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Attention : effondrement planétaire imminent

Par
Judith Lussier
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Si vous vouliez scraper votre journée récemment, vous n’aviez qu’à lire cette dépêche de l’ambassade de France au Canada prédisant selon tout plein d’études scientifiques ni plus ni moins qu’un «effondrement planétaire imminent». En lisant ce résumé de découvertes scientifiques, on reste avec une idée vague de ce qu’est un «effondrement planétaire imminent», mais on sait que ça fait peur. On n’aurait pas vu telle chose depuis le passage de l’ère glaciaire à notre ère, et même les scientifiques qui nous annoncent la nouvelle disent être non seulement inquiets, mais «terrifiés». C’est un peu comme si une hôtesse de l’air se mettait à paniquer en situation de turbulence.

Le pire, c’est que tout ça pourrait survenir au cours du siècle actuel. C’est donc dire qu’il nous reste 88 ans à vivre. La chose évidente à faire dans ce cas là serait de cesser de faire des enfants aujourd’hui même de façon à ce qu’aucun de nos descendants ne finisse comme un dinosaure. Ça me rend triste pour le genre humain, mais surtout pour tous les Steven Guilbeault, Laure Waridel, Hubert Reeves et David Suzuki qui auraient travaillé en vain à éveiller nos consciences puisque, paraît-il, le mal est déjà fait, qu’on fonce droit vers un mur.

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Je vous avais prévenu que ça scraperait votre journée. Mais ce n’est pas la première fois que les scientifiques crient au loup. Quand ça arrive, habituellement, je fais la sourde oreille justement parce que les scientifiques, c’est bien connu que ça crie toujours au loup et que finalement il n’arrive jamais ce qu’ils avaient prédit (du pétrole pour seulement 50 ans encore? Ça fait 50 ans qu’ils disent ça.)

La dernière fausse prédiction était qu’on n’aurait pas de feuilles dans les arbres ce printemps à cause de l’inhabituelle chaleur de mars. Ça avait l’air extrêmement sérieux et épeurant. Maintenant, regardez par la fenêtre et voyez comme c’est faux.

Chaque fois qu’un tel article est publié, je croise les doigts pour que ma blonde ne tombe pas dessus. Parce que si moi je fais la sourde oreille, ce qui m’empêche de scraper ma journée, elle non. Elle croit autant à la fin du monde que moi à l’invention imminente de la machine à téléporter. Et ça scrape sa journée.

«On achète les théories qui font notre affaire», dit-elle pourtant avec philosophie. «Par exemple, moi, j’ai acheté la théorie qui dit que c’est correct de manger du Nutella le matin». Si ma blonde, qui craint habituellement les gros coups de vents et les variations de température, dit ça, c’est peut-être qu’elle aussi a commencé à ne plus se laisser impressionner par les alertes à la fin du monde des scientifiques les plus crédibles. À force de crier au loup, les scientifiques nous auront rendus blasés et insouciants. C’est ainsi que la fin du monde arrivera sans que nous ne bronchions, puisqu’on nous aura habitués à craindre le pire sans qu’il n’advienne. Et là, il adviendra.

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J’aimerais donc que les scientifiques se concertent une bonne fois pour toutes et nous disent si, oui ou non, ça vaut la peine de faire des enfants. Ou peut-être que Steven Guilbeault, Laure Waridel, Hubert Reeves et David Suzuki pourraient tenir un point de presse extraordinaire sur la question? Parce que pour l’instant, on ne sait plus trop.

À moins que lui ne nous explique le sens de la vie.


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