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4AM, Call Emergency

Par
Kim Lizotte
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Parfois, la vie nous dépasse. Écriture, tournage, amis, amour, famille, routine, ménage, audition, show, bière après le show, meeting, brainstorm, problèmes, responsabilités. Fatiguée, à bout, pas de char, après trop de travail, une maison en désordre, un frigidaire vide, trop de lavage, découragée, je l’ai appelé.« I’ll pick you up in 10 minutes. »

Un instant plus tard, il était en bas de chez moi. Il m’a amené en voiture à l’épicerie, à la banque, à la pharmacie pour m’éviter le froid. Pour me regarder pleurer en mangeant des croquettes, en arrêtant au Mcdo, entre deux commissions.

« I’m tired, dude. I’m fucking tired. »

« Sleep, you Mofo ! »

(Mofo, c’est moi. C’est censé être une insulte, mais pour moi, c’est le surnom le plus tendre du monde. Ça me représente trop. Ce que je dis c’est « mofo », ce que je fais c’est « mofo ». Pour lui, je suis Mofo, la fille qui fait des choses mofo. )

Je ne sais même pas où il était au moment de mon appel. Peut-être au travail. Peut-être avec une fille. Peut-être avec sa famille. Mais je sais que peu importe où il se trouve, il court à ma rescousse. Sans rien attendre en retour. Pas d’argent, pas de sexe, pas de bec. Et après, on peut ne pas se revoir pendant des mois, sans se donner de nouvelles. Et c’est juste pas grave.

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Je reviens à la maison, il m’aide avec mes sacs…et il quitte. Et nos vies continuent. Nous sommes des parenthèses dans la vie de l’autre. C’est mon ami secret, dont je ne parle jamais et que je vois à peine. Mais on a un sous-texte, un non-dit : « Je te laisserai jamais tomber. »

En avez-vous comme ça, des anges qui vous guettent, pas loin ? Que vous ne voyez pratiquement jamais, mais chez qui vous pouvez arriver à 4 heures du matin, avec un gun, du sang dans face et un t-shirt déchiré en disant : « Man, I fucked up ! » et qui va vous ouvrir la porte, vous débarrasser des preuves accablantes et vous donner votre bain ?

Un jour, je lui ai demandé :

« Why do you do this for me ?! »

« You’re my favorite person. You’re the best human being I know. And you saved me. »

C’est vrai que je l’ai sauvé. Mais il m’a sauvé aussi. Bref, il me doit la terre, et je lui dois la lune.

Ensemble, on a tout quitté pour se reconstruire. J’avais 21-22 ans. On a quitté les bars, la nuit, un milieu d’amis malsains. On a arrêté de sortir, de boire. On s’est trouvé des jobs de jour. Je suis retournée à l’école. Je me suis consacrée à mes passions. On s’est redonné confiance. Je nous ai trouvé un appart magnifique. On a réalisé nos rêves. On est passé de deux kids qui sortaient tout le temps pour se péter la face et foutre notre vie en l’air, à deux jeunes adultes qui s’accrochent l’un à l’autre pour prendre leurs vies en main. On a tout recommencé, on s’est accroché, on s’est aidé, on s’est appuyé, on s’est donné des coups de pieds dans le cul pour faire ce qu’on aime et être qui on est, pour vrai. Je suis vraiment fière de ce qu’il est devenu et je sais que c’est réciproque. J’adore quand il m’écrit pour me dire « Mofo, you’re on tv ! ». Je pense qu’il ne s’habituera jamais, parce qu’il me voit encore comme une gamine.

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Et même si notre relation s’est terminée de façon horrible, même si je lui ai brisé le cœur en un million de morceaux et qu’on s’est fait beaucoup de mal, ça s’est transformé en quelque chose de beau, de mieux. Il sera toujours là pour me dire « You’re Kim Lizotte, the best person alive ! » sans aucune rancune. Et je vais toujours être là pour lui rappeler que c’est grâce à lui.

Thanks P’tit. Merci d’être mon « 4AM, Call Emergency ».

« P’tit », c’est son surnom. C’est pas un ex, c’est pas un frère, c’est pas un ami.

C’est juste celui qui est toujours là, quand il n’y a plus personne.