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Abolissons les klaxons!

Par
Frédéric Guindon
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Ce matin, malgré la multitude de sujets chauds auxquels j’aurais pu m’attaquer, j’ai choisi (encore une fois), de m’en prendre au buffet froid et de le réchauffer un peu au four micro-ondes.

Hier, les étudiants du Québec en entier sont descendus dans la rue pour crier leur mécontentement face à la hausse des frais de scolarité annoncée par notre légendaire gouvernement Charest. Qu’ils aient raison ou pas n’est pas le moteur de mon intervention aujourd’hui.

Ce que je retiens, c’est que, dans les hauteurs du gratte-ciel vertigineux qui abrite les modestes bureaux de l’équipe Urbania, la clameur étudiante qui parvenait jusqu’à nos oreilles n’était qu’un bruit de fond. La véritable trame sonore de cette manifestation a été, pour nous comme pour des milliers de Montréalais, le bourdonnement assourdissant des hélicoptères patrouillant les cieux du centre-ville.

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C’était assez fort pour empêcher toute rigueur intellectuelle, tout calcul sérieux, toute élucubration mentale. Crisse que je déteste le bruit! J’en parlais déjà dans mon premier article sur ce blogue.

Alors, mes hommages aux étudiants, vous avez fait une bien belle manifestation hier, mais aujourd’hui, je me fais plaisir : je pars en croisade contre la pollution sonore.

Le fait d’habiter sur une rue très passante est peut-être un irritant qui me rend plus sensible, et c’est vrai, si je ne suis pas content, je n’ai qu’à déménager. Mais les deux exemples que je vais raconter n’ont rien à voir avec ce qui se passe devant mon pas-de-balcon.

Hier soir. 18H45. Je marche sur la rue Masson pour acheter deux ou trois bidules pour le souper. Sur une rue perpendiculaire, je vois passer une voiture qui traîne une petite remorque. Quelques instants plus tard, les voitures qui la suivaient se mettent à ralentir…puis à s’immobiliser, entravant ainsi la circulation sur Masson. Que s’était-il passé? Le gars avec la remorque avait tout simplement voulu tourner dans une ruelle, mais à cause de la remorque, la manœuvre s’était avérée plus complexe que prévue.

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Jusque là, tout allait bien, mais un taxi est arrivé comme un chien dans un jeu de quilles, a essayé de se faufiler dans des espaces qui n’existaient pas, puis s’est mis à klaxonner. TAAAAAA GGGUUUEUEUEUEUELE! Le fait de klaxonner n’aide en rien le pauvre bougre coincé avec son trailer. Au contraire! Ça lui fout de la pression, ça énerve les trois ou quatre autres automobilistes qui attendaient patiemment, et surtout, ça fait chier des dizaines de résidents qui n’ont rien à voir dans cette situation et qui sont occupés à écouter Un Souper Presque Parfait (#uspp). Le son du klaxon n’a pas cette vertu téléportative qui pourrait faire en sorte qu’à la réception de cette rutilante musique, un objet s’élève dans les airs et se déplace dans un endroit que la personne qui l’a activé juge adéquat.

Autre exemple. Il y a presque dix ans. Sur le pont Jacques-Cartier, en direction de la rive-sud. Il est à peu près six heures du matin et je pars en vacances avec ma copine de l’époque. On s’en va en Gaspésie et je ne suis nullement stressé.

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Sur le tablier du pont, la circulation s’alourdit puis s’interrompt. Devant nous, un petit monsieur, de fluo vêtu, agite un drapeau nous signalant la présence de travaux routiers. Et ils sont évidents : un gros appareil dont j’ignore le nom déplace de grosses choses dont j’ignore le nom. J’ai l’air de ne rien connaître, mais je sais que ça travaille fort et que c’est compliqué. Alors, j’attends. Patiemment. Une minute, deux minutes, cinq minutes…Qu’est-ce que je peux y faire de toute façon? Appeler Jean Charest pour qu’il appelle son Ministre des Transports pour que celui-ci appelle le responsable de ce chantier pour que celui-ci appelle le contremaître pour que celui-ci dise à son employé d’ouvrir le chemin?

Croyez-moi, si j’avais le numéro de téléphone de Jean Charest….

Toujours en est-il qu’après un bon cinq-dix minutes d’attente, ce qui devait arriver arriva. Les klaxons derrière moi ont commencé à manifester leur désarroi. Gang de caves! Non seulement je devais attendre la fin des travaux, mais en plus, je devais endurer le vacarme désagréable des vingt-douze crapets-soleil qui pensaient pouvoir boucher un trou dans le Pont-Jacques-Cartier avec des ondes sonores. L’attente a duré un autre dix minutes (toujours sous le son des criards qui rugissent), puis la route fût finalement praticable.

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La persistance des automobilistes rapides sur la gâchette à tintamarre n’a aucunement aidé qui que soit à accélérer ce processus qui ne pouvait durer que le temps ça prend à l’exécuter du début à la fin.

Bon, je comprends que le klaxon puisse avoir des utilités occasionnelles. Par exemple, sur l’autoroute, situation d’angle mort louche, changement de voie, petit coup de klaxon pour éviter la catastrophe, ça va. Mon titre « Abolissons les klaxons » se voulait accrocheur, mais il était exagéré. Par contre, en milieu urbain, n’y aurait-il pas moyen de trouver une astuce permettant de limiter l’usage du klaxon?

Je suis peut-être encore grimpé dans un moulin à vent, mais avec les sirènes de stationnement l’hiver, les béciques à gaz, les charrues, les freins-moteur et les discos mobiles, ça commence à faire pas mal…(Avant que quelqu’un ne me le mentionne dans les commentaires: Oui, je peux tolérer les pompiers/ambulances/polices)

KLAXONNEZ SI VOUS ÊTES D’ACCORD!

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Au pire, je déménage à Délirouna, là où y’a jamais de bruits fatiguants…