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8 choses à arrêter de dire aux petites filles

8 choses à arrêter de dire aux petites filles

8 commentaires à ne pas faire en ce 8 mars (et tous les autres jours de l’année).

Par
Brigitte Hébert-Carle
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Dans les années 1960, mes grands-parents avaient une shop de couture. Ils vendaient des boxers à des magasins comme Croteau, l’ancêtre de l’Aubainerie. Ma grand-mère Rachel s’occupait de tout : les deals avec les clients, la gestion des couturières, les payes. C’était elle qui faisait rouler la business pendant que mon grand-père bizounait sur les machines à coudre, mais elle n’avait pas le droit de signer un chèque sans son autorisation.

Le 8 mars est la Journée internationale des droits des femmes. En cette journée, on en profite pour souligner les nombreuses avancées qui ont permis à notre société d’être un peu plus égalitaire… tout en gardant en tête que de nombreux combats sont encore inachevés. Question de se donner une longueur d’avance, pourquoi ne pas donner l’exemple à nos enfants et ce, dès leur plus jeune âge?

Parce que parfois, certaines phrases qui semblent innocentes peuvent avoir un impact profond sur la façon dont une petite fille se perçoit. Les mots ont un pouvoir qu’on ne soupçonne pas; repensons donc à notre façon de parler!

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Voici donc 8 exemples de commentaires à éliminer de notre vocabulaire quand on interagit avec des tout petits.

1. T’es belle.

Complimenter l’apparence, c’est bien, mais c’est aussi important de souligner d’autres qualités comme l’intelligence, l’humour ou la créativité.

Qu’on le veuille ou non, complimenter les enfants sur leur apparence sous-entend qu’on accorde y beaucoup d’importance. En effet, plus on commente le physique de notre enfant, plus on l’encourage à construire son estime de soi autour de cette caractéristique.

Est-ce que ça signifie qu’on ne peut pas dire à notre fille ou à notre nièce que ses lulus ou son t-shirt de la Reine des neiges lui vont bien? Non.

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Le but n’est pas d’évacuer tout compliment en lien avec le physique. Plutôt, il s’agit de doser les commentaires afin que les enfants grandissent en étant bien dans leur peau.

2. Sois une gentille petite fille.

Selon une étude de l’Université Stanford, pour qu’une femme soit désirable, on s’attend à ce qu’elle soit chaleureuse, loyale et heureuse. Comme les parents veulent généralement que leurs enfants soient acceptés par la société, ils ont tendance à renforcer ces stéréotypes. Ainsi, les filles sont encouragées à faire preuve de calme et de patience alors qu’on tolère que les petits garçons soient agités et brassent de l’air.

En encourageant une émotion en particulier, comme la gentillesse, on insinue sans le vouloir que les jeunes filles devraient être aimables tout en risquant de développer chez elles le syndrome de la gentille fille, qui se définit par une peur de décevoir, une envie de prioriser les besoins des autres et de vouloir faire plaisir à tout prix.

3. Le hockey, c’est un sport de gars.

Ces dernières années, le hockey féminin a connu un véritable essor et un nombre croissant de jeunes filles s’intéressent de plus en plus à notre sport national. Malgré les matchs de la Victoire de Montréal qui attirent des foules record, les petites filles qui s’intéressent au hockey se heurtent encore trop souvent au regard désapprobateur de certains.

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Au même titre que le ballet n’est pas réservé aux filles, le hockey n’est pas réservé aux garçons. Plutôt, laissons aux filles l’occasion de rêver de devenir la prochaine Marie-Philip Poulin.

4. As-tu un petit chum à la garderie?

À l’âge préscolaire, c’est tout à fait hors propos, voire carrément étrange de s’intéresser au statut matrimonial des petites filles.

Tant pour les filles que pour les garçons, à cet âge, les concepts d’amour et d’amitié sont encore flous et en constante évolution, et c’est bien correct comme ça.

Selon Naître et Grandir, c’est souvent l’entourage qui donne une connotation amoureuse aux relations des enfants en leur demandant s’ils ont des amoureux ou amoureuses. Avec ces questions, on leur « fait croire que c’est normal d’avoir un chum ou une blonde à son âge et que c’est ce qu’on attend de lui ». Toutefois, nos enfants parlent d’amoureux ou d’amoureuse simplement parce qu’ils « aiment » leurs amis. On peut donc se calmer le pompon avant d’inscrire notre enfant de 5 ans à OD Chypre.

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5. Elle va en briser, des cœurs!

J’ai beaucoup de difficulté à comprendre comment on peut valoriser le fait qu’une fille brise le cœur des autres plus tard. Pourquoi ne pas plutôt l’inspirer à avoir des relations amoureuses saines et durables, fondées sur le respect et la confiance, plutôt que de collectionner les cœurs brisés?

Pourquoi valorise-t-on la notion de « jouer avec les sentiments des autres » au lieu de promouvoir des relations sincères et épanouissantes, où chacun se sent respecté et aimé pour ce qu’il est?

6. Tu portes encore une robe de princesse?

Peut-être qu’elle adore la robe de princesse pour les paillettes et les couleurs, ou peut-être que c’est simplement parce qu’elle se sent à l’aise dans ce vêtement qui lui permet de bouger librement. Quoi qu’il en soit, il n’est pas nécessaire de toujours souligner ou analyser le choix vestimentaire des petites filles.

D’autant plus que s’affirmer par ses choix vestimentaire permet d’apprendre à l’enfant à établir ses limites, ce qui lui servira plus tard, par exemple, pour dire à l’autre qu’il est dans sa bulle ou qu’on n’aime pas comment il nous parle.

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Ce qui compte, c’est que les petites filles soient confortables dans leurs vêtements, qu’elles puissent s’exprimer à travers leurs choix et se sentent libres d’explorer leurs goûts, même si certaines combinaisons de couleur peuvent parfois provoquer une cécité temporaire chez leurs parents.

7. Quand est-ce que tu te fais percer les oreilles?

On peut-tu s’entendre que c’est pas quelque chose qui presse, mais alors là pas du tout? Le choix de se faire percer les oreilles ou non est avant tout une décision personnelle. Imposer de telles pratiques ou suggérer qu’elles sont nécessaires pour être jolie exerce une pression inutile sur les filles.

D’ailleurs, si certains parents ont tendance à croire qu’il est préférable de faire percer les oreilles tôt pour que l’enfant ne ressente pas trop de douleur, sachez que c’est tout à fait faux.

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8. Plus tard, tu seras une bonne maman.

Il y a une distinction entre avoir un côté maternel et être une « bonne maman ». La personne qui émet ce commentaire veut probablement dire que la petite fille est attentionnée, empathique, douce et aimante, mais pourquoi ne pas simplement valoriser ces qualités, sans les associer systématiquement à la maternité?

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Vouloir ou non avoir des enfants est un choix personnel qui mérite d’être respecté. Il est essentiel que les filles sachent qu’elles sont libres de choisir leur propre destinée, de poursuivre leurs passions, leur carrière, ou d’autres aspirations.

En cette Journée internationale du droit des femmes, encourageons l’individualité, les rêves et la liberté d’expression des jeunes filles. Ma grand-mère n’aura jamais connu ma fille, mais elle l’aurait certainement incitée à explorer toutes les possibilités sans s’imposer de limites. Parce que ma cocotte, au moins, n’aura besoin de l’autorisation de personne pour ouvrir un compte à la banque ou pour signer un chèque!