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Annabel Soutar: Celle qui nous traĂźne lĂ  oĂč on ne veut pas aller seuls

Autoportrait d’une artiste aux reins crissement solides.

Par
Annabel Soutar
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Le profilage racial (Fredy), les OGM (Grains), l’exploitation de nos ressources naturelles (J’aime Hydro), les foyers dans lesquels on place nos aĂźnĂ©s (Tout inclus)
 L’auteure et productrice de théùtre Annabel Soutar donne vie Ă  des piĂšces qui nous confrontent Ă  nos choix de sociĂ©tĂ©. Cofondatrice des Productions Porte Parole, elle se concentre sur le théùtre documentaire qui pousse au dialogue depuis plus de 20 ans. Et attachez-vous, ça va brasser, cette annĂ©e


Directrice artistique des Productions Porte Parole / 46 ans / Vierge

Le documentaire me permet
 d’approcher des gens que je ne connais pas et de poser des questions auxquelles ils ne s’attendent pas. Par exemple, au cours des prochains mois, je me pencherai sur l’extrĂ©misme et le tribalisme dans notre discours public avec la piĂšce The Assembly. [NDLR : Annabel Soutar et ses complices forcent une rencontre entre la droite et la gauche pour nous emmener Ă  transcender les Ă©tiquettes idĂ©ologiques. Pour ce faire, les membres de l’audience sont invitĂ©s Ă  monter sur scĂšne et discuter d’enjeux qui divisent prĂ©sentement notre sociĂ©tĂ©, tels que l’immigration et la libertĂ© de parole. PrĂ©sentĂ©e en français et en anglais, la piĂšce tentera de recoller les morceaux de notre collectivitĂ© brisĂ©e par la polarisation du discours politique actuel.]

Ma mission, c’est
 d’inspirer et d’ĂȘtre inspirĂ©e.

Mon plus grand dĂ©fi, jusqu’à maintenant, aura Ă©té  de convaincre le public que le théùtre documentaire n’est pas plate. Je crois y ĂȘtre arrivĂ©e en investissant beaucoup dans le dĂ©veloppement des textes
 et en collaborant avec la talentueuse Christine Beaulieu! Son enquĂȘte citoyenne au sujet d’Hydro-QuĂ©bec, d’abord prĂ©sentĂ©e en 2016, continue Ă  faire jaser. Preuves : cette annĂ©e, je produis la deuxiĂšme tournĂ©e rĂ©gionale de J’aime Hydro (on visitera 25 villes quĂ©bĂ©coises), la reprise de la piĂšce au Théùtre Duceppe et son adaptation en podcast.

Dans le meilleur des mondes
 nous investirons dans la santĂ© de la Terre comme il se doit avant d’investir dans la colonisation de la planĂšte Mars.

Pour l’annĂ©e Ă  venir, je veux
 Prendre plus de risques et ĂȘtre plus gĂ©nĂ©reuse. ConcrĂštement, ça veut dire : aborder des sujets encore plus complexes et dĂ©licats qu’Hydro-QuĂ©bec ou le profilage racial. D’ailleurs, je traduis en ce moment ma piĂšce Fredy en anglais pour des reprises au Canada et aux États-Unis. [NDLR : La crĂ©ation controversĂ©e porte sur les Ă©vĂ©nements entourant la mort tragique de Fredy Villanueva, jeune homme abattu par un policier Ă  MontrĂ©al-Nord en 2008.]

Prendre plus de risques
 ça veut aussi dire appuyer davantage de jeunes artistes, puis ĂȘtre plus audacieux au niveau de nos productions et de l’impact qu’elles pourraient avoir sur le discours public. [NDLR : À ce niveau, Tout inclus devrait faire l’affaire. La piĂšce, prĂ©sentement en dĂ©veloppement, soulĂšvera des questions sur nos vieux jours. « Suite au dĂ©mĂ©nagement soudain de ses parents dans une maison de personnes ĂągĂ©es, François GrisĂ© (comĂ©dien, animateur et metteur en scĂšne) a dĂ©cidĂ© de vivre une immersion de deux mois dans une rĂ©sidence pour aĂźnĂ©s Ă  Val-d’Or. En se catapultant dans ce milieu, GrisĂ© a enregistrĂ© plus de 80 heures d’entrevues avec les rĂ©sidents. RĂ©sultat : une piĂšce de théùtre qui tĂ©moigne de l’intĂ©rieur d’un monde invisible dont la plupart ne connaissent que la surface », nous promet-on.]

J’aime croire que
 les ĂȘtres humains vont toujours ĂȘtre plus complexes (et donc plus sexy) que les robots.

La culture québécoise
 est magnifiquement féroce dans sa fragilité.

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