C’est sous un fond de Troisième Guerre mondiale que débute Avant qu’on explose, comédie « adulescente » qui prend l’affiche dès aujourd’hui dans de nombreux cinémas de la province. Le long métrage raconte l’histoire de Pier-Luc, un jeune homme sentant la fin du monde approcher à grands pas et qui se lance dans la quête de perdre sa virginité avant de possiblement mourir. Bref, un mix entre Superbad et Le jour d’après qui a piqué la curiosité de bien des gens, dont la nôtre.
Histoire d’en apprendre un peu plus sur l’oeuvre, nous nous sommes entretenus avec Eric K. Boulianne, scénariste du film, pour avoir son opinion de la quête de la virginité, ainsi que ses suggestions musicales sur lesquelles se faire dépuceler!
5 questions
Comment avez-vous réussi à manœuvrer dans le genre « film d’ado » sans tomber dans les clichés?
En fait, on est complètement tombés dans les clichés, pour ensuite essayer d’aller au-delà, de les détourner. Je n’ai aucun problème avec les clichés. Dans toutes bonnes comédies d’ados, il y a des partys, des blagues de cul, une histoire d’amour, un jock un peu dummy, une femme d’expérience qui apprend des choses au protagoniste… Au final, ça fonctionne pour une raison. Après, comme on était le 1000e film d’ados à sortir cette année dans la cinématographie mondiale, c’était important d’apporter notre couleur à tout ça et de mettre quelques twists pour surprendre les spectateurs. L’essentiel, c’est de faire les choses avec sincérité et de s’amuser. Pis je peux vous dire qu’on s’est amusé beaucoup.
C’est rare qu’il se fasse des films du genre au Québec, avec un humour que je qualifierais peut-être « d’immature » par moment. Comment vous anticipez la réaction du public à une proposition comme ça qu’on voit peu?
C’est certain qu’on avait un peu peur. De prime abord, ça peut avoir l’air d’un remake queb d’American Pie et c’était pas ça l’objectif. Dans la foulée de #metoo par exemple, c’est certain que c’est pas le genre d’image que tu veux avoir: une comédie border misogyne qui focalise sur des jokes de graines. Après, on s’est posé beaucoup de questions par rapport au scénario pour être certains qu’on ait pas l’air de dire n’importe quoi, de n’importe quelle façon. On deal avec des sujets sensibles et le réalisateur, Rémi St-Michel, a eu l’intelligence de me challenger sur beaucoup de choses au scénario. Ce qui fait que oui, on avait peur que ça parte en couille et que les gens prêtent des intentions au film sans le voir… Mais on était quand même confiants de pas être juste des criss de caves.
Question Ghostbuster : serait-ce possible d’imaginer la même intrigue avec des filles comme personnages principaux? Qu’est-ce que ça changerait au film?
C’est une excellente question à laquelle il est bien difficile de répondre… J’imagine que ça aurait changé des affaires. J’aurais tendance à dire que la pression de perdre sa virginité pour un gars est davantage ancrée dans LA SOCIÉTÉ. Pour une fille, le clichée c’est plus de la préserver. Donc, je pense que ça aurait été très intéressant d’aller au-delà de ça pis de montrer des filles qui veulent absolument perdre leur virginité. En fait, ça a été fait avec le film Cockblockers, qui est vraiment drôle et rafraichissant. Je pense aussi à l’excellent film Turn me on goddammit qui aborde la sexualité féminine d’un angle tellement cru et déstabilisant. Sinon, plus proche de nous y a Charlotte a du fun qui n’a vraiment pas eu assez d’exposure ici et qui est, pour moi, le meilleur scénario québécois depuis belle lurette. Bref, je pense que ça aurait changé des affaires pis ça aurait été fort pertinent, mais c’est pas ça qu’on a fait.
https://www.youtube.com/watch?v=7QXdr9ZWHGs
Je voulais parler de mon point de vue, de comment j’avais dealé avec cette pression-là de perdre ma virginité et à quel point c’est absurde de stresser avec ça quand on est ado. C’était plus sincère dans ma tête. Une amie m’a demandé dernièrement ce que j’aurais aimé changer dans mon scénario aujourd’hui et j’avoue que ça aurait été le fun de mettre un perso féminin dans le trio principal. Ça aurait amené un point de vue différent et plus rassembleur. On apprend, que voulez-vous.
