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4 paradigmes du couple qu’il faudrait détruire à coups de marteau-piqueur

Par
Samuel Larochelle
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Si vous imaginez que mon texte va être plate comme le cours de méthodologie où vous avez entendu le mot “paradigme” pour la première fois, détrompez-vous. J’ai sorti un mot à 49,95 $ seulement pour illustrer les idées toutes faites qui circulent sur le couple depuis la nuit des temps.

Le couple à distance

On va se le dire, quand les kilomètres séparent deux amoureux et qu’une date nécessite un doctorat en planification, la quantité de pièges à éviter est si grande que je pourrais écrire 10 000 mots seulement là-dessus. Been there, done that, bought the t-shirt, en extra small pis en large, mais ça ne me faisait pas une belle silhouette. Je suis cent fois plus confortable avec la proximité, la spontanéité et un horaire équilibré entre le “je” et le “nous”, plutôt qu’une surabondance de l’un et de l’autre. MAIS chaque personne est différente.

Quand un de vos amis vous annonce qu’il est dans un couple à distance, rangez vos faces d’effroi, étouffez vos phrases de dégoût, arrêtez de lui répéter que ça va être compliqué et que votre cousin a trouvé ça vraiment rough d’avoir une blonde à Val d’Or quand il vivait à Rouyn-Noranda… Moi, je connais une fille dont le chum travaille au fucking Qatar depuis deux ans et elle est heureuse quand même. Est-ce que ça veut dire qu’elle préfère une relation qui repousse le moment où elle va devoir s’investir à temps plein, au quotidien, avec toute l’ouverture que ça implique? Peut-être. Ou pas.

Au lieu de détruire les espoirs de votre ami, encouragez-le, changez-lui les idées quand il va être découragé et faites-lui voir les bons côtés. Be a friend!

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Les dodos à deux

Si vous n’avez pas envie de dormir avec le bras de votre chum/blonde dans votre cou et sa jambe sur votre front, ça ne veut pas dire que vous n’avez aucune complicité et que votre couple est voué à l’échec. Vous n’êtes absolument pas obligés de dormir collés et encore moins d’aimer ça. N’oublions pas que la plupart des gens ont passé 95 % de leurs nuits seul dans un lit, pendant 15 ou 25 ans, sinon plus, avant de tenter le dodo à deux. On s’entend-tu que ce n’est pas une habitude qui se change en trois semaines?

Si un jour, ça vous tente de faire chambre à part, parce que votre co-dormeur est tanné de vous voir tourbillonner dans le lit et que vous n’arrivez plus à dormir à côté de quelqu’un qui ronfle comme un broyeur à déchets, ça signifie simplement que vous voulez préserver votre couple des effets du manque de sommeil sur nos humeurs. Personnellement, le manque de sommeil me rend aussi émotif – lire ici : insupportable – que lorsque je regarde 10 épisodes consécutifs de Grey’s Anatomy. Pour le reste, quand vous aurez envie de pratiquer à faire des bébés, visitez-vous dans vos chambres ou ailleurs.

Arrêtez de croire que seules les personnes âgées sans vie sexuelle dorment séparées. (En passant, ça existe aussi, des vieux qui jouent aux fesses…)

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Le sexe tôt dans la relation

Si vous avez échangé seulement trois phrases avec un inconnu avant de mettre votre langue dans sa bouche, vous avez le droit de penser que votre relation va se limiter à du cul. Mais vous pourriez être surpris! Les recettes toutes faites ne goûtent jamais très bon.

Il y a quelques années, à la fin du premier rendez-vous durant lequel un damoiseau et moi-même avions discuté pendant 1000 ans, mangé comme des dieux, fait le tour des rues de mon quartier trois fois et regardé un film choisi expressément pour me faire sursauter et nous rapprocher (ayant une prescription du médecin m’interdisant de visionner des films d’horreur, parce que je frôle la crise cardiaque chaque fois, je me suis rabattu sur… JUMANJI… en cassette… sur le VHS que j’ai rebranché pour l’occasion… oui, oui, vous avez le droit de me juger), nous avons fini la soirée en dansant à l’horizontale. Et la relation qui a suivi est encore à ce jour la plus longue et la plus significative de ma jeune vie.

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Quand je repense aux derniers moments de notre première date, je vois simplement du désir, de la spontanéité et du laisser-aller. Plein de belles affaires que les spécialistes en croissance personnelle vous suggèrent de développer et d’entretenir. Comprenez-moi bien : je ne suis pas en train de vous suggérer d’aller au lit avec n’importe qui la première fois. Tout dépend du degré d’aisance et des circonstances. Si vous êtes dans le mood, vous avez quand même le droit de prendre votre temps et de franchir les étapes graduellement. Mais essayez de ne pas réfléchir quatre fois plus que vous agissez.

Parce qu’en restant pris dans vos vieux préjugés, vous allez donner raison à tous ceux qui prétendent qu’on est encore encroûté dans notre éducation judéo-chrétienne qui disait que le sexe est sale.

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Couple et cohabitation

Pensez-vous encore qu’un couple doit absolument cohabiter pour avancer? Oui, oui, je sais, quand on parle de cohabitation, on parle d’engagement, pis ça fait peur. On ne va pas s’étendre là-dessus. Mais ça se peut-tu aussi que deux personnes aient seulement envie de garder leur indépendance ET de grandir à plein d’autres niveaux.

La confiance, la complicité et l’intimité, ça se crée de trente-six mille façons. Ceux qui pensent le contraire sont pris quelque part en 1956… Peut-être que nos parents et nos grands-parents avaient le droit de se réconforter avec des catégories ultras rigides et des idées préconçues qui puent, parce que le Québec venait de se sortir de quatre siècles à se faire dire quoi faire, quoi penser et quand faire des bébés. Mais nous autres, c’est quoi nos raisons pour faire des raccourcis de même? C’est-tu parce qu’on n’a pas encore pris le temps de savoir qui on est et qu’on compense en définissant les autres? Ou parce qu’on est tellement insécures à propos de ce qu’on pense/aime/fait qu’on a besoin de se rassurer avec des concepts prémâchés qui excluent tout ce qui ne nous ressemble pas?

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Tsé, ce n’est pas parce que Radio-Canada va bientôt diffuser un remake des Belles histoires des pays d’en haut qu’on doit tous rester accrochés à de vieux concepts poussiéreux. Si vous avez besoin d’instructions pour déconcrisser les petites cases dans lesquelles vous rangez vos préjugés à grands coups de marteau-piqueur, je connais un maire qui s’est exercé sur une dalle de boîte à malle récemment. Il est toujours ben willing.

***

Vous avez aimé ce texte? Soyez heureux car son auteur Samuel Larochelle lance demain, 14 octobre, son deuxième roman Parce que tout me ramène à toi.

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“Parce que tout me ramène à toi” aborde de front le couple sous toutes ses formes, en plus d’écorcher l’homophobie ambiante et notre rapport à l’image. Campé à Montréal, en Gaspésie et à New York, le roman débute en Asie, où Émile Leclair se retrouve perdu, malade et seul. Pourtant, six mois plus tôt, au Québec, le couple qu’il formait était un exemple de fulgurance amoureuse capable de convertir les plus cyniques. À travers le regard du jeune Gaspésien, on revisite l’année en montagnes russes qui a précédé ce voyage et les surprises qui ont suivi…