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Une fois, on m’a dit cette chose : « Ne doute jamais que je t’aime. ». Je sais que ça aurait dû sonner comme une certitude, une sorte de promesse, un énoncé dans lequel me prendre les pieds pis le cœur, mais non. Ça m’a fait drôle. Un peu plaisir, évidemment, parce que ça se voulait doux et rassurant et peu-importe-ce-qui-arrive-il-y-aura-ça. Sauf que. Je vois mal comment on peut s’asseoir le vulnérable sur de tels énoncés.
Parce qu’on peut avoir plein de raisons de douter des sentiments d’autrui. Parce qu’un lien entre deux personnes, ça ne peut pas que reposer sur des mots, même ceux chuchotés dans le creux de l’oreille, même ceux criés dans un porte-voix, même ceux dits en se prenant par le fond des yeux. Le cordage des amoureux, il se nœud au fil des baisers échangés, de la peau goûtée, des rires, des mains qui se tiennent nécessairement pour marcher sur les trottoirs. Des projets. Des moments si faciles, si doux, à se figer dans la tête et auxquels penser souvent.
Tout est dans les détails. Les attentions.
La répétition, dans le quotidien, de prendre le soin de donner des raisons de sourire. Parce quand cet autre sourit et est bien, cela suffit. C’est aussi là, dans ce plus petit de la vie, qu’il est si facile de faire preuve de négligence, si je me permets le mot. De ne plus prendre le temps, de ne pas s’en faire une exigence, une priorité. Alors que. Si je t’aime, tu es cet autre que je souhaite le plus heureux, cette relation qui me parle et me meut et je dois la nourrir de mon mieux, à chaque occasion.
Depuis que je suis en mesure d’avoir assez de recul sur les choses et sur l’amour, je me suis toujours dit que c’était ma job d’aimer large, d’aimer bien, d’aimer de telle manière que la personne ne se poserait jamais la question de sa valeur, de son importance, de son amourable, pour moi. De ce que le nous que nous formons signifie. Du pourquoi j’ai les yeux qui brillent quand je la regarde.
Ce n’est pas tant d’envahir tous les espaces, d’étouffer l’air. C’est plutôt que cette personne qui me donne un bout de sa vie, de son cœur, de son dedans, elle me donne le goût de faire du beau, du bon, du bien.
Je sais que je n’aurai probablement pas à avoir ce souci, que l’on craigne que j’aime. Je me verrais très mal impérativer une telle chose. Ne doute pas que je t’aime. Je préfère m’assurer que l’espace où une telle crainte puisse s’installer ne se crée jamais. Je préfère me demander à chaque jour qui passe comment je peux faire sourire, aujourd’hui, faire rire, faire battre le cœur plus vite plus fort, faire rêver, agir les rêves, agir le corps. Je préfère crissement ça.
Parce que c’est de même, de toute manière, que j’aime. Arts & Crafts l’amour, je me dis. Au mieux peux-je ainsi espérer que le doute ne s’installera pas et au pire, si c’est le cas, c’est qu’il me faudra rectifier le tir, pas exiger de l’autre qu’il me suive les yeux grands fermés s’il craint de pogner des trous, en chemin.