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Amour, handicap et Mara Tremblay
Je m’appelle Rose-Marie, j’ai 33 ans, je suis célibataire et handicapée. Je dis handicapée comme je pourrais dire végétarienne – mes excuses aux véganes, j’aime trop le fromage pour m’en passer – ou fan finie de Mara Tremblay. Mon handicap fait partie de moi, mais ce n’est pas tout ce que je suis. Il ne me définit pas. C’est cette nuance qui m’amène à vous parler de NOLU, l’application de rencontres destinée aux personnes handicapées qu’URBANIA présente dans un précédent article.
N’y cherchez pas mon joli minois. Je trouve qu’il s’agit d’un recul plutôt que d’une avancée, un bien triste repli sur soi.
J’ai peine à vous dire combien l’idée me rebute. Comprenez-moi bien, nul doute que l’intention est noble et si certaines personnes se sentent plus à l’aise de faire des rencontres dans ce contexte, grand bien leur fasse. Je ne prétends pas parler au nom de toutes les personnes handicapées. Je souligne aussi que les applis conventionnelles devraient adopter certaines caractéristiques de NOLU pour devenir plus accessibles. Néanmoins, n’y cherchez pas mon joli minois. Je trouve qu’il s’agit d’un recul plutôt que d’une avancée, un bien triste repli sur soi.
Une telle application encourage les personnes handicapées à rester entre elles, alors qu’elles doivent prendre la place qui leur revient dans la société. Je crois fermement que c’est en se mettant de l’avant et en participant aux modes de rencontres adoptés par la majorité qu’on peut faire évoluer les mentalités. Si les applications conventionnelles deviennent plus diversifiées et inclusives, tout le monde y gagne. Et plus le bassin est grand, meilleures sont les chances de rencontrer l’amour ou du moins ce qu’on cherche sur une appli. C’est quand même le but visé!
Une telle application encourage les personnes handicapées à rester entre elles, alors qu’elles doivent prendre la place qui leur revient dans la société.
Pour la petite histoire, j’utilise les applis conventionnelles depuis un peu plus d’un an et demi. Est-ce facile de séduire là-dessus quand on vit avec un handicap? Oh que non. Me suis-je déjà fait ghoster par un gars dès le moment où il a constaté que je suis un modèle à édition limitée? Souvent. Mais tout n’est pas si triste, rassurez-vous. J’ai aussi fait de belles rencontres. De l’ouverture et de la bienveillance, ça existe partout, y compris sur Tinder, Bumble et compagnie. Il faut seulement parfois être plus patient.e que la moyenne et surtout ne jamais perdre de vue sa propre valeur, car nous avons tous et toutes quelque chose de beau à offrir.
Si un gars glisse à droite sur mon profil, je veux que ce soit parce qu’il me trouve jolie, que ma bio savamment rédigée pique sa curiosité et qu’il a envie de me connaître, pas parce que nos handicaps sont compatibles. Le handicap doit faire le moins possible partie de l’équation pour qu’une relation saine et égalitaire se développe. Ensuite, comme n’importe qui, je souhaite que la magie opère.
Je vous ai dit que j’étais fan de Mara Tremblay. Mara, elle chante l’amour comme personne. Celui qui nous élève et celui qui nous déchire parfois. Handicapé.e.s ou pas, nous sommes dans le même bateau et nous rêvons de quelqu’un qui ferait danser les aurores, mais pour ça il faut mettre toutes les chances de notre côté et je ne crois vraiment pas qu’une application « adaptée » soit la solution.