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3 choses que vous ne saviez pas sur le Montréal souterrain

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Avez-vous dĂ©jĂ  mangĂ© un Teen Burger dans le sous-sol du Centre Eaton, en guise de pause en plein milieu d’une razzia de magasinage? Ou bien lors d’une sortie sur la Sainte-Catherine, alors que vous Ă©tiez un adolescent de rĂ©gion fort impressionnĂ© par tous ces gros Ă©difices et ces rues inconnues?

Si oui, peut-ĂȘtre ne le saviez-vous pas, mais vous vous trouviez alors dans la plus grande ville souterraine au monde. On en entend souvent parler, de cette «underground city», mais on ne sait pas trop c’est quoi. La plus grosse au monde, vraiment? Elle est oĂč exactement?

Ne vous inquiétez pas, on est là: voici trois choses que vous ne saviez pas sur le Montréal souterrain


  1. C’est plus vieux que le mĂ©tro
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C’est l’urbaniste Vincent Ponte qui a eu l’idĂ©e de construire cette ville souterraine Ă  MontrĂ©al. Ç’a commencĂ© en 1962 (oui, avant le mĂ©tro!), avec la construction d’un centre d’achats souterrain Ă  la Place Ville-Marie, reliĂ© Ă  la gare centrale et Ă  l’hĂŽtel Reine Élizabeth.

Construction de la Place Ville-Marie – Photo d’archives, Radio-Canada.
Construction de la Place Ville-Marie – Photo d’archives, Radio-Canada.

Mais c’est vraiment avec l’arrivĂ©e du mĂ©tro, en 1966, que les tunnels ont pris de l’expansion, s’étendant Ă  la Place Bonaventure, au ChĂąteau Champlain, Ă  la gare Windsor, Ă  la Tour de la Bourse
 bref, ça commençait Ă  ĂȘtre considĂ©rable!

Les 32 km actuels ne permettent pas encore de faire un marathon souterrain à Montréal.

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Ça a continuĂ© Ă  grandir par phases: dans les annĂ©es 70, la construction du Complexe Desjardins a amenĂ© le dĂ©veloppement d’un «deuxiĂšme centre-ville». Puis, entre 1984 et 1992, les centres d’achats prĂšs des stations Peel et McGill ont accentuĂ© le dĂ©veloppement, puis ce fut le 1000 de la GauchetiĂšre
 Jusqu’à ce qu’on se rende aux 32 km actuels, qui ne permettent pas encore de faire un marathon souterrain Ă  MontrĂ©al — mais n’en parlons pas trop fort, qui sait ce qui pourrait arriver


Vincent Ponte Ă©tait un fan des downtowns, et pour lui, la meilleure façon de les dĂ©congestionner et de les dynamiser Ă©tait de construire des complexes souterrains. Il l’a aussi fait Ă  Dallas, mais MontrĂ©al reste sa piĂšce de maĂźtre.

Il faut dire que mis Ă  part des rĂ©parations en 2007 et 2008, l’histoire du Montreal Underground a Ă©tĂ© plutĂŽt remplie de succĂšs. Ponte a remportĂ© son pari: prĂšs de 500 000 usagers empruntent chaque jour le rĂ©seau de tunnels.

«On ne construit plus les choses pour qu’elles durent». Vincent Ponte.

Notons au passage que quand on parle de plus grande ville souterraine du monde, on parle manifestement de ce genre de développement bien précis, reliant des bùtisses et des magasins. Parce que si on parlait simplement de tunnels, on se ferait facilement planter, notamment par les carriÚres souterraines de Paris (125 km, dont 1,7 km sont devenus les fameuses Catacombes).

(Pas de Teen Burger en vue.)
(Pas de Teen Burger en vue.)
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Terminons cette section avec une citation de notre urbaniste, qui s’avançait sur l’avenir de MontrĂ©al en 1975: «D’ici l’an 2000, l’hĂŽtel Reine Élizabeth sera devenu crasseux. Tout ça fait partie de la façon dont la sociĂ©tĂ© change. On ne construit plus les choses pour qu’elles durent. Nous sommes bien nantis, et nous pouvons jeter les choses et les remplacer par d’autres qui sont plus neuves, plus grosses et meilleures.»

Alors que 2017 s’amorce, le Reine Élizabeth est fermĂ© pour rĂ©novations, on ne semble effectivement pas bĂątir avec comme premier souci la pĂ©rennitĂ©, et le rĂ©seau souterrain n’a jamais cessĂ© de prendre de l’expansion.

L’urbaniste Vincent Ponte.
L’urbaniste Vincent Ponte.

2. Ça intĂ©resse les touristes

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Quand quelque chose est la plus grosse DU MONDE, souvent, on rĂ©ussit facilement Ă  y attirer les touristes. La ville souterraine est d’ailleurs mentionnĂ©e dans plusieurs guides de voyage (quoiqu’apparemment c’est de moins en moins le cas, puisque la ville souterraine est pratique pour les locaux qui se dĂ©placent, mais pas tellement hallucinante pour les touristes).

