Logo

360 jours autour du globe: Épilogue philippin, première partie

Publicité

Même si nous avons passé un temps considérable aux Philippines, nous n’en avons eu qu’une vision sommaire. En partie à cause de l’étendue du territoire – plus de 7 000 îles – mais surtout parce qu’on a passé le plus clair de notre temps plongés dans nos projets plutôt que sur la route. Mais ce qu’on a perdu en exhaustivité, on l’a gagné en profondeur. Genre.

Observations de deux fins ethnologues.

* * *

Ce qui frappe en arrivant aux Philippines après la Thaïlande, c’est l’impression d’arriver en Amérique du Sud plutôt que d’être restés en Asie. Plus de trois cent cinquante ans de présence espagnole ont laissé une forte empreinte, non seulement sur la culture, mais aussi sur le code génétique des habitants. Après quatre siècles de métissage, les Philippins sont souvent peu ou pas bridés et ressemblent davantage à des Péruviens qu’à des Japonais. Des genres d’Asiatiques undercover.

*
Publicité

Fervents catholiques, les Philippins expriment leur amour de Jésus de multiples façons. Que ce soit tout en retenue, en se crucifiant sur la place publique à Pâques (vous avez sûrement déjà vu ça aux nouvelles) ou d’une manière plus expansive, en affichant leur foi à la grandeur de leur Jeepney (un genre de Jeep qui aurait fourré avec un autobus), à grand renfort de couleurs vives et de traductions anglaises douteuses. Les missionnaires espagnols sont sûrement repartis avec le sentiment du devoir sur-accompli. Et il y a probablement encore des Jésuites quelque part au paradis qui se font des high fives en regardant en bas, vers ces îles du Pacifique.

*

Si la cuisine philippine est truffée de classiques hispaniques – que ce soit les churros con chocolate ou le lechón grillé – les Philippins ont aussi gardé une touche bien personnelle. Par exemple, le fameux balùt, un embryon de canard cuit à la coque (avec le ti-bec, les tites plumes pis toute) et le pinikpikan, un poulet battu avec doigté afin de repousser l’ultime moment de sa mort et d’ainsi assurer aux convives une viande ecchymosée et coagulée à souhait. On en a testé zéro sur deux. Et on a un peu eu le goût d’appeler PETA.

*
Publicité

L’Équateur a perdu son titre de région abritant la plus grande biodiversité par mètre carré au monde au profit d’une chambre du centre-ville de Baguio. On pense d’ailleurs avoir aperçu Georges Brassard entre deux buissons de moisissure.

*

Vous pensiez que les Backstreet Boys n’étaient qu’un mauvais souvenir ? Que Roxette et les cheveux peroxydés avaient indéfiniment adopté le profil bas quelque part en 1992 ? Que Michael Bolton n’avait plus jamais dansé pis nous avait sacré patience avec ça ?

Erreur.

Comme le King avant eux, les artistes des années ‘80 et ‘90 ont trouvé refuge sur une île. Des îles, en fait. Les Philippines.

Depuis qu’on a posé le pied sur l’archipel, on évolue dans un véritable time warp musical. Shania Twain n’a jamais connu de ralentissement de carrière, Céline Dion chante It’s All Coming Back To Me Now (ouais, nous aussi) comme au premier jour et Barbie Girl sévit sur les ondes sans même se garder une petite gêne. J’ai quinze ans, des pantalons Orage et j’écoute Cimo 106 FM dans l’autobus qui m’amène à la polyvalente.
Les chansons se cachent pour mourir. Et on a trouvé leur planque.

Publicité
*