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5 choses que vous avez toujours voulu savoir sur les députés

Combien on gagne? Est-ce qu'on voyage en première classe? Qui a les plus beaux bureaux?

Par
Catherine Fournier
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Depuis le début de la crise de la COVID-19, avec raison, on parle beaucoup de l’importance de la transparence chez nos décideurs publics. Comme le moral collectif est présentement à son plus bas et que nous avons tous besoin de nous changer les idées alors que les mois pandémiques n’en finissent plus de s’enchaîner, aujourd’hui, pour ce premier texte de l’année, j’ai décidé d’allier transparence et légèreté!

Qu’avez-vous toujours voulu savoir sur les députés de l’Assemblée nationale du Québec? C’est la question que j’ai posée il y a quelques jours aux personnes qui me suivent sur Instagram. Sans plus attendre, voici donc tous les secrets concernant les interrogations qui sont le plus souvent revenues!

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La semaine de travail typique est de six jours par semaine (parfois sept).

Être député n’est pas une « profession », c’est une fonction. En être titulaire revient donc à endosser un mode de vie plus qu’un horaire de travail conventionnel. Oublions la COVID pour un moment afin de brosser le portrait de la façon dont s’articule ce « mode de vie » en temps normal.

Seules les périodes de travaux parlementaires dont les séances régulières se tiennent aux mêmes heures tous les jours où le Parlement siège font figure d’emploi du temps plus prévisible.

Ainsi, durant les sessions parlementaires (de septembre à décembre, puis de février à juin), la rubrique des Affaires courantes (durant laquelle a lieu la période de questions) s’ouvre à 14h00 le mardi et à 10h00 le mercredi et le jeudi (de même que le vendredi dans les périodes dites de « session intensive », qui correspondent aux deux dernières semaines des sessions parlementaires). Des séances de travail, des commissions parlementaires, des conférences de presse et des rencontres de différentes natures (avec un groupe d’intérêt, avec des étudiants en visite, en caucus, etc.) remplissent nos journées à l’Assemblée nationale, généralement d’assez tôt le matin à souvent tard le soir.

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Les journées du lundi et du vendredi sont quant à elles habituellement réservées au travail dans nos bureaux de circonscription, où nous sommes notamment responsables d’assurer la gestion du personnel, l’administration des budgets octroyés par l’Assemblée nationale pour le fonctionnement, la masse salariale et les déplacements de nos employés, etc.

Nous assistons également notre équipe dans les services aux citoyens, aux organismes et aux entreprises, qu’il s’agisse de les soutenir dans le démarrage d’un projet, de les mettre en relation avec des ressources appropriées, de les appuyer dans leurs démarches avec l’administration publique, de les aider à régler un problème ou tout simplement, de les écouter. Les rencontres se succèdent donc à bon rythme. En soirée, il arrive régulièrement que nous soyons invités à des événements organisés dans notre circonscription, auxquels nous participons en tout ou en partie, dépendamment de ce que nous permet notre agenda ou des nécessités de conciliation travail-famille-vie personnelle.

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Il en va de même pour nos fins de semaine, durant lesquelles nous rattrapons en outre souvent du travail de bureau accumulé durant la semaine.

Outre ceux qui habitent déjà la région de la Capitale-Nationale, les députés sont logés à Québec pendant les sessions parlementaires

Comme les députés doivent être physiquement présents à Québec au minimum trois jours par semaine durant les sessions parlementaires, il va sans dire que de s’éviter la route chaque jour n’est pas un luxe, surtout pour les députés provenant de régions plus éloignées.

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Ainsi, chaque député qui réside à l’extérieur de la ville de Québec, de ses circonscriptions contigües ou à plus de 50 kilomètres de l’Assemblée nationale a droit à une allocation de logement à Québec, qui s’élevait à un maximum de 15 700 $ pour 2020-2021. Cette allocation peut être dépensée selon les préférences du député : elle peut servir à payer des nuitées à l’hôtel, à louer un appartement ou à effectuer des paiements d’hypothèque sur une propriété.

