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5 sorties posthumes qui valent le détour

Pas besoin de jouer au Ouija pour entendre des nouveaux morceaux de votre band préféré.

Par
Guillaume Mansour
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Quand Let It Be est sorti en 1970, les Beatles s’étaient séparés depuis déjà quelque temps. En fait, même l’album Abbey Road, sorti un an plus tôt, mais enregistré après Let It Be, avait été conçu dans l’idée où tout était terminé pour le quatuor. On parle souvent de momentum en musique, de zeitgeist, du pouvoir de l’ici et du maintenant. Pourtant, la musique sortie en décalage d’avec la vie d’un band ou d’un artiste ne perd en rien de son intensité ni de sa pertinence.

Let it be n’est peut-être pas le meilleur album des Beatles, mais il soulève quand même assez bien cette question : que nous reste-t-il d’une incarnation musicale après sa disparition? La liste qui suit se veut une méditation sur le pouvoir de la musique posthume. Comme dirait Cher : Do you believe in music after life? ou de quoi dans le genre.

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Camille Saint-Saens – ou donner un cours de zoologie après sa mort.

Si sa Symphonie No. 3 «avec orgue» ou sa Danse macabre ont ému les coeurs de son vivant, l’oeuvre la plus marquante de Saint-Saëns reste peut-être le posthume Carnaval des animaux, enfilade de pièces légères, colorées et immédiatement accrocheuses. Les morceaux du Carnaval étaient-ils trop grand public pour le compositeur, devenu plus austère vers les dernières années de sa vie? Ce qui est certain, c’est que Le cygne ou Aquarium font désormais souvent office de porte d’entrée vers la musique classique pour les jeunes et les moins jeunes.

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Big Star – ou quand une étoile ne finit jamais complètement de s’éteindre.

Big Star est peut-être le groupe le moins chanceux de l’histoire de la musique rock. Les deux premiers albums du projet mené par Alex Chilton ont été confectionnés avec toute l’attention et la minutie du monde. Pourtant une mauvaise relation avec le label et des lancements bâclés empêchèrent le groupe de briller à sa juste valeur. Quand Alex entre en studio pour une dernière fois en 1978, il a déjà un peu tiré la plug. Les pièces de Third-Sister Lover sont d’une mélancolie légendaire et l’album, sorti plusieurs fois sous des formes provisoires après la dissolution du groupe, gagne peu à peu un statut mythique avant sa sortie définitive en 2016.

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Arthur Russel – ou faire des gâteaux avec des miettes

World of Echo est le seul album à proprement parler sorti durant la vie d’Arthur Russel, violoncelliste à forte inclinaison expérimentale. L’artiste, incapable de se résoudre à publier ses oeuvres, n’a pourtant pas chômé avant sa disparition en 1992. Pour satisfaire son côté avant-gardiste, il collabore avec de grands noms tels que Philip Glass et Steve Reich. En tant que membre actif du nightlife new-yorkais, il produit également de nombreux hits disco champs gauche, sous des avatars aussi divers que Dinosaur L et Indian Ocean. Quand Calling Out of Context, compilation de pièces inédites, est publié en 2004, Russel est redécouvert par une masse critique de mélomanes. Son nom figure désormais au panthéon des génies de son époque.

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J Dilla – donner la vie sur son lit de mort

Donuts, album phare du beatmaking à l’américaine, sort trois jours seulement avant la mort de son créateur, J Dilla. The Shining, quant à lui, arrive dans les bacs plus tard dans l’année, au moment crucial où le talent du producteur de Détroit est enfin universellement reconnu. Des collaborateurs de renoms tels que Busta Rhymes et D’angelo apposent leurs rimes sur des pistes inoubliables. De l’au-delà, Dilla Dawg persiste et signe : ses constructions musicales réussissent haut la main le test du temps.

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Pour plus d’informations sur J Dilla, vous pouvez également lire ce texte de mon collègue sur l’artiste, afin de comprendre l’impact qu’il a eu sur la production hip-hop.

Stereolab – des restants qui restent longtemps

Je triche un peu pour cette album, puisque Stereolab vient d’annoncer tout récemment, des années après son apparente dissolution en 2009, qu’il repartait en tournée mondiale. Not Music est un album de restants, mais pas n’importe lesquels. Les morceaux qui ne se sont pas hissés sur le pénultime Chemical Chords se retrouvent éparpillés sur ce témoignage posthume. Stereolab a toujours fonctionné en dehors des formes traditionnelles, accumulant de nombreux EPs, compilations, B-side et albums collaboratifs qui justifient totalement une oeuvre de la trempe de Not Music. Est-ce qu’avec cet album, le projet nous entonne un (faux) chant du cygne?

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Et au Québec? Savoir enterrer (la tête de ) son Autruche

Connaissez-vous Autruche? Le quintette a su épater en douce lors de prestations mémorables au festival Coup de coeur francophone ou à CISM. Un son pas très loin des Strokes ou de Rage Against the Machine, mais une dégaine littéraire absolument queb caractérise le projet qui, avouons-le (et n’ayons pas peur des jeux de mots), est un peu mort dans l’oeuf. L’album La mort est un chien triste est sorti cette semaine, bien après la fin du groupe. Ceci dit, il n’y a pas de mauvais moment pour découvrir un nouvel oiseau dans le paysage musical émergeant, même si cet oiseau a vraisemblablement confondu une fenêtre avec un ciel dégagé.

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