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Akena Okoko aka KNLO, auteur jusqu’au bout des doigts

Discussion avec le rappeur au sujet de sa première publication littéraire, Sainte-Foy.

Par
Pier-Luc Ouellet
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Akena Okoko, aka KNLO Craqnuques, est un producteur reconnu en plus d’être selon moi l’un des meilleurs rappeurs au Québec.

Mais quand on dresse sa feuille de route, il faut maintenant ajouter une nouvelle ligne: auteur.

En effet, Akena a lancé avant les Fêtes Sainte-Foy, un recueil de courts textes (il préfère qu’on utilise « nouvelles » plutôt que « poèmes » ) qui racontent sa jeunesse, passée à Sainte-Foy et à Montréal.

Je me suis entretenu avec lui pour parler de sa nouvelle vie d’auteur.

Pourquoi devenir auteur?

Pour KNLO, la réponse est simple: il n’est pas devenu auteur. Il l’a toujours été.

« [Écrire], c’est un amour qui remonte à il y a longtemps. Quand j’étais début vingtaine, j’écrivais des petits textes que j’envoyais à quelques amis par courriel, c’était ma façon de publier.

C’est un peu le continuum de ce que j’ai toujours fait, c’est quelque chose qui était en attente, qui était latent ».

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D’ailleurs, en tant que rappeur, il est déjà appelé à écrire constamment… même si ce n’est pas le même processus.

«C’est différent. [L’écriture littéraire], on y revient un petit peu plus. Dans la musique, personnellement, j’écris beaucoup dans des élans d’improvisation. Je suis des fois très frileux à retravailler le texte, à enlever le souvenir du moment de création.

Ça reste le même esprit: s’asseoir et écrire.

Mais tout ce qui est là-dedans est un fait vécu, j’essaie de ne pas raconter n’importe quoi. Il y a seconde étape; même si c’était ludique l’écriture et tout ça, j’ai essayé d’écrire sans trop me casser la tête, j’ai quand même fait quelques appels à des amis, pour être sûr que je ne disais pas n’importe quoi».

En effet, Sainte-Foy agit en quelque sorte comme un récit biographique, la vie d’un homme en quête de sa voie racontée en courtes bribes poétiques. Audrey, ma collègue d’URBANIA, me racontait avec délice reconnaître dans Sainte-Foy les blocs oranges de la rue Maricourt de son enfance passée en (presque) banlieue de Québec.

Il y a là de quoi faire un pèlerinage pour les disciples du rap québ’.

Rêver des verses ou vérifier ses vers

Akena m’explique que sa démarche artistique est donc différente entre les deux médiums. Quand il écrit du rap, il se permet une écriture beaucoup plus immédiate et automatique. On entend d’ailleurs dans son oeuvre musicale ce côté parfois surréaliste rempli d’images et d’urgence.

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L’écriture littéraire est différente: « C’est plus posé, ça décolle un peu moins. C’est une vue de quelqu’un qui a les deux pieds sur l’asphalte et qui regarde, beaucoup plus que la vue de quelqu’un qui essaie de naviguer l’univers ».

Et ce passage du rap à une écriture classique, est-ce un saut qui lui a fait peur? Akena Okoko ne semble pas de ceux qui évoluent dans la crainte: « Non. C’est drôle, tu me poses la question, j’ai pas pensé à ça. Pour moi. ça feelait comme quelque chose de cohérent, c’est pour ça que je l’ai fait à ce moment-là. Je sentais que c’était cohérent avec tout ce que je faisais et l’environnement dans lequel je suis déjà ».

Pourquoi écrire?

Il reste une question fondamentale: pourquoi écrire? Quelle pulsion la publication d’un livre lui permet-elle d’assouvir qui ne pouvait pas être satisfaite par le rap?

Par sa carrière de musicien, en solo ou avec Alaclair Ensemble, Akena a la chance de côtoyer beaucoup de jeunes, faisant la tournée d’établissements scolaires du primaire à l’universitaire.

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Akena Okoko a eu l’impression que son récit de jeune fils d’immigrant congolais ayant grandi à Ste-Foy pourrait résonner chez ces jeunes. En fait, à la base, Okoko pensait publier Sainte-Foy sous forme de récit jeunesse, mais le plan a été révisé par la suite.

Mais qu’à cela ne tienne; plusieurs professeurs du secondaire ont dit à l’auteur qu’ils feraient étudier Sainte-Foy à leurs élèves.

D’ailleurs, quel message voudrait passer KNLO aux jeunes immigrants installés au Québec? « La force du groupe, man. Surtout avec le paradigme technologique d’aujourd’hui qui fait qu’il y a moyen de passer à côté des ressources véritables que sont une communauté. Il faut se créer rapidement un réseau, le plus possible ».

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