Évidemment, une preuve est exigée et le paiement de l’allocation n’est effectué que sur les coûts réels de logement engendrés par le député, c’est-à-dire que je ne peux pas, par exemple, obtenir le montant de remboursement maximal si mes dépenses de logement à Québec sont inférieures à ce montant.

Le même principe prévaut pour les déplacements : les députés résidant à l’extérieur de la ville de Québec ou de ses circonscriptions contigües ont droit au remboursement de leurs dépenses de transport. Cette allocation est calculée en fonction du nombre de kilomètres effectués, à raison de 0,48 $ par km. Pour prouver ce déplacement, nous devons présenter un relevé d’achat d’essence (ou une confirmation d’utilisation d’une borne de recharge, pour les électromobilistes comme moi!).

Ce remboursement peut également être payable sur présentation d’une facture, dans le cas des députés qui prennent l’autobus (c’était souvent mon cas à l’époque pré-COVID), ou qui doivent prendre l’avion pour se rendre à l’Assemblée nationale.

Seuls les billets en classe économique sont par ailleurs remboursés.

Tout surclassement est ainsi facturé aux frais du député.

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Le salaire de base est actuellement de 95 704 $ par an

Il s’agit, par exemple, de l’indemnité salariale annuelle que je reçois personnellement. Plusieurs députés reçoivent toutefois une indemnité supérieure, en raison de leurs fonctions additionnelles.

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Ainsi, les membres du Bureau de l’Assemblée nationale (le « conseil d’administration » du Parlement) et les présidents de séance peuvent compter sur un salaire de 110 060 $ par an. Les vice-présidents de commission parlementaire, les adjoints parlementaires des ministres, le whip adjoint du gouvernement, le leader parlementaire adjoint de l’opposition officielle, 114 845 $. Le président du caucus de l’opposition officielle, 117 237 $. Les présidents de commission parlementaire, le président du caucus du gouvernement, le leader parlementaire adjoint du gouvernement, les leaders parlementaires des 2e et 3e groupes d’opposition, 119 630 $. Le whip en chef de l’opposition officielle, 124 415 $. Le whip en chef du gouvernement, le leader parlementaire de l’opposition officielle, les chefs des 2e et 3e groupes d’opposition, les vice-présidents de l’Assemblée nationale, 129 200 $. La cheffe de l’opposition officielle, le président de l’Assemblée nationale et les ministres (incluant le leader parlementaire du gouvernement), 167 482 $.

Finalement, le premier ministre du Québec reçoit une indemnité salariale de 196 193 $ par an.

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Il est à noter qu’un député qui cumule plus d’une fonction pour laquelle est accordée une indemnité additionnelle n’a droit qu’à l’indemnité la plus élevée d’entre elles.

Quant au fameux régime de retraite des députés, mettons immédiatement fin à un mythe tenace : non, les députés de l’Assemblée nationale ne reçoivent pas une « pleine pension » après huit ans de service. C’est faux. Dans les faits, la pleine rente est payable à partir de 60 ans et ses crédits correspondent à 4% de l’indemnité salariale reçue pendant nos années de service (jusqu’à concurrence de 25 ans), indexés en vertu de la Loi sur le régime de rentes du Québec.

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Chaque député dispose de son propre bureau à l’intérieur du Parlement

Les bureaux sont alloués aux députés en fonction de deux critères, essentiellement.

1- Le résultat électoral et de la position conséquente de son groupe parlementaire.

Les députés du gouvernement occupent les bureaux du rez-de-chaussée et du 1er étage, ceux de l’opposition officielle, le 2e étage, tandis que les bureaux des députés des 2e et 3e groupes parlementaires sont situés au 3e étage, de même que ceux des députés indépendants, qui les séparent en deux ailes distinctes. J’aime ainsi dire que mon bureau est situé en territoire souverainiste neutre, entre QS et le PQ! ;-)

Sur le plan de l’aménagement, tous les étages sont similaires, sauf le 3e, dont les corridors sont tapissés d’une carpette rouge et dont les fenêtres des bureaux, en corniche, sont beaucoup plus petites.

