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Au fait, comment on organise une orgie?

On a demandé conseil à celles et ceux qui en parlent le mieux.

Par
Pauline Allione
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Les orgies – ou les partouzes, comme diraient nos cousins français –, ce ne sont pas que des soirées en petit comité qui dérapent, des vêtements qui tombent et des corps qui s’entremêlent. La plupart du temps, le sexe à plusieurs est planifié, ou au moins, sous-entendu. Simplement, on n’invite pas ses partenaires à un plan cul comme à son anniversaire ou à sa crémaillère. Pas la peine non plus d’écrire les noms sur les gobelets : les salives seront amenées à se mélanger. Non, le partouze planner pense plutôt au matching des invité.e.s, aux désirs de chacun.e, et à échanger des fluides corporels sans les IST.

Mûrir le projet

Avant de se désaper et d’entrer dans le vif du sujet, l’heure est au dialogue. « Si on est en couple, il est primordial de prendre le temps d’en parler ensemble et de s’interroger sur les motivations de chacun », pose la sexologue Virginie Clarenc, qui a vu de nombreux couples s’intéresser aux orgies pour de mauvaises raisons. « Si un couple veut s’ouvrir au groupe mais n’a pas déjà une sexualité épanouie, ça ne fonctionne pas. »

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Même si on n’est pas en couple, s’interroger sur ses motivations et discuter avec les autres participant.e.s peut s’avérer pertinent, d’autant plus s’il s’agit d’ami.e.s avec qui le sexe pourrait brouiller la relation. Après avoir couché avec un couple d’amis, Nicolas et Maëlle ont fait les frais d’un manque de communication : « On a continué à voir la fille par la suite, mais c’est devenu problématique quand on a commencé à ressembler à un trouple. On pensait avoir été clairs, mais elle a commencé à être trop présente et à mettre de l’amour là où il n’y avait que du désir », se souvient Nicolas. « Ce manque de communication a laissé s’installer des non-dits, des doutes et des questions », poursuit sa copine.

Composer un casting 5 étoiles

Une fois les bases posées, reste à décider de la liste d’invité.e.s. Pour éviter de tomber sur le gros relou qui va gâcher l’ambiance, Virginie Clarenc a une astuce pour faire un premier tri : « Les personnes safe sont ouvertes au dialogue et vont accepter de se faire dépister sans problème, ce qui constitue déjà un très bon filtre. »

Un peu comme un plan de table dans un mariage, il faut ensuite penser affinités, attirances et désirs, pour faire en sorte que les invité.e.s matchent entre eux. « Quand on a voulu organiser un plan à plusieurs avec mon amie Juliette, on s’est avant tout questionnées sur qui inviter », retrace Anouk Perry, journaliste et autrice du podcast Qui m’a filé la chlamydia ? (dans lequel elle mène l’enquête pour savoir d’où lui vient cette IST… justement contractée lors d’un rapport qui incluait plusieurs personnes). « On avait toutes les deux pas mal d’amant.e.s et de connaissances dans les milieux ouverts sexuellement, donc le casting s’est finalement fait assez naturellement, on connaissait toutes les personnes invitées. » Impossible de s’assurer que le sexe soit bien avant d’avoir couché lesdites personnes, mais si on les connait pas ou peu, pourquoi pas se retrouver autour d’un verre histoire de voir si le feeling passe.

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Convier les potentiel.le.s participant.e.s

Pas toujours facile de proposer un plan cul à un.e inconnu.e, une connaissance ou un.e pote. « Assumer d’être libertin permet plus facilement aux gens de venir vers nous, mais aller vers une personne sans savoir si elle est libertine est quelque chose de très délicat. Personnellement, je ne m’y aventure pas », raconte Laurent, propriétaire du club libertin L’Évasion, dans la Drôme.

Il y a le message, et il y a le médium. Concernant ce dernier, chacun son truc : un rendez-vous IRL, un groupe WhatsApp, une banderole tractée par un avion… Pour sa part, Anouk a d’abord opté pour la sobriété d’un texto : « On leur a envoyé un message genre “salut, ça te dit de faire une partouze à telle date ?” et après avoir demandé de manière informelle, Juliette a envoyé des cartons d’invitation… On a un peu organisé ça comme une banale fête entre amis, sauf que là tout le monde a fini à poil ».

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Organiser les derniers préparatifs

Comme pour des vacances entre potes, décider d’une date et d’un lieu qui mettent tout le monde d’accord n’est pas forcément une tâche aisée. « Après avoir décidé de qui on allait inviter, la seconde étape a été beaucoup plus compliquée : il fallait trouver une date qui convienne à tout le monde et à laquelle personne n’aurait ses règles », se souvient Anouk. Une fois les dispo et les menstru de chacun.e pris en compte, reste la question du lieu. Laurent, passé pro dans l’art du libertinage, préfère ainsi prendre ses précautions lorsqu’il est en présence d’inconnu.e.s. « Si on est avec des gens qu’on ne connait pas, je conseille de se rencontrer dans un club plutôt que dans une soirée privée. Le club offre un cadre sécurisé et on n’est obligé à rien : si les personnes que l’on rencontre ne conviennent pas, on peut facilement passer à autre chose. »

Recaler les IST à l’entrée

Les précautions à prendre lors d’une partouze sont globalement les mêmes que lors d’un rapport classique, excepté que le risque d’IST est multiplié par le nombre de participant.e.s. « Il faut savoir avec qui on va avoir cette sexualité de façon à se faire dépister à l’avance. Comme pour un travail de groupe pendant le Covid auquel on arrive avec un pass sanitaire, l’idée est de montrer que l’on n’est pas contaminant pour les autres », détaille Virginie Clarenc. Le dépistage ne dispense pas de l’usage du préservatif, à garder tout au long des rapports et à changer entre chaque personne. « On peut et on doit absolument utiliser des préservatifs, mais aussi des doigtiers et des digues dentaires (des carrés de latex à placer sur la bouche ou le sexe, ndlr) pour le sexe oral. Il faut privilégier les ongles courts et penser à se laver les mains régulièrement au savon… Le gel hydroalcoolique c’est bien, mais c’est contre-indiqué car ça peut brûler », rappelle la sexologue.

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Discuter des désirs et des limites de chacun.e

Si le rendez-vous est donné dans un cadre privé, pourquoi pas lancer les hostilités avec un apéro. « Un apéro dinatoire permet de détendre l’atmosphère, mais aussi de ne pas avoir le ventre vide et d’éviter les effets négatifs de l’alcool », rappelle Laurent. Cela peut aussi être le moment idéal pour parler des désirs, limites et appréhensions de chacun.e. « Il ne faut pas avoir peur de parler de ses préférences, parce qu’il y a 1001 façons de pratiquer le libertinage », pose Laurent. Parler du fait que l’on a encore jamais vécu ce genre d’expérience peut aussi permettre à d’autres, potentiellement plus confirmés, de faire particulièrement attention à ce que tout se passe bien. « Comme dans toute sexualité on doit pouvoir donner, recevoir et refuser. Si on n’a plus envie, on doit pouvoir dire stop à tout moment », ajoute Virginie Clarenc. On peut formuler ce stop verbalement mais aussi décider d’un signe, puisque toutes les pratiques ne permettent pas de parler.

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Passées ces étapes préliminaires, on vous dispense de la suite du tuto.

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Ce texte a d’abord été publié sur urbania.fr
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