Le cinéma s’est toujours intéressé à la musique, et les films qui tournent autour de ce sujet abondent. On n’a qu’à penser à la multitude de biopics (qui semblent d’ailleurs se multiplier au cours des dernières années). La musique a elle aussi une fixation sur le 7e art, comme Honey Pie, des Beatles, ou bien à Life On Mars. Quand la pop aborde le cinéma, c’est, étrangement, avec une certaine nostalgie, aux abords de la mélancolie.
Cette semaine, je me suis penché sur la question. D’ù vient cette fascination chez certains artistes pour le grand écran? Inspiré par la toute récente sortie de Titanic Rising, de Weyes Blood (qui parle beaucoup plus du film de 1997 que du tristement célèbre navire), je mets en lumière une poignée de pièces à faire baver le lion de la Metro Goldwin-Mayer.
Weyes Blood – Movies
Natalie Merling en met littéralement plein la vue avec la chanson phare de son plus récent album. Movies est une ode qui plonge tête première dans le cinéma et son influence quasi subliminale sur nos relations amoureuses. Selon la musicienne, les blockbusters ont cette qualité que la vraie vie n’a pas. Moins complexes, plus lumineux, plus glorieux, les films nous inspirent un amour qui n’existe pas vraiment. Le vidéoclip met parfaitement en image cet attrait mystique et transcendant qui frappe des millions de personnes au AMC Forum chaque année.
Bauhaus – Bela Lugosi’s Dead
L’une des chansons les plus emblématiques du post-punk est aussi une déclaration d’amour pour une star du cinéma d’horreur des années 30. Pendant plus de neuf minutes, Peter Murphy élabore un requiem à la hauteur du lugubre personnage, mort plusieurs décennies auparavant. L’idée ici n’est pas de mettre la lumière sur l’acteur derrière les nombreux films d’épouvante, mais plutôt d’en faire un être plus grand que nature. Une élégie parfaite pour le gothique au rouge à lèvres noir qui s’ignore en vous.
Brian Eno – Music for Films
Faire de la musique sur le cinéma est une chose, faire de la musique POUR le cinéma en est une autre. Surtout quand le cinéma en question est imaginaire. Music for Films, c’est un fantasme qu’a réalisé avec brio Brian Eno : penser sa musique pour qu’elle accompagne une image, sans nécessairement avoir l’image sous la main. Bon, il faut quand même avouer que l’artiste a un peu triché. Une demi-douzaine de chansons avaient déjà servi de trame sonore à des productions visuelles. On salue tout de même le concept, qu’Eno a renouvelé plusieurs fois au cours de sa carrière.
Róisín Murphy – Movie Star
Quoi de mieux que la métaphore du cinéma pour représenter l’ambition? La thématique est approfondie par Róisín Murphy sur son succès de 2009, Movie Star. Si on se fie à la musique seulement, la chanson est un air de motivation, une boisson vitaminée qui amalgame le désir de grandeur et de détermination à l’idée de faire un film. Le vidéoclip fait ressortir le subtil sarcasme derrière les paroles. La route vers la célébrité est en réalité horrifiante et pleine de supplices immondes, dont, évidemment, ceux de s’accoupler avec un homard et devenir un zombie.
Philippe Katerine – Le film
Strophe par strophe, Philippe Katerine déconstruit le concept du cinéma lui-même sur sa chanson au titre judicieusement trouvé. Katerine parle-t-il d’un film qu’il regarde au cinéma, des films en général ou bien de la vie elle-même, que l’on regarde comme un film (dans lequel nous ne sommes que figurants)? Tant de questions plus ou moins philosophiques énoncées avec une simplicité désarmante à travers la métaphore cinématographique.
Et au Québec? Ariane Moffat et Navet Confit se partagent la tête d’affiche.
D’un côté Ariane Moffatt nous assure que même si sa vie est un film de série B, ça lui va. De l’autre, Navet Confit nous vend un film tourné dans son salon qui, en ses mots, est sans prétention. Qui fera les meilleures recettes? Qui aura les meilleurs reviews sur Rotten Tomatoes? On met Marc-André Lussier sur le cas et on vous revient là-dessus.