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Antoine Corriveau va de l’avant

Antoine Corriveau va de l’avant

« Oiseau de nuit » marque un nouveau départ pour l’auteur-compositeur-interprète.

Par
Benoît Lelièvre
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Le nom seul d’Antoine Corriveau évoque une idée très précise dans l’imaginaire des amateurs de musique québécoise. Celle du poète tourmenté à la voix rauque et aux compositions mélancoliques. Et, il faut bien l’avouer, le Trifluvien d’origine a la gueule de l’emploi. Cheveux longs, regard vif, Corriveau dégage, telle une flamme qui nous réchauffe, une intensité contrôlée.

Dès la première minute de son nouvel album Oiseau de nuit, cette idée est toutefois mise à l’épreuve. Piano discordant, contrebasse, maracas, monologue frénétique d’un maître de cérémonie nocturne, on est ailleurs. On peut y entendre des échos de Jean Leloup, des Colocs, du David Bowie libéré des dernières années. On est ailleurs. On est en présence d’un nouveau chanteur.

« Ça se peut très bien que Bowie ait influencé cet album. Je l’adore. C’est complètement inconscient, par contre. Ma référence de départ, c’était les Beastie Boys. Les drums distortionnés. Les ruptures de ton. C’était le point de départ de ma réflexion », explique le principal intéressé.

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Oubliez ce que vous croyez savoir à propos d’Antoine Corriveau. Tel un Pokémon culturel, Oiseau de nuit dévoile l’évolution d’un créateur qui laisse le volant à son inconscient.

Pour la suite des choses

Avant de lancer Oiseau de nuit en avril dernier, ça faisait cinq ans que Corriveau ne nous avait pas offert de nouveau matériel. La pandémie a bien sûr ralenti l’industrie musicale au grand complet, mais ce nouvel album représente aussi pour le chanteur une porte de sortie suite à une douloureuse crise personnelle.

« C’est peut-être un peu cliché, mais j’ai vécu une grosse rupture », confie Corriveau, derrière une paire de lunettes fumées digne d’un vidéoclip d’Aerosmith .

« Cet album-là, c’était quelque chose pour donner du sens à mes journées. Quand je m’y mets, d’habitude, ça me prend entre six mois et un an à produire un album, mais celui-là a pris du temps parce que j’ai dû travailler sur moi-même et assumer jusqu’où je voulais me rendre avec ma musique. »

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Corriveau n’a cependant pas traversé ce long tunnel seul. Parmi les personnes impliquées dans la création d’Oiseau de nuit, la regrettée autrice Caroline Dawson lui a donné un coup de main avec les textes alors qu’elle combattait la maladie. C’est le chanteur qui lui a tendu la main via Instagram après avoir été touché par la lecture de son roman Là où je me terre.

« On avait une relation très no bullshit, elle et moi. Quand je lui ai proposé de relire mes textes, je lui ai dit qu’il fallait que je lui fasse vraiment confiance, et elle m’a répondu : “Ben non, c’est pas ça qui se passe. Tu me connais pas et quand tu interagis avec quelqu’un que tu connais pas, tu peux être qui tu veux sans qu’il y ait d’enjeux.” Et elle avait raison. J’aime beaucoup plaire aux gens et là, j’avais pas tant cette pression-là », raconte Corriveau.

Non seulement Dawson lui a donné un coup de main avec ses textes, mais elle s’est montrée extrêmement respectueuse de son processus créatif. « Elle m’a dit qu’elle aurait pu mettre son chapeau de prof et faire des commentaires très serrés, mais qu’elle sentait pas que j’étais rendu là alors elle a fait des commentaires plus généraux, mais quand même très importants pour le peaufinement de mes textes », précise l’auteur-compositeur-interprète.

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Antoine Corriveau affirme que l’inconscient est le fil conducteur qui l’a aidé à trouver la forme définitive d’Oiseau de nuit. Parce que pour lui, faire intuitivement les choses signifie qu’il progresse dans la bonne direction. « Il y a toujours un moment où les affaires finissent par fonctionner, mais c’est pas un processus que je comprends moi-même. D’album en album, j’ai l’impression d’assumer de plus en plus ce que je veux faire et d’aller au bout de ce que je veux communiquer avec ma musique. »

La parenthèse Lagacé (et la suite)

Au printemps, à la suite d’une chronique incendiaire de Patrick Lagacé remettant en question la pertinence des premières parties dans l’industrie du spectacle, Antoine Corriveau a fait tourner les têtes avec une réplique qui a recueilli plus de 2000 likes et 400 partages sur Facebook et Instagram.

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Corriveau éclate de rire lorsque j’en fais la mention.

« Il m’a écrit en DM après ça. Il m’a invité à son émission pour en parler, mais j’étais pas en ville à ce moment-là et j’avais l’impression d’avoir dit ce que j’avais à dire à ce sujet. J’veux pas utiliser ça pour mousser ma musique, non plus. Je dis ce que j’ai à dire, pis c’est ça qui est ça. »

En début de carrière, Corriveau a lui-même longtemps assuré des premières parties d’artistes plus établis. Il a eu, entre autres, le plaisir d’ouvrir pour Ariane Moffatt et le légendaire Jean Leloup. Selon lui, il s’agit d’un outil de travail extrêmement important pour un jeune artiste qui peut non seulement se faire découvrir par un nouveau public chaque soir, mais les dates supplémentaires peuvent être d’un soutien vital afin d’obtenir une subvention d’aide à la tournée. Le chanteur en a d’ailleurs beaucoup à dire sur le soutien aux artistes, et souligne le besoin criant vu la grandeur du marché au Québec.

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Aujourd’hui, il est fier du chemin parcouru, de la liberté et de l’intégrité créative qu’il a su conserver au fil de sa carrière qui célébrera officiellement ses 15 ans en 2026.

« Je connais des gens qui ont eu beaucoup de succès pis qui ne se donnent pas le droit d’essayer des choses par peur de déplaire à leur public. J’ai l’impression de jamais avoir eu besoin de faire quoi que ce soit. J’ai toujours eu le luxe de faire ce que j’avais le goût de faire. De ne penser à personne d’autre que moi quand je crée », raconte-t-il.

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Antoine Corriveau inaugurera Oiseau de nuit en spectacle au Festif! de Baie-Saint-Paul dans la cour à bois de Gilles Jean. Ne vous en faites pas si vous ne savez pas c’est où, lui non plus. « La première fois, j’ai joué sur un quai. La deuxième, c’était dans une chapelle. C’est ça qui est spécial avec ce festival-là : on décloisonne les idées préconçues sur ce qui est censé être une scène et en quoi ça consiste, un spectacle. Les gens sont là pour vivre un moment. »

D’ailleurs, vous risquez peut-être de le voir monter sur scène avec ses amis du groupe Chou pour interpréter la chanson Nic Melançon tirée de leur album éponyme. « C’est vraiment quelque chose qui me sort de ma zone de confort, monter sur une scène, gueuler dans un micro pendant 45 secondes et repartir. J’ai hâte! »

Antoine Corriveau est sorti du tunnel. Il a hâte de vous voir et vous ne trouverez pas meilleure atmosphère que celle d’une cour à bois à Baie-Saint-Paul pour accueillir ce nouveau Corriveau aux accents psychédéliques. Vous n’êtes probablement pas prêt, mais ouvrez-vous donc à l’inconnu!

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Antoine Corriveau sera en concert le 17 juillet prochain au Festif! de Baie-Saint-Paul.

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