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À la porte

Par
Kéven Breton
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C’était mon projet le plus ambitieux depuis la fois où j’ai essayé de cuisiner une lasagne végétarienne (ce fut d’ailleurs un échec).

Tout a commencé en novembre dernier lors d’un 5 à 7 avec les merveilleuses gens d’URBANIA. Je revenais d’un beau voyage en Europe et j’habitais à Montréal depuis à peine six mois. Le temps suffisant pour revenir sur Terre.

C’est que je revenais de voir Lyon, où le métro est entièrement accessible. D’admirer Londres avec ses commerces et lieux touristiques pratiquement tous accessibles. J’étais ébloui de constater comment certaines de ses antiques villes réussissaient à arrimer la notion d’accessibilité à celle d’architecture patrimoniale. Ce qui m’a le plus rebuté à mon arrivée à Montréal, c’était son réseau de transport. J’étais heureux d’y aménager afin de pouvoir abandonner ma voiture au profit du transport collectif. À Namur, j’empruntais le bus matin et soir pour me rendre à mon travail sans aucun pépin. J’ai vite constaté que ce ne serait pas possible ici (je vous ai déjà expliqué pourquoi ici et )…

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Une bière dans le nez, je raconte ça aux gars de Portraits de Montréal que je venais tout juste de rencontrer. Je leur explique que je vais devoir rentrer chez moi en taxi ou à pied, en raison des bus et du métro inaccessibles.

J’ai compris que beaucoup de personnes ne sont en fait tout simplement pas au courant de toutes ces injustices vécues par les personnes à mobilité réduite. Pour toutes sortes de raisons. Parce qu’avant un certain mouvement de désinstitutionnalisation, dans les années 1960, on cachait les personnes handicapées. Elles vivaient en marge de la société. Ou parce qu’encore aujourd’hui, on ne les voit pas dans les médias. Parce qu’elles vivent souvent sans emploi, parce qu’elles n’ont pas toujours la force ou la santé suffisante pour sortir dans la rue manifester. Et parce que ces citoyens et citoyennes ne sont pas du tout représentés dans la sphère politique.

Pour sensibiliser la population, au-delà des statistiques, on a voulu mettre un visage sur l’inaccessibilité à Montréal. Pour se faire, on a donné rendez-vous à 68 personnes devant les stations de la STM, pour qu’elles nous racontent comment elles sont affectées par le manque d’accessibilité du métro.

La récolte a été excellente et on se retrouve aujourd’hui avec 68 photos et histoires, sous forme d’anecdotes du quotidien, de frustrations de tous les jours, qui témoignent de différents problèmes. La puissante collection dépasse de loin le problème d’accès au transport; les portes infranchissables ne sont pas seulement souterraines, au Québec, elles sont aussi devant les écoles, devant les commerces, devant les bureaux de vote, etc.

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On est très heureux maintenant de pouvoir présenter le projet, sous forme d’exposition virtuelle, lors d’un lancement qui aura lieu en juin. Ce sera aussi l’occasion pour les personnes présentes de se procurer des cartes postales à l’effigie des participants dédiées au gouvernement. Il y aura aussi une pétition à signer pour que le Québec se dote, comme la France ou l’Ontario, d’une loi-cadre pour l’accessibilité universelle. L’action de légiférer ne promet pas toujours des résultats, mais elle permet au moins de fixer certains objectifs clairs : L’Ontario veut être accessible d’ici 2025. La France d’ici 2020. Au Québec? Aux calendes grecques. Maintenant, on peut faire pression pour que ça change.

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