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À la recherche du vandale électoral de Saint-Michel (et de son message)
Alors que la campagne électorale municipale s’est confortablement installée dans notre automne, la métropole est à nouveau tapissée de visages charismatiques aux promesses incertaines. Dans l’interstice d’une course à la mairie jusqu’ici sans rebondissement, un événement insoupçonné a récemment bousculé le paysage du boulevard Saint-Michel.
Est-ce un acte militant, un cri prophétique, l’œuvre d’un.e hurluberlu.e? Dans le quartier, les gens ignorent tout. La presse n’est pas encore sur le coup. Devant l’inconnu, j’ai entamé une quête à mes risques et périls, ne sachant guère dans quelle spirale de mystère je m’engageais.
L’investigation commence à l’angle de Jarry et Saint-Michel. À travers les élèves qui attendent l’autobus, j’aperçois une affiche du parti Ensemble Montréal barbouillée. Rien de bien étonnant. Au coin opposé, une autre pancarte arbore les mêmes cicatrices caractéristiques. J’avance sur Saint-Michel direction nord. Une troisième, une quatrième, toutes similaires.
Le modus operandi est presque toujours identique : raturer les noms, biffer d’un X les visages et inscrire « CLONE » ou « CLONE SYNTHÉTIQUE » sur la largeur de l’enseigne.
Selon l’activiste au Sharpie, l’ex-maire Denis Coderre n’est pas compétent ni passionné ou efficace (comme l’indique ses pancartes), il est un clone synthétique.
Consumé par l’adrénaline, j’ai suivi la piste du vandale, documentant chacune des attaques. À ma stupéfaction, le parcours s’est étalé sur 2,5 kilomètres, où j’ai répertorié un total de 86 affiches profanées. Un volume aussi impressionnant que paranoïaque.
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Selon l’activiste au Sharpie, l’ex-maire Denis Coderre n’est pas compétent ni passionné ou efficace (comme l’indique ses pancartes), il est un clone synthétique. Le message prend au dépourvu. À une époque dévorée par la désinformation et le complotisme tous azimuts, la mythologie du clonage détonne.
Est-ce une façon de condamner le conformisme politique, un cri d’alarme contre une nouvelle branche de reptiliens, la résurgence du mouvement raëlien, l’oeuvre d’une milice concernée par le transhumanisme, d’un.e artiste tagueur ou d’un band de new wave du nom de Clone Synthétique? Les avenues sont infinies.
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L’offensive s’étale autant sur les deux trottoirs que sur le terre-plein, de la rue Jarry au boulevard Industriel. Quartier Montréal, Mouvement Montréal, Ensemble Montréal ou Projet Montréal, nul parti n’est à l’abri. La mairesse, Balarama et même les candidats et candidates de Montréal-Nord ont tous été ciblés. Très peu ont été épargné.e.s.
Selon l’échantillon recueilli, les affiches d’Ensemble Montréal ont davantage été calomniées (62 %). Faut-il y voir une opération ciblée ou est-ce plutôt une question de synchronisme d’affichage? Les hauteurs semblent rebuter notre vandale et la publicité plastique de l’équipe Coderre est souvent plus accessible. Nous n’avons pas affaire à un géant.
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En cherchant des informations sur le terme clone synthétique, j’apprends que celui-ci n’est pas propre au lexique scientifique. Le clonage est soit naturel, comme le bouturage et les jumeaux identiques, ou artificiel, tels Dolly la brebis et Jurassic Park. Alors quels sont les indices au potentiel d’offrir des pistes d’interprétation? Tentons une approche en quatre arguments.
1. En soumettant l’échantillon à une rapide analyse calligraphique, l’étude de la lettre E semble traduire que l’œuvre entière est la réalisation d’une plume unique. L’idée d’une cellule d’action peut être écartée.
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2. L’œil droit des candidats est directement ciblé à cinq reprises. Une attention aussi particulière doit être justifiée. Dans l’imaginaire du Dictionnaire des symboles, on peut lire la définition suivante : « Traditionnellement, l’œil droit correspond à l’activité et au futur, l’œil gauche à la passivité et au passé. » Notre lanceur d’alerte prend donc position face aux menaces du futur, en dépit d’une allégeance idéologique précise.
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3. L’un des indices les plus énigmatiques et récurrents (sept reprises) est la présence d’un dessin filiforme inscrit près du conseiller du district de Saint-Michel Josué Curvil. Est-ce une partition musicale, une structure d’ADN, l’échelle du pouvoir, la possibilité d’une vague Ensemble Montréal, un message en morse?
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Qui aurait cru que le clonage s’immiscerait ainsi dans la campagne de l’arrondissement?
4. Le mot « ENSEMBLE » du camp Coderre est entouré 11 fois, surtout dans la partie nord du quartier, là où la pratique du vandale se fait plus raffinée. Le terme autant encerclé est-il un appel à l’unité devant le danger du clonage, une façon de secouer une collectivité à l’agonie? Est-ce que Denis est le candidat qui nous protégera contre les clones synthétiques?
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Une affiche près de Louvain offre un indice aussi obscur que rafraîchissant. On peut identifier l’inscription « CODE » pointant Ensemble Montréal. Le code génétique, criminel, source? Le code d’une énigme, d’un grand puzzle? Tant d’interrogations pour si peu de réponses.
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Des paramètres comme la dent noircie (quatre reprises) ou l’irrégularité du nombre de points d’exclamation ne semblent pas des clés de lecture essentielles. Une facette qu’il faut également soulever, c’est la détermination de la démarche, la discipline dans la sérialité, l’arrogance de la multiplication. Notre protagoniste est habité d’un sens inquiétant du devoir.
Qui aurait cru que le clonage s’immiscerait ainsi dans la campagne de l’arrondissement? Le boulevard Saint-Michel est le terrain d’une lutte aux contours encore flous. Si ces candidats sont des clones, où sont les originaux? Notre démocratie municipale est-elle en sécurité? Et si c’était un message du futur nous avertissant d’une catastrophe imminente? Le mystère demeure opaque.
Si le phénomène s’est déplacé dans votre quartier ou que vous possédez des informations sur le sujet, n’hésitez pas à me contacter au [email protected]!
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