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5 artistes trans à découvrir

Soul, trap, expérimental, de Toronto à Montréal à la vitesse grand V.

Par
Guillaume Mansour
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Quand j’ai appris plus tôt cette semaine que l’icône soul Jackie Shane avait quitté ce monde, j’ai comme eu un pincement au cœur. La musique splendide de l’artiste, pour toutes sortes de raisons, a longtemps sommeillé dans l’oubli. Ce n’est qu’au cours des années 2010, grâce à une série de documentaires, de prix commémoratifs et de rééditions d’album que la chanteuse est finalement de retour sur la carte.

Malheureusement, l’Histoire nous aura appris que les artistes trans d’hier et d’aujourd’hui, et plus particulièrement les artistes racisé.e.s, sont souvent relégué.e.s aux confins de la scène musicale. Pourtant, dans cet angle mort, la créativité, le talent, les idées nouvelles ne manquent pas.

Alors question de terminer le mois de l’histoire des noirs en beauté, rien de tel que de s’offrir une ballade musicale en soul train entre Toronto et Montréal afin d’y découvrir 5 icônes trans qui ont fait l’histoire, la font présentement ou la feront certainement demain.

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Jackie Shane

Au moment de reprendre Any Other Way de William Bell, Jackie Shane n’en change qu’un tout petit mot. Tell her that I’m happy devient Tell her that I’m gay. En 1962, le terme gay et sa signification identitaire ont à peine été effleurés. Dans la bouche de Jackie, le mot transforme une ballade douce-amère en statement LGBTQ+. Qu’elle soit en studio ou en performance live, celle qui a établi sa renommée à Toronto fait toujours preuve de la même assurance, assise dans ses chansons comme sur le plus confortable des fauteuils. Un exemple d’interprétation dont tout artiste peut tirer des leçons.

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Beverly Glenn Copeland

Si je vous dis comme ça « icône trans et figure de proue du synthétiseur », vous allez probablement me lancer un Wendy Carlos bien senti. Les plus renseigné.e.s d’entre vont cependant avoir une pensée pour l’album mythique de Beverly Glenn-Copeland, Keyboard Fantasies, sorti en 1986. Si la musique du Canadien va droit où ça émeut, c’est peut-être qu’il a su affûter la candeur et l’ingénuité de ses compositions tout au long d’une carrière inusitée. Beverly a passé de nombreuses années à mettre son génie musical au profit d’émissions pour enfant telles que Mr. Dressup et même Sesame Street. Ses créations dépouillées respirent et instiguent la contemplation paisible.

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Lucas Charlie Rose

Lucas Charlie Rose aura fait beaucoup parler l’année dernière grâce à son activisme vis-à-vis la pièce SLAV et son désir ardent de faire un peu mieux comprendre au Québec (et par le fait même au reste du monde) les dynamiques de l’appropriation culturelle. Le Montréalais est également rappeur et beatmaker, instigateur du premier mixtape collaboratif 100 % trans, fondateur de Trans Trenderz, étiquette à but non lucratif au service la communauté musicale trans, prolifique artiste qui en est déjà à 3 albums en 5 ans de carrière, dont le plus récent, Plus près du Soleil, est narré pour la première fois en langue française. Lucas Charlie Rose, c’est une des voix les plus singulières de sa génération, un vent de fraîcheur avec un gros bagage d’expérience, un torrent d’ambition qui risque de secouer nos conventions pour encore un bon bout.

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Ellise Barbara

Vous avez peut-être déjà headbang comme moi sur ses bijoux à saveur disco tels que Sexe Machin/Sex Machine ou Soft To The Touch. Sinon, ses duos avec Laetitia Sadier ou Sean Nicholas Savage ont probablement éveillé votre enthousiasme. Ellise Barbara jouit d’un statut semi-légendaire à Montréal, entre autres grâce à l’inimitable univers musical qu’elle a créé au fil des années. Elle peut également compter au nombre de ses réalisations son implication au sein du groupe Taking What We Need, en soutien aux personnes transféminines dans le besoin. Au sein de Black Space, son projet composé uniquement d’artistes issus de la communauté africaine subsaharienne, la musicienne se réapproprie l’espace, littéralement, en concrétisant sur scène un nouveau chapitre à son unique parcours.

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Backxwash

J’ai assisté à mon premier concert de Backxwash en fin d’année 2018 et la performance était à se jeter par terre. La dégaine de l’artiste originaire de la Zambie n’a d’égal que l’audace des samples qui habitent son trap galvanisant. Avec des titres comme Black Sailor Moon et I Got A Pentagram Tattoo, un peu de Patti Smith par ci, un peu de Britney Spears par là et une désarmante honnêteté dans le choix de ses paroles, Backxwash est un peu la promesse que l’avenir de la musique va forcément passer par la pléthore d’artisans racisés, immigrés, trans, non binaires qui ne font que se surpasser sans cesse et surprendre par leur inventivité.

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