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Alexandre Soublière appelle à la nuance

Par
Hugo Bastien
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C’est en parlant de politique américaine que les deux hommes ont commencé ce nouvel épisode des Bajada Dialogues. Ces deux hommes sont Jason Bajadaet son invité Alexandre Soublière, auteur, scénariste et directeur de création en publicité.

Rapidement, on entre dans le vif du sujet lorsque Jason demande à Alexandre : « Toi t’as un amour profond pour les États-Unis? » L’auteur s’empresse de lui confirmer qu’il a effectivement un intérêt particulier pour ce qu’il appelle « l’Empire ».

« Je trouve qu’ils ont une histoire, un mythe. T’sais en gros c’est l’Empire, en plus d’être nos voisins d’à côté. Donc de grandir nous à côté du géant, y a quelque chose qui fait en sorte que t’en fais pas tout à fait partie et ça permet un recul. Tu peux prendre ce que tu veux, et laisser le reste. »

Ces hauts et ces bas présents aux États-Unis, c’est ce qui fascine Soublière : le riche qui côtoie le pauvre, la place de la science et de la religion. Bref, les contradictions du Géant. Au-delà de ça, c’est l’utopie qu’on voulut créer les pères de la Constitution qu’il admire.

« Je trouve que des fois on les juge un peu trop. Ceux qui ont écrit la Constitution c’est des génies. Peu importe les trous qu’on pourrait y voir dedans. C’était vraiment l’idée inspirée des philosophes des Lumières, de créer une place où les humains seraient libres. »

LE MYTHE QUÉBÉCOIS

Ce mythe inventé et entretenu par la nation américaine manque au Québec, selon Soublière. Ou du moins, il semble s’être construit de manière un peu tout croche selon lui. Déviant la discussion sur le référendum et la Révolution tranquille, l’auteur revient sur ce rendez-vous manqué avec l’Histoire.

« Comme la Révolution tranquille, elle a été tranquille justement, on n’a pas eu de cassure pour réécrire nos mythes. On a eu une révolution oui, mais culturelle et non politique. Y a eu plein de bonnes affaires là-dedans, mais mon questionnement avec ça c’tait de me demander si on s’était plutôt créé une identité de boomer, un peu forcée. »

Pour lui, le Québécois a le nez trop collé dans son présent et oublie une partie de son passé : « l’épopée du Canada-Français ça remonte à bien plus longtemps que l’époque des fleurs et des signes de peace de la Révolution tranquille. »

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CONTRADICTIONS ET NUANCES

En lisant ces lignes, peut-être que certains d’entre vous furent choqués, et c’est normal. Jason et Alexandre arrivent à la conclusion qu’ils aiment surtout créer une réflexion chez l’autre, ayant de la difficulté à entrer dans une « case politique ».

« Quand je suis avec des gars corporate je deviens ultra à gauche et quand je suis avec du monde un peu extrême gauche, là je reviens de droite. Et avec les echos chambers des réseaux sociaux ça fait juste créer plus de division », raconte Jason avant de poursuivre. « Ça nous manque la nuance. Et j’ai l’impression que les nouveaux médias amènent cette nuance-là. Ça devient populaire parce que les gens sont plus nuancés qu’on pense. »

Ils se rejoignent lorsque vient le temps d’aborder leur dédain pour le « croit ou meurt ». Alexandre refuse de s’afficher à un seul courant de pensée et a de la difficulté à comprendre que les gens ne voient pas les contradictions dans leurs propres croyances.

« J’ai de la misère à rentrer dans les dogmes. Je trouve ça un peu drôle qu’il existe des personnes que si je connais leur position sur les armes à feu, je puisse ensuite prédire celle qu’elle pense sur l’avortement. On s’entend que y a vraiment aucun lien entre les deux! Si tu voulais en tirer une logique, ce serait vraiment difficile. »

Cette « fluidité idéologique » et les incongruités qui viennent avec, c’est ce qu’il a abordé dans son livre La Maison Mère, un « essai-fiction » qu’il a écrit en réfléchissant à l’identité du Québec et posant la question à 1 million : « Vu qu’on l’a pas fait cette révolution-là, est-ce qu’on voulait vraiment la faire? »

Cette question qui dérange, Alexandre n’a pas de problème à la poser.

Pour entendre Jason Bajada et Alexandre Soublière tenter de répondre à ce questionnement, en plus d’aborder des sujets comme la parité homme-femme, l’équité salariale et le polémiste Jordan Peterson, écoutez le dernier épisode des Bajada Dialogues sur Apple et Spotify

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