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Anaïs dans la série «Trop»: le rôle parfait pour Virginie Fortin

Entrevue avec une artiste aux multiples chapeaux.

Par
Mali Navia
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Si vous êtes fan de notre télé d’ici, vous avez sûrement regardé Trop avec avidité. La série, qui tire sa révérence après trois incroyables saisons, nous a permis de découvrir avec émotion la plume sensible et juste de Marie-Andrée Labbé.

Dès le premier épisode, nous sommes tombés sous le charme d’Anaïs et d’Isabelle Desbiens — brillamment interprétées par Virginie Fortin et Évelyne Brochu — deux sœurs qui s’aiment et qui doivent composer avec les hauts et les bas de la bipolarité de la cadette. Entretien avec celle qui a touché des milliers de téléspectateurs à travers son interprétation sensible du personnage d’Anaïs.

Virginie Fortin sans étiquette

Trop représente une importante première pour Virginie Fortin. D’abord connue comme humoriste, elle fut la première à être surprise lorsqu’on lui a annoncé l’obtention de ce premier rôle. Comment se sent-elle devant la caméra trois ans plus tard? « Au départ, les chaussures étaient beaucoup trop grandes, mais là mes pieds ont poussé! », confie-t-elle avec humour. « Oui, j’avais peur au début. Mais jamais je ne me suis sentie jugée. Ça a été un plateau réconfortant et aimant, on a eu du fun dans la rigueur. Je veux jouer dans d’autre chose maintenant! » confie-t-elle.

«Oui, j’avais peur au début. Mais jamais je ne me suis sentie jugée. Ça a été un plateau réconfortant et aimant, on a eu du fun dans la rigueur.»

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Petite, elle voulait devenir comédienne. Avec le temps, elle a mis ce rêve de côté pour se consacrer à l’humour. Elle mène aujourd’hui une carrière sur plusieurs fronts qui met en lumière l’impressionnante étendue de ses talents. « Je suis juste un humain qui essaye des affaires », dit-elle avec un brin d’humour et beaucoup d’humilité.

En effet, si cette dernière devait se faire une carte d’affaires, on devrait y lire « Virginie Fortin, autodidacte ». Aucune étiquette nécessaire, de toute manière, la jeune femme les transcende dans le temps de le dire.

Un parcours inusité

En 2013, sans même avoir fait l’École Nationale de l’Humour, Virginie Fortin remporte le concours En route vers mon premier Gala Juste pour rire. Depuis, elle s’est hissée au rang des 5 prochains et a fait partie de la distribution de SNL Québec. Quelques années plus tard, elle récolte des nominations aux Oliviers et au Gala de l’ADISQ notamment pour son numéro intitulé Féminazie. L’an dernier, elle a débuté la tournée de son premier one woman show tout en co-animant l’Heure et Grave à Télé-Québec aux côtés de Guillaume Girard. Parfaitement bilingue, elle est aussi une habituée des scènes anglophones du pays.

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Aussi polyvalente qu’engagée, Virginie Fortin se sert de l’humour pour exprimer ses idées. Quant au métier de comédienne, il lui a permis de retrouver les joies du travail d’équipe. « Être humoriste c’est solitaire et j’aime être seule et réaliser mes idées. Mais je viens de l’impro et j’aime aussi être fière de mes coéquipiers. Trop a été pour moi l’occasion de retrouver le travail d’équipe et ça a été génial. Il y a quelque chose de vraiment beau dans le fait de voir autant de monde travailler dans la même direction. Ce que Marie-Andrée a écrit, des dizaines de personnes se sont données pour le réaliser », remarque la jeune femme.

Le texte : la matière première d’une bonne série

Comment est-ce qu’on interprète un personnage aussi complexe que celui d’Anaïs avec autant de justesse? Pour la comédienne, la réponse est claire, « le crédit revient à Marie-André Labbé ». « Le personnage était clair dans l’écriture. J’ai essayé de ne pas la juger comme l’autrice ne l’a pas jugée. Ça me touchait cette série-là, je ne voulais pas que ce soit trop gros. J’ai fait confiance à Louise Archambault et Chloé Robichaud pour l’intensité et j’ai fait ce qui était écrit. Ça a été très instinctif, très naturel », nous dit-elle. Comme quoi quand une série est bien écrite, le reste peut aisément suivre.

«Le personnage était clair dans l’écriture. J’ai essayé de ne pas la juger comme l’autrice ne l’a pas jugée. Ça me touchait cette série-là, je ne voulais pas que ce soit trop gros.»

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Trop s’inscrit dans la lignée des nouvelles séries québécoises qui se démarquent par une écriture plus réaliste, plus près de nous. Cette écriture passe non seulement par une plus grande diversité (sexuelle et culturelle) qui est non problématisée, mais aussi par des personnages et des dialogues savoureux. Marie-Andrée Labbé nous raconte toutes sortes d’histoires dans une seule : la résilience contagieuse d’Anaïs, Isabelle qui s’écrase sous la pression qu’elle se met elle-même, une famille qui doit composer avec la maladie mentale de l’un d’eux, des couples qui se créent, qui doutent et qui se dessoudent, etc. C’est une histoire de nouveaux départs et une manière rafraîchissante d’adresser le tabou de la santé mentale. Un défi de taille que l’autrice arrive à relever grâce à une combinaison magique de sérieux et de légèreté.

La troisième et dernière saison

Dans les deux premières saisons de Trop, on voit Anaïs et son entourage apprendre composer avec sa bipolarité. Dans la troisième, on est dans le « et après? ». Anaïs apprend que son identité ne s’arrête pas à un diagnostic, que malgré cette réalité parfois difficile, elle peut aussi aspirer à se réaliser elle-même. Cette possibilité, elle la doit en partie à son entourage empathique et tissé serré. Trop est aussi un beau témoignage de l’importance des liens solides lors d’une tempête.

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Pour Virginie, la fin de Trop est aussi une sorte de nouveau départ. « Anaïs était drôle, mais elle avait des grosses parts d’ombre. Je veux jouer encore et je n’aurais pas peur d’aller dans le dramatique », affirme-t-elle avec assurance.

Il n’y a pas à dire: on va s’ennuyer d’Anaïs, d’Isabelle et de toute leur bande de charmants personnages. Mais la bonne nouvelle c’est qu’en attendant la prochaine série de Marie-Andrée Labbé, il est possible d’aller rire et réfléchir — oui, un spectacle d’humour à la fois TRÈS drôle et engagé ça se peut — au spectacle Du bruit dans le cosmos de Virginie Fortin.