Logo

Aller au cinéma à Rouyn-Noranda

Et trébucher sur du bien beau monde!

Par
Brigitte Hébert-Carle
Publicité

Mon cadran sonne à 4 h 45 du matin. Ouch. Subitement, je trouve ça tôt pour aller me perdre dans le nord, même pour un festival de films. Je m’habille rapidement et mon chum me fait un lift jusqu’à l’aéroport. Encore un peu endormie, je me fraye un chemin vers la porte d’embarquement, située dans les confins de Pierre-Elliott-Trudeau. L’aéroport, bien sûr, je ne parle pas de politique ici.

Descendre les escaliers roulants, monter les escaliers roulants, arriver au bout du monde : quatre petites portes d’embarquement m’attendent. Je suis seule, sauf une madame qui semble dormir là depuis qu’Andrew Scheer avait encore espoir de tasser Justin Trudeau de son trône. Bientôt, un homme s’approche et s’assoit un peu plus loin. Laurent Lucas is in the house. Mille questions sur la série Criminal me viennent en tête. C’est dans quelle ville, ce décor de salle d’interrogation qui sert à toutes les adaptations de la série du même nom?

Quelques minutes plus tard, Donald Pilon s’avance, cherchant visiblement son chemin. Son regard s’arrête sur le mien, source fiable d’informations (je me suis habillée en femme sérieuse). «C’est bien ici, la porte pour Rouyn-Noranda?», qu’il me demande. Oui, Donald, moi aussi j’y vais, c’est la porte 30, attendez qu’on vous appelle. Et bam! Anik Jean fait son entrée. Tu es ma piqûre, je suis junkie de toi résonne soudainement en boucle dans mes oreilles. Maudit, je vais avoir ça dans la tête jusqu’en Abitibi.

Publicité

Bien vite, André Forcier (qui vient présenter Les fleurs oubliées) et une foule d’amoureux du cinéma papillonnent d’enthousiasme et discutent du choix de films du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. Ça s’annonce vraiment chouette, à condition qu’y neige pas. Une pensée me vient alors en tête : j’espère que l’avion s’écrasera pas, sinon ma mort risque de passer vraiment inaperçue.

Une heure et vingt plus tard sur fond de magnifiques paysages d’îles et de lacs à perte de vue, on atterrit à Rouyn-Noranda. Dans la voiture conduite par un bénévole, je me retrouve aux côtés d’Audrey Diwan, réalisatrice française de Mais vous êtes fous, Pierre-Luc Lafontaine qui tient un rôle dans Une manière de vivre, film d’ouverture de Micheline Lanctôt, et Damien Bonnard, acteur français qui joue dans Les Misérables. Se sentir jet-set à Rouyn-Noranda, quand même. Je pense que c’est juste le début d’un nombre incalculable de rencontres fortuites.

Publicité

Comme Lisette Marcotte, réalisatrice du Dernier Nataq, documentaire sur Richard Desjardins. Selon elle, Richard Desjardins n’aurait pas créé de la même façon s’il ne venait pas de Rouyn-Noranda. Il y a un sentiment d’urgence et de survie qui anime les Abitibiens. Située entre le parc La Vérendrye et la frontière de l’Ontario, la région peut paraître isolée du reste du monde. Ses frontières l’empêchent de se développer physiquement, alors la population a trouvé le moyen de faire rayonner le coin autrement, entre autres par l’art. Ce foisonnement artistique traverse alors toutes les frontières.

Comme Dominic Leclerc, réalisateur du magnifique documentaire Les Chiens-Loups. Des élèves de l’école Notre-Dame, située dans le Vieux Noranda, apprennent une fable de La Fontaine par cœur, à travers un laboratoire théâtral et une démarche artistique participative. Ils présentent ensuite un exercice devant public, sous la supervision du comédien Alexandre Castonguay, qui tente de les plonger dans sa quête personnelle de liberté. La relève artistique de l’Abitibi s’annonce prolifique!

Publicité

Mon agenda des prochains jours est rempli, à commencer par la première mondiale du film de Micheline Lanctôt, en plus d’autres films, de brunchs, de soupers, d’entrevues et d’autres rencontres impromptues. Je saurai plus où donner de la tête, mais ça se fera à coups de nature et de cinéma. Y a quelque chose qui se passe ici.