2- La fonction occupée au sein de son groupe parlementaire.

Vous ne serez pas surpris en apprenant que les chefs sont ceux qui disposent des plus grands (et beaux) bureaux.

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Il en va de même pour les leaders parlementaires. Quant aux bureaux des ministres, ils sont souvent de plus petite taille et situés près de la sortie principale, au rez-de-chaussée (« la porte 6 », pour les initiés), car les ministres ne sont souvent que de passage au Parlement : ils travaillent plutôt de leurs ministères respectifs, situés dans d’autres bâtiments de la ville de Québec. Quant aux autres députés, c’est le whip de leur parti qui décide de l’attribution des bureaux, ou, dans mon cas comme indépendante, le bureau de la présidence de l’Assemblée.

Simple enjeu administratif? Détrompez-vous, nous sommes à l’Assemblée nationale après tout : la répartition des bureaux entre les députés est aussi très politique, peut provoquer de véritables chicanes internes (oui, je suis aussi découragée que vous) et est toujours sujette à alimenter les discussions entre les murs du Parlement! Je n’entrerai pas dans les détails de la répartition du mobilier, qui nécessiterait à elle seule sa propre chronique complète (c’est une blague… ou presque).

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Oui, des amitiés sincères peuvent émerger de la vie politique

Qui n’a pas entendu parler de l’immense girl crush entre les ex-députées Louise Beaudoin et Liza Frulla, respectivement péquiste et libérale, dans les années 1990? Cette histoire est à elle seule la preuve que l’amitié entre députés de différentes allégeances est possible!

Au-delà du spectacle que constitue la période de questions, où les attaques fusent trop souvent, notons que les élus sont appelés à se côtoyer quotidiennement dans des situations beaucoup moins tendues : en commission parlementaire, à la cafétéria, dans un restaurant de la Grande-Allée après une journée de travail, dans un événement, une mission à l’étranger… Il existe même des « salons de députés » sur tous les étages du Parlement, destinés à réunir les élus du même groupe parlementaire entre les différentes séances. Ces locaux servent régulièrement à l’organisation de « 5 à 7 » entre collègues, auxquels se joignent habituellement les membres du personnel politique de l’aile parlementaire : directeurs de cabinet, recherchistes, adjoints administratifs, etc.!

Pour ma part, je compte parmi mes amis proches plusieurs personnes extraordinaires rencontrées au fil de mon parcours politique, notamment dans les couloirs de l’Assemblée nationale.

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La vie parlementaire est tellement intense qu’il est naturel de se rapprocher des gens avec qui nous passons autant de temps et avec qui nous partageons une passion et des aspirations communes.

EN BONUS

Y a-t-il un signe du zodiaque qui prédispose à une carrière politique plus qu’un autre? C’est une question qui semble titiller votre curiosité!

Faisons la lumière sur cet enjeu de haute importance, résolu par une étude très sérieuse des dates de naissance de mes collègues et moi : si, en général, tous les signes semblent bénéficier d’une certaine représentation chez les élus, les Verseau et Capricorne souffrent clairement d’un déficit de représentation parmi les députés en comparaison de leur poids dans la population, tandis que les signes de Feu (Bélier – le mien! –, Lion et Sagittaire) sont nettement surreprésentés parmi nous, en comparaison des trois autres éléments du zodiaque.

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Selon ce qu’on peut lire dans le magazine Clin d’œil, on apprend que « ces signes sont passionnés, intenses, créatifs. Il faut savoir toutefois alimenter [cet élément], ou encore l’aider à se contrôler, car le feu peut être destructeur! »

Qu’on se le tienne pour dit.