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Ce pays est condamné. Les catastrophes se sont enchaînées, aboutissant à un terrible séisme qui a ravagé sa capitale. Haïti est devenu en Occident le symbole de la misère au cœur des Caraïbes. Un fardeau que le pays devra porter encore longtemps, pour le meilleur et pour le pire.
Quand des visiteurs en vacances débarquent, c’est toujours les mêmes commentaires de leurs amis, sur les réseaux sociaux, à la vue des photos de voyage: « Wow ». Les plages sont magnifiques, souvent vides et bucoliques. Les chutes sont majestueuses, l’artisanat florissant. Les concerts se suivent. Ce n’est pas Montréal, mais la vie culturelle est tout de même toujours l’une des plus actives des Caraïbes.
Rien de tout ça ne transparait dans les reportages aux nouvelles, et c’est ce que s’évertue à répéter la ministre du tourisme et le président haïtiens dans leurs voyages à l’étranger. Dans un élan d’optimisme, le président a même qualifié, devant l’ONU l’année dernière, la mauvaise image d’Haïti comme étant le plus grand défi du pays.
La misère est bien le plus grave problème de ce pays, mais il est vrai qu’elle a fini par établir un mélange de fascination et de pitié chez la plupart des Québécois et des Occidentaux. Et une peur amplifiée par les troubles politiques et sécuritaires du milieu des années 2000. Le taux de meurtres par 1000 habitants est pourtant aujourd’hui près de la moitié de celui de la République dominicaine.
Elle a aussi fini par aveugler les potentiels touristes, inconfortables à l’idée de se faire griller la couenne dans un pays meurtri. Cuba, pas de problème. La République dominicaine, tout va bien. Haïti, holà !
Les raisons sont assez simples et évidentes : un pays dont on exploiterait la misère et qui brille par son manque d’infrastructures. Si le premier peut se justifier, surtout lorsqu’il s’agit de faire des voyages qui ne profiteront qu’aux grands propriétaires d’hôtels chics, le deuxième ne devrait pas arrêter l’élan des plus aventureux, sac sur le dos. Ceux qui aiment le dépaysement et l’aventure vont trouver ici un terrain de jeux fertile : fêtes populaires colorées, traditions vodous vivantes et paysages majestueux.
Il s’agit surtout d’éviter la capitale, Port-au-Prince, toujours poussiéreuse et désorganisée, quatre ans après le séisme, à moins d’y aller pour un événement précis ou une visite rapide, le temps d’un bain de foule ou d’un spectacle.
Si les systèmes de transport cahoteux ne vous font pas peur, prenez votre courage à deux mains et venez donc y voir de plus près.
Les problèmes sont criants, soit. Mais ils sont rares, les Haïtiens qui s’apitoient sur leur sort. À la moindre opportunité (réelle ou imaginée), ils sautent sur l’occasion : démarrer un petit commerce, construire sa maison, tout se fait un pas à la fois, « ti-pa ti-pa ».
À la vue d’un touriste perdu sur sa route, ils s’empressent de montrer le chemin ou à se porter à sa défense si un badaud l’emmerde. Sans connaître un mot de créole, il est possible de se déplacer en transport en commun à travers le pays quand l’aventure ne nous effraie pas. C’est le plaisir du Sud, loin des resorts incolores qui pullulent dans les Caraïbes. Il y a même des agences qui s’occupent du transport et des réservations, pour les plus douillets (voir Tour Haïti, entre autres).
Les Haïtiens espèrent des jours meilleurs et le début du flot de touristes fait aussi partie de leurs espoirs. Ils attendent surtout vous, les visiteurs.
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