, en 2016, Christopher Karas a déposé au fédéral une plainte concernant les droits de la personne visant la Société canadienne du sang et Santé Canada. Le plaignant demandait le dépôt d’une preuve scientifique supportant la restriction actuelle et le processus de diminution graduelle de la restriction de 5 ans à 12 mois à l’époque. La défense n’a pas été pas en mesure de soumettre des preuves probantes.

Ton souhait le plus cher avec «Notre sang»?

Je veux que la communauté et que les personnes discriminées signent le formulaire! On te demande de t’engager à devenir un donneur de sang et de plasma à la levée de la restriction. Ce n’est pas une simple pétition. Il faut que la communauté fasse de ce projet son bébé! J’aimerais que cela marque le début d’une prise de conscience par la communauté gaie, trans, bi, queer, two spirit qu’on peut vraiment changer les choses et qu’on doit revenir à cette essence-là de se parler, de lire, de comprendre. Faire en sorte que chaque petite action nous mène vers un monde plus égalitaire.

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Il n’y a rien de plus collectif que le sang. La communauté GBT2Q utilise les banques de sang, elle devrait aussi être capable de rendre à la communauté.

C’est quoi la prochaine étape avec Queer For Change?

On va changer les choses, let’s be honest, ça va bouger! Believe me! (rires) Idéalement, on se laisse jusqu’à la fin de l’année pour avoir une grosse banque de signataires. Et au début de l’année prochaine, on prévoit déjà faire une table de concertations avec plusieurs chaires de recherche et des docteur.es pour se pencher sur les problématiques actuelles et les wins rapides qu’on doit absolument faire en voyant comment la communauté peut nous aider à changer. Et puis faire un plan d’action pour les prochaines années. Le sang est notre premier projet, je ne sais pas encore quels seront les suivants… Mais on va se concentrer sur les plus légitimes et les plus urgents.

Et on n’exclut pas de s’ouvrir à l’international, d’aller là où on a besoin que les choses changent rapidement. On reste super à l’écoute.

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