Hubert Proulx lance demain son premier album solo! Le comédien, que l’on connaît autant pour sa présence à la télé qu’au théâtre, mais qui fait aussi de la danse à ses heures, a trouvé le temps de pondre 10 chansons à travers tout ça. URBANIA a voulu savoir quelle place prenait la musique dans sa vie en 5 questions et 5 chansons (ou plutôt 5 chansons x 2)!
Ce que Hubert Proulx pense…
… de la musique comme exutoire
Quand je fais de la musique sur scène, je trouve qu’il y a quelque chose qui me branche immédiatement avec le public, ça touche droit au coeur, ça peut nous transporter loin, très loin. En tant qu’artiste, ça vient me chercher dans ma connexion la plus profonde. Atteindre les gens de cette manière, c’est unique à la musique. Il y a une poésie dans la musique : tu peux tout à fait accrocher à une mélodie avant de comprendre les paroles, qui vont y ajouter une autre dimension par la suite, quand tu vas t’y attarder. Je trouve aussi que c’est très peu hiérarchique comme forme d’art. En fait, mon ambition c’est d’aller chercher les bourgeois et de les toucher.
… du succès
J’ai un drôle de rapport avec le succès. Oui, je suis ambitieux, mais ce n’est pas exactement la même chose que de rechercher le succès. On est dans une époque où on insiste beaucoup sur l’accomplissement de soi, mais une fois que tu t’es accompli individuellement, il te reste quoi? En misant tout sur ça, on a perdu le sens de la communauté. C’est un peu ça que je critique dans la chanson Stuck in Full Bloom. Qu’est-ce qui est le plus important? Le succès? Moi je considère plutôt que le rapport avec l’autre, c’est un grand privilège de la vie.
… du mélange des genres
En travaillant l’album, j’étais vraiment dans un mode de création où je ne me limitais à rien. Comme comédien, on doit répondre aux demandes des réalisateurs ou des metteurs en scène. Alors en mettant mes habits de musicien, je voulais sortir de ça, je n’avais pas envie de me cloitrer dans un style en particulier. J’ai toujours été pour le métissage et de savoir qu’on a accès à toute sorte de musique, je trouve ça beau! Sur l’album, oui on trouve du blues, du punk, du folk, mais ce qui m’intéresse au fond, c’est de la musique qui a de l’âme et ça, on peut le trouver autant dans le punk que dans le blues.
… de Steeven (son frère, victime d’un AVC, avec qui il a écrit la chanson Vidanges)
Lorsqu’il a fait son AVC, mon frère a perdu plusieurs de ses facultés cognitives. Il avait des pertes de mémoire et il était très nostalgique, notamment de son ancienne blonde qu’il réclamait. Je lui ai souvent demandé : comment tu te sens? Et lui me répondait avec des images très fortes. La phrase « je me sens comme un vieux botch qu’on jette par une fenêtre de char », c’est lui qui me l’a dite et il m’en a dit plusieurs autres que j’ai transformées en chanson. Mon frère a toujours été quelqu’un de rock’n’roll, pas nécessairement toujours dans le bon sens du terme. N’empêche, c’est de lui que je tiens mon sens de l’humour, ma résilience aussi. Il a connu plusieurs périodes difficiles dans sa vie, on l’a souvent senti absorbé par sa mélancolie. Et pourtant, il a une rage de vivre enfouie en lui! Il a eu deux traumatismes crâniens et chaque fois, il a survécu. Chaque fois, il voulait vivre, furieusement. Cette dualité, elle est très forte chez lui.
… de la liberté en création
En musique, je ne fais aucun compromis, c’est essentiel dans ce que je veux raconter. Les seules contraintes que je m’impose, ce sont des contraintes techniques. Dans Roma Carnivale [le groupe de gipsy-punk dont il faisait partie et qui s’est dissout il y a quelques mois], on était 10 sur scène. Plus jamais je ne vais faire ça! D’une part, je veux qu’on puisse se payer quand on est en show, mais c’est aussi que je me suis rendu compte que quand on est une plus petite formation, on a une meilleure présence sur scène. Je me souviens d’une fois où on devait aller jouer à New York, mais la moitié du band a été retenue aux douanes. On a été obligé de se démerder à quatre sur scène et ça a été notre meilleur show. Autrement, j’ai fait ce que je voulais sur l’album, autant dans le style de musique, que dans la longueur des tounes. Cet album-là, on peut dire qu’il est né parce que j’avais une urgence de créer.
On a demandé à Hubert Proulx de nous faire une playlist de 5 chansons. Généreux, il nous a plutôt proposé 10 titres qui l’habitent.
On suit Hubert Proulx ici.
Et on l’écoute là.