Logo

À qui profite le crime?

Publicité

Le VP d’une des plus grandes firmes de génie-conseil au monde vient d’avouer que sa compagnie a contribué illégalement aux caisses électorales des plus grands partis politiques québécois. Dans les dernières années, un million de dollars auraient ainsi été versés au niveau provincial. Combien d’argent cela a-t-il permis à cette firme d’aller chercher?

À combien s’élèvent les surfacturations et le favoritisme des compagnies d’ingénierie civiles québécoises?

« Le risque de ne pas le faire était important» a dit M. Yves Cadotte, Vice-Président chez SNC-Lavalin, envoyé au bûcher de la Commission Charbonneau.

En mai dernier, son collègue vice-président Riadh Ben Aïssa, après 27 ans de loyaux services, était emprisonné par la justice suisse pour corruption, escroquerie et blanchiment d’argent.

SNC-Lavalin n’en est pas à ses premières frasques.

Publicité

Il y a un mois, des soupçons de corruption en Algérie ont aussi commencé à planer sur ce géant de l’économie québécoise. Un consultant « aurait aidé SNC-Lavalin à obtenir des contrats d’une valeur de près de 1 milliard de dollars avec la Sonatrach, société pétrolière algérienne d’État, en échange de pots-de-vin non encore évalués ». Dans l’enquête du Globe and Mail qui a révélé l’affaire, on parle de 200 millions versés.

Début février, c’était le nouvel ex-PDG de Lavalin, Pierre Duhaime, qui faisait face à des chefs d’accusation de complot, de fraude et d’usage de faux document.

On ne compte plus les scandales. Une histoire liée à une surfacturation de centaines de millions en Inde ou encore des liens avec Khadafi.

À Montréal seulement, un avocat de la Ville déclarait aujourd’hui que la firme aurait réussi à surfacturer pour 8,5 millions de dollars durant la période 2004-2009.

Publicité

Si les personnes en charge de ces méfaits sont ou pourront être poursuivies, quelle est la responsabilité de la firme comme entité morale dans toutes ces tractations? Combien d’argent a-t-elle réussi à gagner avec l’ensemble des contrats liés à ses contributions politiques dans tous les paliers du gouvernement?

Ne devrait-il pas au moins rembourser l’équivalent de l’argent recueilli, en plus des pénalités d’usage?

À plus de 14 000 points, le Dow Jones bat des records. C’est la joie sur les marchés. Les fusions se suivent une après les autres. Cinq ans après le crash de 2008, le navire est à flot. Qu’en a-t-on retenu? Certains intouchables de l’économie ne peuvent tomber au risque de faire chuter tout le système.

Si des pénalités trop grandes envers SNC-Lavalin risquent de nuire à l’ensemble de l’économie québécoise, comment envisager une pénalité à la hauteur des infractions commises?

Sans parler de nationalisation, la réponse se trouve peut-être dans la propriété. Parlons en termes qui seront compris et calculons les pénalités en actions de l’entreprise.

Publicité

SNC-Lavalin vaut environ 15 milliards de dollars à la TSX ces jours-ci. La Caisse de dépot en détient déjà 6 % et ne veut pas les lâcher. Combien d’actions valent les centaines de millions de dollars de contrats obtenus suite à ces « investissements » politiques? 10 %, 25 %, 50 % des parts?

Si on tente encore de nous fourrer, on aura au moins une bonne partie des bénéfices dans nos poches.

Twitter: etiennecp

Photo: plans du CUSM