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Abandons d’animaux : le jour de la marmotte
Des étagères vides dans les épiceries, le papier toilette comme denrée rare, autant d’attente à la SQDC qu’aux urgences : on l’a vu, le début de cette crise a été marqué par une course folle dans les magasins. Même la SPCA n’a pas été épargnée. Dès les premiers jours, on assistait à un grand nombre d’adoptions. Peur de la solitude ou occasion parfaite pour consacrer du temps à un animal de compagnie, toutes les raisons étaient bonnes pour agrandir la famille.
Et alors qu’on vient de fêter la Saint-Jean, une autre fête marque l’été au pays : la fête du Canada. Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu’au Québec c’est à coup de boîtes de déménagement qu’on célèbre notre « fierté » canadienne (or not). Ce n’est pas une surprise non plus, cette période vient de pair avec la triste réalité des abandons d’animaux de compagnie.
Mais cette année, avec l’engouement pour les adoptions pandémiques, doit-on s’attendre à un taux d’abandon plus élevé? Est-ce que 2020 nous offre un cocktail particulièrement explosif? C’est ce qu’on est allé demander à Élise Desaulniers, directrice générale de la SPCA à Montréal.
Adieu animal
Il fait doux ce matin à la SPCA. Élise Desaulnier m’accueille avant l’ouverture et je me retrouve plongée dans cette fourmilière hyper organisée où même les masques ne bloquent pas les sourires.
«Il y a des gens dont le logement a été repris, des situations de violence conjugale où la femme quitte son mari, mais ne trouve pas de logement abordable qui accepte son chien!»
« On a toujours cette image de la personne qui abandonne qui est un sans-cœur ou quelqu’un qui n’avait pas planifié ses choses. » Pour Élise Desaulniers, la réalité est bien plus complexe et la plupart des gens qui doivent se départir de leur animal sont pleins de bonnes intentions : « il y a des gens dont le logement a été repris, des situations de violence conjugale où la femme quitte son mari, mais ne trouve pas de logement abordable qui accepte son chien! ».
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Les abandons ont déjà commencé en grand nombre ici, mais la directrice générale assure que le problème est intimement lié au taux d’inoccupation très bas dans les logements montréalais et aux propriétaires réticents à accepter les animaux. Les adoptions COVID des derniers mois ne sont donc pas à blâmer.
«Les gens qui abandonnent en ce moment ce ne sont pas les gens qui ont adopté au mois de mars, c’est vraiment des gens qui n’arrivent pas à trouver un logement qui accepte leur animal.»
« Les gens qui adoptent par exemple pour Noël ou pour un anniversaire, c’est pas tant sur un coup de tête, c’est juste le petit coup qui a les poussés à faire le move. Les gens qui abandonnent en ce moment ce ne sont pas les gens qui ont adopté au mois de mars, c’est vraiment des gens qui n’arrivent pas à trouver un logement qui accepte leur animal. »
Une campagne a été lancée par la SPCA en avril pour encourager les propriétaires à faire preuve de compassion envers ces familles qui ont un animal. Si ça a peut-être changé l’attitude de certains propriétaires, Élise Desaulniers doute que le mouvement soit généralisé et déplore l’inaction de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) « je pense qu’ils s’en foutent un peu. »
Gérer le trafic
Avec les lois sur la distanciation sociale et la santé publique, impossible cette année pour la SPCA d’organiser des journées d’adoptions. « Il y a des choses qu’on a apprises pendant la pandémie qui vont beaucoup nous aider dans les prochaines semaines », m’explique Élise Desaulniers.
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Elle me fait visiter les cages où chats, chiens, pigeons et lapins me regardent avec de grands yeux. S’il y a la place cette année pour que les félins aient droit à des cages doubles, des « deux et demi », blague Élise, c’est que l’organisme a dû apprendre à gérer l’achalandage différemment.
La SPCA a adopté de nouvelles tactiques pour s’assurer que les animaux rentrent au même rythme qu’ils sortent. Ça veut dire accueillir au refuge uniquement les animaux qui en ont le plus besoin (ceux qui sont blessés par exemple). Ensuite, les adoptions se font sur rendez-vous seulement. Pour le reste des orphelins, d’autres options sont priorisées : trouver une famille d’accueil pour l’animal avant même que celui-ci arrive au refuge par exemple.
Abandonné dans son coin-coin
Dans la salle d’examen, on croise un bébé canard au bec abimé. Encore une fois, le masque et les gants ne sont pas un frein à la tendresse de l’employée qui s’occupe de lui. Mon cœur fond un peu.
Dans les prochains jours, les animaux abandonnés en bonne santé feront l’objet d’annonces qui seront mises directement sur le site web. On pourra donc procéder à l’adoption alors que les animaux sont encore dans un foyer. Ce processus permet notamment d’assurer que le taux d’achalandage du refuge reste bas.
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On dirait que je suis rentrée à la SPCA ce matin en pensant aux gens qui abandonnent leurs animaux. J’en suis sorti en réalisant que ce sont les gens qui s’occupent d’eux après qui comptent.
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