Pourquoi selon vous la société met-elle autant de pression sur les jeunes hommes pour la perte de leur virginité?
Ça remonte à des millénaires et c’est profondément toxique. Ça va être difficile de shaker ça, mais bon… Je pense déjà que collectivement on travaille à améliorer notre vision d’un VRAI MÂLE. Je ne saurais pas dire pourquoi c’est de même, des traditions ancestrales de pères qui amenaient leurs gars dans des bordels, parce que dans leur tête, c’était ça l’ultime passage à l’âge adulte : venir après 4 secondes en zignant avec quelqu’un dont tu te fous éperdument. J’ai pas vraiment de réponse, mais c’est wack, mettons.
Avec le recul, qu’est-ce que vous diriez à l’adolescent que vous étiez à l’époque concernant votre sexualité et votre quête de dépucelage?
Je dirais exactement ce qu’on essaie de dire dans le film… De prendre ça relax, que toute va ben aller. Que dans le fond, ce désir là de baiser, ça découle d’une angoisse par rapport à devenir mature, à grandir et que l’important c’est bien plus de trouver des personnes pour se réconforter par rapport à nos angoisses, parce que tout le monde capote en pensant au futur, à l’inconnu… Ça, on se le dit pas assez. Le film a été fait pour répondre à l’adolescent que j’étais à l’époque, donc pour avoir une réponse plus détaillée, vous pouvez payer votre MAUDIT BILLET COMME TOUT LE MONDE! (joke)
5 chansons
En terminant, peux-tu nous nommer 5 chansons sur lesquelles vivre sa première fois?
Her Majesty des Beatles
On va pas se leurrer, souvent la première fois, ça se passe pas nécessairement comme on voudrait et l’extase tant attendue arrive un peu trop rapidement… Quant à ça, une belle petite toune short and sweet de 27 secondes, ça peut faire amplement la job.
Maggot Brain de Funkadelic
Parfois, c’est le contraire et ça devient interminable pour le/la partenaire (ne soyons pas hétéronormatifs). Alors, j’ai choisi une chanson pas mal longue avec un solo de guitare qui pue le cul. J’étais un peu jaloux de voir que Gaspar Noé l’avait choisie pour sa scène de trip à 3 dans Love. Grosse track de sexage.
Fifteen de Taylor Swift
15 ans, c’est pas mal l’âge «commun» auquel mon entourage a perdu sa virginité (sondage hyper scientifique). La track rend pas très horny, mais reste que c’est sincère par rapport au feeling qu’on peut avoir à 15 ans, quand le vie s’ouvre à nous, qu’on vit ses premières amourettes, que le «grand moment» approche et que c’est donc ben stressant tout ça cibole. En tout cas, moi cette chanson-là me calme, même à 34 ans.
Cherry Bomb des Runaways
C’était important de mettre une track qui aborde la sexualité féminine de manière bien «empowering», parce que, même en musique, mis à part quelques exceptions, on jase souvent de sexe au masculin. Cette chanson-là, elle rock en sacrement, pis hey, c’pas plate non plus que la première fois soit un peu plus kinky. «Hey, street boy, want some style? Your dead end dreams don’t make you smile. I’ll give you something to live for. Have and grab you until you’re sore.» Pas un mauvais programme.
Tonight’s the night (gonna be alright) de Rod Stewart
Cette chanson-là peut paraitre un peu wrong selon les standards d’aujourd’hui… Mais après, c’est fort possible que la première fois se passe avec quelqu’un qui n’en est pas à son premier barbecue… Pis, d’entendre Rod te dire que toute va b’en aller, que t’as pas à t’inquiéter, j’imagine que ça peut être un peu rassurant, tout en étant aussi un brin creepy… Mais y a personne qui a dit que la première fois ça allait être 100% awesome (emoji de bonhomme qui shrug).
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