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4 types de voyageurs qui gossent (et qui devraient cesser immédiatement)
Tous les jours que je passe sur terre, je m’affaire à devenir une meilleure version de moi-même. Oui, ça sonne “Marina Orsini”, mais c’est vrai. Depuis qu’on est partis, je souris. Beaucoup. Des fois mon sourire camoufle un dégoût et veut dire “ ne montre pas que cette odeur te lève le cœur ou que cet estomac de bœuf envahi par les mouches te donne des envies d’auto combustion”. Parfois, mon sourire signifie “tu vois, toi et ta façon de penser, vous êtes en train de me donner une belle leçon sur le genre de personne que je souhaite ne JAMAIS devenir”. Je souris parce que c’est plus poli. Je souris par respect. Et je prends des notes mentales. Voici les types de voyageurs rencontrés sur la route de la vie ou la route électronique à qui je souris :
Les voyageurs-expérimentés-qui-te-regardent-de-haut : une observation sociologique aucunement scientifique me permet de croire que d’un côté, il y a les « voyageurs-expérimentés-qui-ne-te-regardent-pas-de-haut », ceux-ci aiment partager leurs expériences, sont généreux en conseils et souvent très divertissants. De l’autre côté, on retrouve « les-voyageurs-expérimentés-qui-te-regardent-de-haut », ils aiment questionner pour ensuite piéger, tout ça sur fond de condescendance à peine camouflée. « Vous avez une autonomie de combien d’heures avec votre batterie auxiliaire ? » « Aucune idée » « Ah ouin hein, vous ne connaissez pas votre van ? Eh ben. ». Comme tout bon voyageur, il est curieux : « Je peux voir à l’intérieur de votre van ? Mon Dieu que c’est petit, faut bien commencer quelque part, hein ?
Je ne pourrais plus me passer de mon VR de 40 pieds avec foyer au propane intégré et mes trois télés ». C’est souvent sur l’itinéraire que le « voyageur-expérimenté-qui-regarde-de-haut » aime te coincer : « Vous allez dormir où demain ? » « Aucune idée » « Ah ouin hein, vous n’avez pas checké votre itinéraire, eh ben». Aucunement impressionnée, je peux me fier à mes vieux restants d’autodéfense de cour de récréation pour leur fermer la trappe en une courte phrase: « vous êtes partis combien de temps déjà ? Trois semaines ? Ah c’est sûr qu’avec si peu de temps, je vous comprends de tout planifier à l’avance… » Dans ce temps-là, je me dis « lâche prise, Mel, ça vaut pas la peine… » Mais souvent il est trop, ce qui me place face à l’échec du désir de devenir « une meilleure version de moi-même » cette journée-là.
Les peureux-qui-veulent-faire-peur-aux-autres : dans une foule, ce type de voyageur n’est pas si simple à cerner. Peut-être parce qu’il évite les foules et qu’il préfère rester dans la quiétude de son foyer, les deux pieds sur le pouf à regarder Denis Lévesque. Et c’est très bien ainsi. Moi aussi, j’ADORE regarder Denis Lévesque, les deux pieds sur le pouf. Il arrive parfois que le « peureux-qui-veut-faire-peur-aux-autres » sorte de son habitat naturel et c’est là que tu te questionnes à savoir s’il est du type « expérimenté-qui-te-regarde-de-haut » ou « peureux-qui-veut-te-faire-peur ». Parce que ce dernier en sait des choses. Il est cultivé. Il a lu. A fait ses recherches. A discuté. Il faut se méfier de lui.
Parfois, il PRÉSUME : « paraît que c’est impossible de trouver des pièces d’auto si vous tombez en panne au Guatemala », il lui arrive aussi de RÉFÉRER : « la belle-sœur de ma voisine est déjà allée au Bélize et elle dit que c’est le pire voyage de sa vie », mais souvent il AFFIRME : « c’est hyper dangereux de rouler au Mexique, avec tous les cartels de drogue, les gens se font descendre dans la rue ». Généralement, cinq minutes suffisent à cerner ce type de voyageur, mais pour être certain, suffit de le questionner: « ah oui, c’est quand la dernière fois que tu as conduit au Mexique ? », sa réponse pourrait s’apparenter à : « Es-tu folle ? J’oserais jamais, ben trop peur de mourir d’une balle perdue. » BAM, voilà le « peureux-qui-veut-faire-peur » démasqué
Les petits-parfaits-qui-sont-donc-ben-bons: facile à reconnaître, le voyageur de type “petit-parfait-donc-ben-bon” sait tout, a tout vu, a tout lu, a tout vécu. Bref, il a INVENTÉ le verbe et l’action de “voyager”. Avant lui, on ne voyageait pas. Ça n’existait pas. Ils ont dé-sédentarisé l’espèce humaine pour la rendre nomade. À noter que le voyageur “petit-parfait-donc-ben-bon” n’appartient à aucune tranche d’âge précise, mais cette espèce serait très répandue chez les personnes de moins de 30 ans.
Le voyageur “petit-parfait-donc-ben-bon” a souvent un spectaculaire compte Instagram, absolument pas “insta” (faisant perdre ses lettres de noblesse au mot “instantané” contenu dans le mot « instagram ») et commence habituellement ses phrases par “vous auriez dû, vous devriez, vous ne devriez pas”, quand ses phrases ne commencent pas par la première personne du singulier ou du pluriel, généralement accompagné d’un pronom personnel “moi, je…”. Souvent, je les laisse passer et je leur souris. Si je suis en forme, j’argumente, mais j’ai de moins en moins d’énergie à perdre. De toute façon, peu importe ce que je réponds, ce type de voyageur a une vérité à me balancer par la tête. Que puis-je faire contre celui qui a INVENTÉ les voyages ? Nada !
Les voyageurs-par-procuration-qui-s’approprient : plus fréquents sur l’autoroute électronique que l’autoroute de la vie, ce type de voyageur a beaucoup d’opinions sur les réseaux sociaux. Il commente, il s’exclame, il critique ! Il s’approprie ton voyage, il en devient metteur en scène et directeur de projet. Attention de bien remplir ses exigences et l’illusion de ce que ton voyage devrait être sinon, gare aux reproches. Son vocabulaire est souvent composé de hashtags, plus souvent qu’autrement placés devant les mots « gratitude » et/ou « merci la vie », mais on peut aussi mélanger les deux « #mercilaviegratitude ». Le « voyageur-par-procuration-qui-s’approprie » est malheureux quand tu décris tes expériences avec des mots fâchés ou quand tu oses exprimer la réalité telle qu’elle est, sans glaçage sucré rose brillant à la gomme balloune pétillante.
Parce que tu vis le rêve de sa vie, tu te DOIS d’être content content, gentil gentil. Sinon tu le déçois, tu détruis toutes ses belles idées préconçues et ses attentes montées en château de cartes sur lequel tu viens de souffler. Compris ? Bien sûr que je boirais du champagne tous les jours, mais rien de mieux qu’un verre d’eau pétillante-rendue-plate pour me faire faire des backflips en criant GRAAAAAAAATTITUDE à la prochaine gorgée de champagne.
Si vous me croisez et que je suis en train de sourire, si je ne souris pas à pleines dents, c’est que je fais face à une situation d’inconfort que je tente de cacher. Si vous voyez mes dents, c’est que vous ne faites pas partie des types de voyageurs mentionnés plus haut ! Et qu’on pourra jaser, partager, se prendre par la main et essayer d’avancer ensemble, sur la route ou dans la vie. #travelgoals
Hasta luego amigos !