.jpg)
Audrey Genois: Jouer avec l’art contemporain
Combien de photographes québécois vous a-t-on fait découvrir, au primaire? C’est peu, hein? Cette année, Audrey Genois, historienne de l’art et muséologue, entend mettre les créateurs d’ici au cœur du corpus scolaire. En plus de poursuivre la direction de MOMENTA Biennale de l’image, un événement d’envergure internationale qui traite de photo et de vidéo, et d’offrir un vaste programme d’activités pour que citoyens et artistes se rencontrent dans un cadre de médiation culturelle.
Directrice générale, MOMENTA Biennale de l’image / 41 ans / Bélier (je n’y crois pas trop, même si l’un de mes plaisirs coupables est de lire mon horoscope tous les matins!)
—-
Pour l’année à venir… nous plancherons sur la préparation de MOMENTA 2019 (à Montréal). Lors de la dernière édition, nous sommes très fiers d’avoir pu réunir 71 artistes, 182 professionnel.le.s du milieu des arts et plus de 170 000 spectateurs. Cette année, nous lancerons également un jeu numérique destiné aux jeunes de 10 et 11 ans. Ce sera le tout premier mettant en valeur les artistes québécois et conçu pour être utilisé dans un contexte scolaire!
La galerie des mystères… vise à stimuler l’acquisition de nouvelles compétences critiques par les jeunes joueurs, et ce, de manière ludique. Au fur et à mesure de sa quête fantastique, l’élève devra effectuer trois courts jeux imaginés par l’équipe de MOMENTA afin de l’aider à se concentrer sur certains aspects précis des photographies exposées. Il devra notamment identifier ce qu’il voit, mais également ce qu’il ressent. L’objectif pédagogique est d’apprendre à regarder les œuvres, mais aussi à s’exprimer à leur sujet.
Cette expérience interactive a été développée afin de… répondre à un besoin de diffusion du travail des artistes québécois contemporains dans l’enseignement des arts, travail qui est essentiel, car il contribue à définir notre culture, notre identité. Le projet, créé en collaboration le studio de création interactive Dpt, emprunte des éléments propres aux jeux vidéo Il permet aux enseignants en arts plastiques du 3e cycle du primaire de réaliser des activités à partir non pas d’œuvres de Picasso ou de Monet, mais d’artistes d’ici (tels que Caroline Monnet, Jinyoung Kim, Dominique Blain et Yann Pocreau), dont les préoccupations sont souvent beaucoup plus près de celles des élèves. [NDLR : Vous pouvez lire le portrait de Caroline Monnet, page X, pour découvrir en quoi les sujets qu’elle aborde touchent de front notre société.] Les jeunes participent d’ailleurs à différents stades de la conception du jeu : la sélection des œuvres, l’élaboration des défis à relever et le choix du vocabulaire, par exemple. Nous les avons également questionnés pour découvrir ce qui leur plaît. C’est à la suite de leurs commentaires que nous avons ajouté un passage secret dans le jeu!
Quand les enfants sont mis en contact avec l’art… ils sont en général beaucoup plus ouverts et réceptifs que les adultes. En vieillissant, il semble que nos capacités d’émerveillement et d’imagination diminuent. Je me plais à imaginer un monde où tous et toutes seraient, dès leur plus jeune âge, baigné.e.s dans une culture où l’art joue un rôle primordial, reconnu et dont la crédibilité pour le bien-être social et politique ne serait pas à défendre. J’aimerais que notre regard en tant qu’adulte ne soit pas biaisé par tous ces codes qui nous empêchent, dans une certaine mesure, de nous émerveiller pleinement et de laisser aller notre imagination vers des recoins insoupçonnés.
Éduquer… ce n’est pas orienter ou imposer. C’est suggérer, proposer, offrir diverses manières de traiter de quelque chose, qui répondent à différents besoins et façons d’apprendre. À mon avis, éduquer, ce n’est pas un rapport d’autorité, mais plutôt un échange entre divers groupes ou personnes. C’est un dialogue, une conversation.