Quand on est artiste, c’est normal de vouloir régler ses comptes à travers une chanson. Non seulement c’est un processus cathartique extraordinaire, mais ça permet d’impliquer vos fans, de leur raconter votre version de l’histoire ou juste de chier sur vos ennemis dans un million d’oreilles.
Bien sûr, le « fuck you » musical est vieux comme le monde. Il en existe des centaines, certains plus subtils et d’autres un peu moins. J’en ai choisi cinq pour vous, parmi les plus mémorables. Ce ne sont pas nécessairement les plus extrêmes (à part le dernier), juste cinq qui valent la peine d’être décortiqués. J’ai également essayé de ne pas prendre JUSTE des tounes de rap, parce que 1) ça aurait été facile de trouver cinq « fuck you » légendaire juste dans le milieu du hip-hop et 2) Y a d’autres manières de dire « fuck you » à quelqu’un que de juste dire fuck you.
Justin Bieber — Love Yourself (2015)
Meilleure insulte : My mama don’t like you and she likes everyone.
Contexte : Bien que le beau Justin ne l’ait jamais confirmé, c’est un secret de polichinelle que Love Yourself est à propos de Selena Gomez. Bieber et elle ont eu une relation « on/off » tumultueuse et ultra-médiatisée de 2010 à 2015. Ni l’un ni l’autre n’était dans une relation sérieuse à l’époque.
Bien sûr, la chanson pourrait être à propos d’une blonde imaginaire. Elle a été co-écrite par Benny Blanco et Ed Sheeran. Mais les pointes sont très précises : ma mère t’aime pas, tu rentres dans les clubs en utilisant mon nom, tu parles dans le dos de mes amis. Ça ressemble à une lettre de rupture amère en bonne et due forme. Rien ne dit « fuck you » plus que de faire chanter tes pires traits de caractère à des foules endiablées, soir après soir.
Alanis Morissette — You Oughta Know (1995)
Meilleure insulte : And every time you speak her name/Does she know how you told me/You’d hold me until you died /Til you died, but you’re still alive.
Contexte : Alanis n’a jamais voulu révéler quel maudit écœurant sale elle visait avec You Ougtha Know, mais elle a révélé en 2008 que plusieurs de ses ex se sont sentis concernés. Woops! L’humoriste canadien Dave Coulier a tout d’abord admis que c’était à propos de lui pour ensuite se rétracter. D’autres croient qu’il s’agit du joueur de hockey Mike Peluso, de l’acteur Matt LeBlanc ou du musicien Leslie Howe.
Peu importe de qui il s’agit, elle le traite dans la chanson de menteur, de profiteur, révèle lui avoir fait une fellation au cinéma pour lui faire plaisir et traite sa blonde de pâle copie d’elle-même. On comprend un peu les principaux intéressés de ne pas vouloir admettre leurs torts. You Oughta Know fut ultimement une belle histoire, puisque la chanson permit à Alanis de ressusciter sa carrière et de devenir l’une des artistes canadiennes les plus populaires à l’international.
Foo Fighters — I’ll Stick Around (1995)
Meilleure insulte : How could it be I’m the only one who sees your rehearsed insanity.
Contexte : Utilisée comme tout premier single des Foo Fighters un an après la mort de Kurt Cobain et la fin de Nirvana, la toune vise clairement Courtney Love. Grohl a presque confirmé cette hypothèse dans une entrevue avec Rolling Stone en 2007. Ce qui est particulièrement acerbe avec I’ll Stick Around, c’est qu’il n’y traite pas Love de folle. Il la traite de manipulatrice.
En guerre ouverte avec elle pour les redevances de Nirvana, Grohl a écrit une chanson pour lui laisser savoir qu’elle ne se débarrasserait pas de lui, et a accompagné le tout d’un clip où elle est représentée par un gros criss de virus volant. À un moment donné, il dit : I should’ve known we were better off alone/I looked in and I was shown/You were too.
En d’autres mots : la vie aurait été plus facile si t’avais jamais rencontré Kurt. AD-YOYE.
D12 — Quitter (2000)
Meilleure insulte : You said I passed you in a lobby and I glanced at you/Like I ain’t notice you, bitch, I had a show to do/Like I’m supposed to be star-struck, come over to you (honnêtement, c’est une question de goût dans cette chanson. Y en a pour tout le monde.)
Contexte : Vous avez un peu la raison du beef entre Eminem et Everlast dans les trois lignes susmentionnées. Ce dernier s’est senti snobé par Slim Shady et justifié de partir un beef. GRAVE ERREUR. Lorsqu’il était au sommet de son art, Eminem était le Muhammad Ali du battle rap. Le Réjean Ducharme de l’insulte.
Dans sa réponse, en quelques minutes, Eminem trouve le moyen de rire de ses problèmes de cœur, de son talent limité de chanteur, de House of Pain, et en profite pour révéler à tout le monde qu’Everlast est une nunuche qui se choque pour des niaiseries.
Avant que vous me le fassiez savoir dans les commentaires : oui, j’ai pensé choisir la chanson Kim où il y assassine son ex. Mais j’trouvais qu’on sortait un peu trop du « fuck you ». C’est une fantaisie meurtrière, cette chanson. Si ça vous fait tripper de chanter Kim en pensant à votre ex… et bien, je suis heureux de ne pas vous connaître.
2Pac ft. Outlawz — Hit ‘Em Up (1996)
Meilleure insulte : You claim to be a player, but I fucked your wife
Contexte : La plus grande volée verbale jamais enregistrée. Et c’est même pas proche. Le 30 novembre 1994, 2Pac se fait tirer cinq fois dessus en sortant du studio. Trois mois plus tard, son rival Notorious B.I.G. sort un B-side qui s’appelle Who Shot Ya? et 2Pac le prend TRÈS personnel. « Même si c’est pas à propos de moi, il n’aurait pas dû la sortir parce que ça envoie un message clair. »
Pac décide alors de déballer tout son sac, d’envoyer chier tout le monde et SURTOUT de dire à voix haute que Faith Evans a trompé son mari avec lui. Tupac n’est particulièrement pas tendre avec elle dans la chanson. Mais tout le monde y passer : Lil’ Kim, Mobb Deep, Diddy, Chino XL, Lil’ Cease, tout le monde associé de près ou de loin à Bad Boy Records y passe. Ça commence avec des insultes et des références bien placées et ça finit avec des menaces de mort très claires : All of y’all mother fuckers, fuck you, die slow, motherfuckers/My .44 make sure all y’all kids don’t grow.
Fallait surtout pas faire fâcher 2Pac.