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5 façons de vivre la Fête nationale si la loi 21 vous fait chier

La Saint-Jean au temps de l'exclusion.

Par
Jean-Philippe Tremblay
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Bon, on va se le dire : le timing de la Fête nationale est on ne peut plus mal choisi cette année. Il y a à peine quelques jours, on a eu droit à un premier ministre (celui qui s’est fait élire en reniant ses aspirations souverainistes, là) s’exclamant « encore plus fier d’être Québécois » après avoir utilisé le procédé très peu démocratique du bâillon pour passer non pas une, mais deux lois bafouant les droits et libertés fondamentaux de nos minorités.

En effet, cette semaine pendant qu’on se préparera à boire de la grosse 50 en chantant Le phoque en Alaska, à Québec on sera en train de mettre aux poubelles 13 000 dossiers d’immigration et l’espoir d’un paquet de familles en plus d’instaurer une « police du linge » pour restreindre l’accès au travail d’une bonne part de nos concitoyens.

Tsé, des affaires qui rapprochent.

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Alors que, comme le souligne Amnistie Internationale: « on est en droit de se demander dans quel type d’État nous vivons » et question de souligner ce que le petit ministre de l’Exclusion de la CAQ a appelé « un grand moment pour la nation québécoise », voici quelques suggestions appropriées pour les célébrations de cette année :

  1. 1. Être cohérents et bannir le fleurdelisé

Le drapeau du Québec est beau, et bien franchement on y est attaché. Malgré son origine douteuse, il a fait partie de l’histoire de nos luttes hippies-révolutionnaires et a servi de tuque à Loco Locass. En même temps, ce serait logiquement la première étape si on veut souligner l’absurdité de ce projet de loi; c’est certainement le symbole le plus important et visible de tout notre territoire et il porte, depuis que le bon Maurice Duplessis l’a introduit pour faire plaisir à l’Église catholique, une GRANDE CROIX BLANCHE en son centre.

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Si tu veux te vanter de défendre la laïcité de l’État drapé là-dedans, ça regarde mal en maudit man.

  1. 2. Organiser son propre défilé

Le défilé de la Société Saint-Jean-Baptiste a des racines profondes et une importance certaine dans l’histoire du Québec. En même temps, après la bourde ridicule et insultante qu’ils ont commise y’a deux ans, on sait plus trop si on peut leur faire confiance pour nous représenter. Disons que même si on croit à l’accident, y’a clairement quelques dinosaures solidement déconnectés là-dedans.

Organisons nos propres défilés, dans nos quartiers, et décorons-les de slogans et de pancartes plus au goût du jour. Pour la trame sonore, une casserole fait toujours l’affaire; j’ai le vague souvenir qu’on a déjà fait ça pour fêter une nouvelle loi d’ailleurs, non?

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  1. 3. Découvrir le Québec moderne dans une fête de quartier ou de ruelle

Des fêtes de quartier, y’en a des tas, et certaines ont des saveurs des plus funky. Que ce soit pour rencontrer ses voisins ou découvrir un quartier inconnu, c’est une vraie bonne occasion de sortir de derrière son écran d’ordinateur pour rencontrer des gens de partout, partager des histoires, découvrir des musiques et des mets exotiques, dédramatiser des affaires et tendre la main. De se rendre compte aussi qu’au final, on a beaucoup plus en commun avec les gens qui habitent près de chez nous et qui veulent surtout voir grandir leurs enfants en paix qu’avec la poignée d’élus qu’on croisera jamais là.

Vraiment.

  1. 4. Offrir son aide aux nouveaux arrivants

En plus d’envoyer un très curieux message aux immigrants qui sont déjà ici, les projets de lois discriminatoires de la CAQ tombent à pic pour apeurer ces familles qui débarquent ici pour fuir la guerre, la famine ou les persécutions.

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Question de leur montrer qu’on est vraiment du meilleur monde que ça, pourquoi ne pas profiter du congé férié pour offrir un peu de son temps à un organisme qui se charge de les accueillir? Et tant qu’à y être, peut-être prendre un peu d’avance sur la fête du Canada et aller donner ses vieux vêtements et meubles à des gens qui en ont vraiment besoin au lieu de les mettre au chemin, cette année?

Ça nuira pas, certain.

  1. 5. Apprendre quelque chose sur son histoire

En plus de nous aider à comprendre d’où vient la peur irrationnelle d’être envahi qui habite le québécois moyen en lisant sur la conquête et notre histoire pas réglée par rapport aux Anglais, on pourrait s’intéresser à notre propre passé d’immigrants et de colonisateurs, au sort qu’on a fait subir à ceux qui étaient là des milliers d’années avant nous, et même à nos relations aux autres minorités et à leur apport à la société québécoise dans les siècles qui ont suivi. Apprendre sur le duplessisme aussi, pourquoi pas, et essayer d’éviter de répéter les erreurs du passé.

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Ah et tiens, par la bande : y’a une petite expo toute appropriée au Musée des Beaux Arts présentement qui donne un visage à quelques esclaves québécois.

Parce que, oui.

Ça aussi, c’est notre Histoire.

Bonne SAINT-JEAN BAPTISTE, là.