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Aimer avoir soif

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J’ai eu mon lot d’histoires, cette année et l’an dernier, de prises de bec à cause de l’ignorance et de la paresse intellectuelle.

J’ai foi en l’être humain et en ses capacités et pencherai toujours en faveur de la grandeur de son esprit plutôt qu’en la bassesse de ses vices et de ses travers. Ceci est une invitation à aimer avoir soif.

Il existe peu de choses dans la vie qui me font autant vibrer que le fait d’être fasciné. Que ce soit par un documentaire, par un vieil historien barbu fumant la pipe ou par les cotes d’écoute de l’émission «Occupation Double», j’adore me sentir petit et comprendre en une fraction de seconde que je ne sais rien du tout de la vie.

J’ai la chance d’avoir des parents qui ont grandement participé à mon émancipation, au moment où j’en avais le plus besoin. Enfant, Maman me crinquait l’estime et me défendait peu importe la situation alors que Papa me faisait visiter les quatres coins de la province en plus des musées, des salles de spectacle et des plus jolies bibliothèques de la ville. On avait aussi de longues discussions philosophiques sur à peu près n’importe quoi. Disons que mon enfance a été beaucoup plus cool que celle d’Eminem. C’est pas donné à tout l’monde d’avoir un background familial tel qu’on peut le retrouver dans une annonce de Danone et je remercie l’univers chaque fois que j’le peux, d’avoir pu bénéficier d’une famille avec une aussi grande ouverture d’esprit.

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Maintenant, à 26 ans, je suis encore curieux et j’ai toujours soif d’apprendre. Je réfléchis constamment et je questionne à peu près tout. Les gens, les choses, les situations. Je veux savoir. J’dis ça sans prétention. J’suis comme ça et ça ne me donne aucune valeur supplémentaire. C’est un « feature », pas un « plus-value ».

Ça me fait découvrir un tas de choses mais ça me complique autant la vie que pourrait le faire une sacoche de trop grande taille pour une fille. (Pour vrai fille, on s’en va à l’épicerie, qu’est-ce tu calices avec un fer à friser là-d’dans ?) Je suis gossant, tellement je pose des questions à n’importe qui, tout l’temps.

J’ai du respect pour ceux qui savent, ceux qui ont lu beaucoup, ceux qui ont expérimenté, ceux qui ont vécu. Pour ceux qui ont plus d’années de vie que j’ai de souvenirs. Aussi pour ceux qui ont su sortir des sentiers battus et qui ont défié la norme. Je pense à Einstein, Dali, Nietzsche, Alfred Jarry, Coluche, pour ne nommer que ceux-ci.

D’un autre côté, logiquement, j’ai horreur de l’ignorance et du refus d’apprendre, toutes générations confondues. Je sais aussi que tous les gens ne sont pas curieux ou qu’ils n’ont pas tous soif de se renseigner mais il me semble qu’il relève de l’humilité de s’avouer, à un moment ou à un autre, que l’on ne sait pas. (En référence à Socrate et l’ironie). N’importe qui peut faire ça.

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Ça me frappe de plus en plus quand je lis des commentaires ou des points de vue, surtout sur les médias sociaux, à propos de sujets d’actualité. J’ai l’impression que les gens sont experts en tout et qu’ils sont surconfiants de leur point de vue. On affirme, fort, que l’on sait ce qui est vrai et juste, à tous les coups, sur tout.?

On a tous déjà fait ça. Je l’ai fait, souvent. J’étais tellement emporté par mon sentiment de fierté dû au fait que je pensais savoir et tout d’un coup, PAF, un instruit débarque et me montre que j’ai tort. Au début, comme tout humain, lors d’une contradiction, mon orgueil en prenait un sale coup. Il est difficile d’avouer que l’on a tort, mais c’est important.

Il faut se tromper, dans la vie. J’trouve que même aujourd’hui, les gens ne le savent pas assez. Même les plus brights. On vit toujours sous l’emprise de la performance et ça semble être le concours de celui qui dort le moins ou qui fête le plus. Des fois, faut savoir s’avouer moins fort que la vie.

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J’pense que c’est bon dans tout. Faut avoir soif, faut vouloir se tromper, faut avoir envie de se péter le nez dans un mur et de recommencer ensuite. Il ne faut pas avancer prudemment en hésitant, il faut prendre notre existence par surprise.

Probablement que ce billet pourrait se classer dans la filière «philosophie à 5 cennes » mais il m’a fait le plus grand des biens de partager avec vous l’attitude que j’ai envie d’adopter par rapport aux années que j’ai devant moi. Humble et fasciné.

Wow, j’suis aussi crinqué qu’une p’tite grosse avec un t-shirt de chat qui vient de finir d’écouter « It’s My Life » de Bon Jovi. J’ai chaud.