Le genre de photos qu’on montre aux touristes pour les attirer dans la ville souterraine de MontrĂ©al.

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Ça n’empĂȘche pas que dans TripAdvisor, cette «attraction» a quand mĂȘme la cote de 4/5, qui est aussi attribuĂ©e au BiodĂŽme, Ă  l’Insectarium, au MusĂ©e GrĂ©vin et au Centre des sciences de MontrĂ©al. Ce n’est pas rien!

Dans les commentaires, en gĂ©nĂ©ral, les «accros du shopping» (ils s’appellent comme ça eux-mĂȘmes) sont satisfaits, ainsi que ceux qui ont peur de geler dans le terrible hiver quĂ©bĂ©cois.

Mais comme tout le monde le sait, sur TripAdvisor, ce qu’il y a de mieux, c’est d’aller voir les commentaires laissĂ©s par les internautes qui ont attribuĂ© la note «Horrible» Ă  l’endroit. En voici une petite compilation: Vincent Ponte, on s’excuse, mais c’est trop drĂŽle.

«Rien d’extraordinaire
 prĂ©fĂ©rez les parcs et les monuments.» – Un jeune homme pas accro au shopping.

«Vous adorerez le «MontrĂ©al souterrain», arnaque mise sur pied par les agences de tourisme qui font croire aux voyageurs que les MontrĂ©alais ne mettent pas le nez dehors l’hiver. MĂȘme si le rĂ©seau reliant sous terre les stations de mĂ©tro de MontrĂ©al est important, il n’y a aucun intĂ©rĂȘt Ă  se promener dans de grands centres commerciaux hideux sous terre. À fuir.» – Un MontrĂ©alais qui fait de la prĂ©vention.

«Je n’ai jamais rĂ©ussi Ă  trouver la ville souterraine, je suis vraiment fĂąchĂ©e.»

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«Je me suis aussi fait mentir par les locaux quand j’ai visitĂ© MontrĂ©al. Une «ville souterraine», qu’ils m’ont dit. Oui c’en est une, si la seule chose que tu fais est de magasiner dans des grosses chaĂźnes de magasins, te faire manucurer, coiffer et manger des pretzels chers.» – Un Ougandais qui aurait mieux fait d’aller acheter des bagels dans le Mile-End.

«La seule raison pour laquelle je donne une Ă©toile, c’est parce que le dĂ©jeuner qu’on y a pris Ă©tait correct et que le service au restaurant Ă©tait vraiment bon.» – Une touriste qui aime ses oeufs bien tournĂ©s.

«Je n’ai jamais rĂ©ussi Ă  trouver la ville souterraine, je suis vraiment fĂąchĂ©e. Aucune Ă©toile!!!!!!! Je ne suis vraiment pas contente!!!!!!!! Pourquoi est-ce qu’il n’y a aucun signe pour l’indiquer?» – Une touriste qui surutilise le point d’exclamation et qui ne connaĂźt pas la signification des petites pancartes RĂ©so.

Oui, c’est ça que ça veut dire.

3. Il y a un deuxiÚme Montréal souterrain


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Sur son site undermontreal.com, Andrew Emond propose des images quand mĂȘme
un brin plus excitantes que des photos du Centre Eaton


On va se le dire, ce qu’il manque Ă  la ville souterraine, c’est un peu de mystĂšre. Des couloirs propres, des magasins populaires, des hamburgers
 oĂč est tout le romantisme que semble receler le mot underground ?

Le photographe Andrew Emond nous amĂšne peut-ĂȘtre plus prĂšs de quelque chose qui y ressemble. Depuis 2009, il explore les Ă©gouts de MontrĂ©al et autres infrastructures souterraines interdites d’accĂšs au grand public.

Ses images sont magnifiques.

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Comme ce n’est peut-ĂȘtre pas le meilleur endroit pour amener les enfants en vacances,
on peut se contenter de suivre Andrew Emond
sur son site undermontreal.com.

Ses histoires aussi sont formidables. Il s’est fait arrĂȘter une fois, a fait du bateau dans certaines sections des Ă©gouts et investiguĂ© certains objets du passĂ© retrouvĂ©s dans les canalisations.

Mais bon, c’est illĂ©gal, et quant Ă  convaincre les visiteurs, il faut dire qu’un Ă©gout, ça sent en gĂ©nĂ©ral moins bon que la section des parfums du La Baie.

Reste que c’est beau.

Si ça vous a donnĂ© envie de vous promener sous terre un peu, du 4 au 26 mars prochains, le festival Art Souterrain propose la neuviĂšme Ă©dition de son parcours d’art contemporain, cette annĂ©e sous le thĂšme Jeu et Diversion.

Avis aux touristes: là, c’est le temps d’y aller!

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