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360 jours autour du globe: Les Khmers

On ne pensait pas venir au Cambodge. En fait, on planifiait passer le reste du voyage aux Philippines.

Par
Dominique Audet et Mario Pesant
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Comme on n’avait pas vraiment eu le temps de profiter de la plongée et des plages du pays, on pensait passer le dernier mois sur le sable et dans l’eau. Et siroter des noix de coco entre les deux. Un plan séduisant, certes, mais qui prit rapidement le bord lorsque l’oreille droite de mon amoureux s’est remise à faire des siennes… Otite, plongée et baignade ne font malheureusement pas très bon ménage. Pas plus que pina colada et antibiotiques.

Bon. Qu’est-ce qu’on fait alors ?

Comme on avait entendu beaucoup de bien des temples d’Angkor et que les ruines ne sont pas contre-indiquées en cas d’infection de l’oreille externe, on a sauté dans un train en direction du Cambodge (après avoir quand même fait un pit stop chez nos fidèles amis du Bangkok Hospital). Et nous voilà en pays khmer.

*

Deux semaines plus tard, c’est sans aucune hésitation que nous décernons le prix de la gentillesse absolue aux Cambodgiens. C’est juste fou. De la serveuse du petit boui-boui, aux chauffeurs de tuk-tuk, en passant par les employés du guesthouse, tout le monde est d’une bienveillance exceptionnelle. Souriant, intéressé (dans le bon sens du terme), délicat… Carrément aux petits soins avec nous. Je sais pas si on est particulièrement chanceux ou si les trois mots de khmer qu’on a réussi à apprendre (et qu’on prononce avec un accent qui fait probablement saigner les oreilles des locaux) nous mettent automatiquement dans leurs bonnes grâces, mais on rencontre juste des perles. Des perles de chez Perle.

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C’est fou de penser qu’un peuple peut dégager une telle chaleur après avoir vécu tant d’atrocités et ce, jusqu’à tout récemment. Les Khmers sont des écorchés vifs. Une histoire sinueuse et sanglante que nous peinons encore à démêler entre les envahisseurs Français et Vietnamiens, les bombardements des Américains, les champs de mines semés par les Vietcongs (qui explosent encore régulièrement), la guerre civile qui déchira le pays et les atrocités des Khmers Rouges (qui exterminèrent deux millions de Cambodgiens sur une population de moins de huit millions)…


Le sympathique et volubile propriétaire d’un café où nous sommes allés souper à Siem Reap a tenté pendant plus d’une heure de débrouiller pour nous – dans un français impeccable – la complexe histoire de son pays. Il nous disait comment le peuple khmer lui-même est complètement ignorant de sa propre histoire. Tragique conséquence d’un régime qui transforma les écoles en prisons – quand ce n’était pas en centres de torture –, qui tua les trois-quarts des professeurs du pays et qui interdit toute forme d’éducation, scolaire ou culturelle… Bref, le Cambodge a une histoire à glacer le sang.

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Quel contraste entre ce passé d’une noirceur insondable et cette lumière qui émane des Cambodgiens… On ne peut s’empêcher de penser que celui qui a connu l’enfer de près reconnaît plus facilement le bonheur quand il est là, ici et maintenant.