C’était la première représentation hier d’un opéra rock assez ambitieux merci, signé par les Hôtesse d’Hilaire. Avec la collaboration du Théâtre du futur (la compagnie derrière la fameuse trilogie du futur), le spectacle mettait en vedette les Hay Babies, Anne Frances Mayer, en plus du band lui-même et d’une brochette d’acteurs. Entre les quatre murs du Club Soda, l’intensité était à son paroxysme et la sueur se faisait sentir.
Ce n’est évidemment pas la première fois qu’un projet rock décide d’en mettre plein la vue. Des scénographies hallucinantes, des performances enlevantes, des mises en scène plus étonnantes les unes que les autres; tous les moyens sont bons pour épater le public.
Au-delà des classiques The Wall de Pink Floyd ou The Lamb Lies Down on Broadway de Genesis, voici une poignée de shows mémorables qui ont établi de nouveaux standards en matière de « spectaculaire ». On vous averti tout de suite : ça pétarade.
Talking Heads — Stop Making Sense
L’air de rien, le show concept du band mythique commence sur une note plutôt modeste : un stéréo cassette et une guitare acoustique, un David Byrne seul sur un stage sans décor ni artifices. Puis, de chanson en chanson, l’espace est aménagé, les musiciens s’installent, le son prend de l’ampleur. Une véritable mise en scène se déploie progressivement, instiguée par l’imaginaire d’un groupe qui pense en dehors des conventions. Choristes, percussionnistes, grosses tounes, on assiste finalement à l’un des plus beaux crescendo de l’histoire du rock and roll.
Green Day — American Idiot
On connaissait les punk rockeur pour la musique d’un Dookie assez accrocheur merci, bien que très niaiseux (à l’image de tout le punk rock qui s’est fait à cette époque). 2004 marque un tournant pour le groupe, avec un album qui s’est révélé assez ambitieux merci. Suivant un concept digne d’une comédie musicale, les chansons relatent l’histoire de Jesus of Suburbia et de ses déboires dans une Amérique répressive. Le leader de Green Day, Billie Joe Armstrong, a toujours été clair : cet album prendrait tout son sens une fois sur les planches. Et c’est exactement ce qui est arrivé, en version Broadway. Au-delà des cheveux en spike teints en noir et du eye-liner, l’opéra-rock-emo du trio a marqué les imaginaires.
Metallica — S&M
Si on avait demandé aux fans moyens de Metallica au moment de la sortie du Black Album s’ils aiment la flûte traversière, peu d’entre eux auraient répondu : « oh que oui, j’en veux direct dans les oreilles ». C’est pourtant des mélopées de violons, des envolées de timbales et des coups de triangle qu’ils ont reçus en plein visage lors de leurs concerts en version symphonique à la fin des années 90. Une idée relativement inédite à l’époque, mais qui a fini par faire beaucoup de petits, comme le prouve le succès des grands concerts pop de l’OSM.
Les Smashing Pumpkins — Le show de clown
Le band de Billy Corgan n’était pas encore à son apogée (apogée qui est arrivé uniquement suite à la calvitie totale du leader), pourtant la fanbase devenait de plus en plus nombreuse et assoiffée de voir le projet live. Comment alors monter la barre et dépasser les attentes? Apparemment, quelqu’un quelque part s’est dit « Tout le monde aime les clowns » et l’idée a fait mouche. Une armée de clowns, tous plus espiègles les uns que les autres, s’est aventurée sur le stage de ce concert légendaire du début des années 90. Une idée simple, un succès instantané, et beaucoup, beaucoup de souliers oversize.
Johnny Cash — Live at Folsom Prison
Parfois c’est la mise en scène qui fait toute la différence, parfois, c’est le contexte. Après quelques années plus creuses dues à des problèmes de dépendance, Johnny Cash reprend finalement le contrôle sur sa vie et décide de relancer sa carrière. En 1968, il répond aux demandes des prisonniers de la Folsom prison après des lettres répétées de leur part et produit un concert dans les murs de l’établissement mentionné dans sa chanson homonyme. Le spectacle est un prétexte à un enregistrement live, sorti la même année, une idée de génie qui redonne ses lettres de noblesse à l’artiste et un document incontournable pour quiconque s’intéresse à l’art du spectacle.