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À la recherche du meilleur (et du pire) menu des fêtes
J’aime la malbouffe.
Tout d’abord, parce que ça goûte bon. Ensuite, parce qu’il s’agit d’une de nos dernières grandes expériences mono-culturelles. Nos algorithmes peuvent raconter ce qu’ils veulent, on a tous un resto de malbouffe au coin de notre rue et ce sont à quelques détails près tous les mêmes. Peu importe si vous êtes héritier d’une fortune familiale ou « à la recherche de votre prochaine opportunité de carrière », on est tous égaux devant un Big Mac.
C’est certain que le temps des Fêtes et la restauration rapide ne vont pas nécessairement de pair dans l’imaginaire collectif.
Ça n’empêche cependant pas les géants de la malbouffe de ressentir la magie des Fêtes, eux aussi. Parce que les gens sont plus « dinde » que « Grand Papa Burger », une fois le 14 décembre passé.
J’ai donc décidé de partir à la recherche des meilleures (ou pires) saveurs des Fêtes dans le merveilleux monde de la restauration rapide. L’important c’est qu’il y en ait! On est tous dans les boutiques au mois de décembre. On pourrait tous prendre quelques minutes pour déguster un petit quelque chose qui nous aide à nous mettre dans l’esprit des Fêtes, sans casser notre petit cochon.
Mais seriez-vous mieux servis par votre Joyeux Festin habituel?
Première étape: l’enquête de terrain
Pour trouver un menu des Fêtes, il faut tout d’abord en chercher un.
La fois alimentaire de la Place Montréal Trust n’est pas allègrement décorée, mais on y trouve tout de même quelques pépites. Parmi elles, le McDonald’s de l’endroit offre le désormais célèbre (et très bon) McFlurry à la canne de Noël. Pour ceux et celles qui ne l’ont jamais essayé, c’est une valeur sûre. C’est pas très excitant, comme proposition, mais les saveurs se mélangent bien, malgré la texture qui rappelle un peu le beurre de pinottes croquant. Un gros 7/10, mettons.
Le KiosQ café, deux étages plus haut, suggère un « menu hivernal » qui n’est techniquement pas à thématique des Fêtes, mais un latte au pain d’épices, moi, j’appelle ça une petite douceur de Noël. Leur mocha à la menthe ne doit pas être piqué des vers, non plus.
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Ce n’est pas particulièrement surprenant, mais l’offre de gastronomie festive est majoritairement centrée autour des breuvages et des desserts. Les effluves de tourtières ne se marient peut-être pas très bien avec celles du Whopper.
Parlant du Whopper, Burger King aurait pu se forcer, mais est-ce qu’ils se sont déjà forcés pour quelque chose, à part nous donner le va-vite? Un gros zéro pour le manque d’enthousiasme.
Le Café Van Houtte offre quant à lui un « trio festif ». Vous savez, là où l’on va parfois chercher du café quand on est ben mal pris, mais où l’on ne mange jamais? Vous pourrez y déguster, pendant tout le mois de décembre, un réconfortant combo soupe, sandwich, café… ou pas. Il faut vraiment croire en la magie de Noël pour manger là-bas. S’il y a bien une chaîne de resto qui pouvait se permettre d’oser un peu plus, il me semble que c’est en plein le Van Houtte.
Imaginez, un trio cipaille, chez Van Houtte! On jase, là.
Rien chez Orange Julius. Rien non plus chez Krispy Kreme, du moins côté saveurs. Oui, ils ont des beignes aux couleurs de Noël, mais, selon moi, ce n’est pas assez pour se mettre dans l’ambiance des Fêtes.
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À ce stade de mon enquête, j’étais un peu découragé.
Sauf qu’en sortant de ma trotte inquisitive dans le Montréal souterrain, je suis tombé sur la providentielle succursale du Tim Hortons, située au coin Sainte-Catherine et Saint-Urbain. On parle encore de desserts, ici, mais leurs beignes et cafés au Baileys (SANS ALCOOL, comme c’est écrit très gros dans leur campagne) sont, selon moi, LA saveur des Fêtes, en 2023.
C’est peut-être pas une grosse année pour la gastronomie de Noël, mais le mélange harmonieux de la costarde et de la saveur chocolatée du Baileys me rappelle les digestifs qui accompagnent les parties de cartes un peu pompettes (mais pas trop) du 25, au soir, avec mon oncle Armand. Regardez ça, comme c’est beau!
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Le Baileys, c’est un goût très particulier qu’on associe à des souvenirs précis. Par contre, le café tombe un peu sur le cœur, à la longue. Je ne l’ai pas fini.
Néanmoins, bien joué, Tim Hortons! Vous me rendez quand même un peu fier. Un gros 8,5/10 pour l’ensemble de votre offre.
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Deuxième étape: mais l’offre, elle? Elle ressemble à quoi?
J’ai beau avoir l’impression d’avoir fait le tour des options principales, au centre-ville de Montréal, je suis certain d’être passé à côté de quelque chose d’exceptionnel.
J’ai donc décidé d’analyser l’offre des 25 chaînes de restauration rapide préférées des Québécois et j’ai trouvé… pas grand-chose, honnêtement.
Nonobstant les douceurs au Baileys du Tim Hortons et le légendaire McFlurry à la p’tite canne de Ronald, le plus bel item festif que j’ai trouvé est… la poutine de Noël d’Ashton! Oui! Oui! Vous l’avez gagnée, celle-là, Québec.
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Bon, pas que la recette soit particulièrement compliquée, ni même audacieuse, mais une simple garniture de poivrons rouges, verts et d’oignons suffit à transformer une douceur québécoise traditionnelle en petit bonheur pour la saison festive. Un bon 7,5/10 pour la créativité!
C’est ça, l’esprit des fêtes!
Sinon, Saint-Hubert offre le « Régal des fêtes », un repas bien conventionnel comprenant une mini-tourtière accompagnée d’une portion de ketchup aux fruits et d’une pointe de tarte au sucre. Le ketchup aux fruits, c’est une belle touche. Ça fait très « cadeau non sollicité de matante Irène».
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Parce qu’une partie souvent sous-estimée de Noël, c’est d’avoir à manger des choses qu’on aurait jamais imaginé, juste pour faire plaisir à des gens qu’on aime, mais qu’on ne voit pas souvent.
Est-ce que l’offre du Saint-Hubert aurait pu être plus audacieuse? Selon moi, la chaîne de rôtisseries aurait pu faire un Tim Hortons d’elle-même et mettre à son menu le ragoût de pattes de cochon ou les shots de chartreuse. Un 5/10 parce que le statu quo, c’est pas excitant.
Pour les autres, Wendy’s offre une pâle copie du McFlurry à la canne, PFK a son sandwich festif qui n’a pas grand-chose de festif. Sinon, c’est pas mal ça. Sushi Shop offre un gros crisse de plateau de sushis pour les réunions de famille. La plupart des commerces misent par ailleurs sur ce type d’offres pour nourrir les rassemblements, mais pas n écessairement sur de la bouffe à thématique des Fêtes.
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Il est où, l’esprit de Noël, il est où? Si cette quête a une conclusion à offrir, c’est qu’on ne peut pas l’acheter, ni même se l’offrir entre deux tâches stressantes, à moins de tripper beaucoup trop sur les desserts.
Le capitalisme aura réussi à tout commodifier, sauf peut-être ça. Il faut y mettre du sien. Parce qu’il faut d’abord le voir pour le faire apparaître autour de nous.