25 ans passés et toujours cartés

« Vincent, t’as l’même âge que moi. Pourquoi t’es quand même plus vieux? » À l’image de cette punchline d’Orelsan dans son rap Défaite de famille, deviner l’âge d’une personne peut s’avérer un exercice périlleux.

Corinne a 31 ans, mais semble en faire 10 de moins. La voix assurée, elle estime que son attitude donne un indice de son âge à ses interlocuteurs, sans toutefois renverser totalement leur première impression. « Des fois, je pense que des personnes me donneraient moins de 18 ans! Mais ils réajustent le tir après quelques interactions. »

Paraître plus jeune, ça veut (évidemment) dire se faire carter à la SAQ, dans les bars et les boîtes de nuit. Louisa, 25 ans, à qui on donne « entre 20 et 23 », se souvient de son entrée dans l’âge adulte. « J’ai toujours fait plus jeune que mon âge! Le moment où je l’ai vraiment remarqué, c’est quand j’ai eu 18 ans. Dans les bars ou à la SAQ, on me demandait systématiquement mes cartes d’identité, mais ce n’était pas le cas pour mes amis du même âge. »

Si « défier le temps » fait plutôt plaisir à Louisa, des situations, disons, cocasses peuvent aussi en découler. « Lors de différentes dates, des garçons ont voulu s’assurer que j’avais vraiment 18 ans, alors il a fallu que je leur montre ma carte! » raconte Louisa, encore un peu étonnée, mais pas vexée.

Corinne trouve un certain plaisir à observer l’attitude des gens devant son âge incertain. « Ça me flatte un peu, admet-elle. Je trouve ça drôle de rendre les gens mal à l’aise quand ils essayent de deviner mon âge. » Par contre, pour des dates, l’aisance n’est pas la même. « J’avais une date avec un homme de 43 ans. La différence d’âge ne me gênait pas, mais mon âge apparent était une préoccupation. J’avais l’impression que notre différence d’âge était encore plus marquée. Je ne me sentais peut-être pas à la hauteur », confie-t-elle.

Restons dans l’intime. Si, socialement, une apparence jeune est considérée comme séduisante, c’est en réalité la porte d’entrée dans la case « plan d’un soir » selon Sanjit, 31 ans. Lui préfère les relations sérieuses. « Les filles que je rencontre pensent que j’ai 25 ans, parfois 27, semble se décevoir Sanjit. Certaines personnes sont curieuses de connaître mon âge et sont assez étonnées de ma réponse, surtout lorsque je suis rasé! » poursuit-il.

Dans les relations amicales aussi, paraître plus jeune étonne et détonne. L’anecdote la plus incongrue vient de Corinne. En visite chez des amis ayant des enfants, la jeune fille lui a demandé : « T’es-tu une adulte ou une enfant? » « J’ai trouvé ça drôle que même pour elle, il y ait un doute! » souligne-t-elle, encore amusée par la situation.

Louisa se rappelle aussi avoir été considérée comme une enfant, mais en garde un souvenir un poil irrité. « Récemment, j’ai eu un problème de machine à laver et ma mère et moi sommes allées au magasin pour régler le problème. C’était donc MA machine à laver, mais le vendeur s’adressait exclusivement à ma mère qui m’accompagnait. »

Est-ce que paraître jeune est un frein dans le milieu professionnel? Louisa, qui travaille en droit de l’immigration, le confirme : « Au plus fort de la pandémie, je ne pouvais pas rencontrer mes clients. L’un d’eux, pour lequel j’avais déjà déposé plusieurs demandes d’immigration, n’avait aucune espèce d’idée de mon apparence », raconte Louisa. Elle a finalement rencontré le client en personne pour lui faire signer les papiers de sa dernière demande. « J’avais déjà traité plusieurs demandes d’immigration en son nom – des demandes acceptées – et, malgré ça, sa réaction en me voyant a été de me demander si j’étais apte à faire des demandes aussi complexes », se rappelle-t-elle, fière malgré tout d’avoir gardé son sang-froid.

Corinne a travaillé à l’université comme technicienne en laboratoire photo et se rappelle que certains étudiants la prenaient pour une des leurs. Mais pour démontrer ses compétences, elle n’a pas eu à mener une campagne de persuasion auprès de son équipe et des clients. « Mes patrons me connaissaient depuis longtemps et me faisaient confiance. »

On ne peut pas finir sans évoquer les bons côtés évidents du pied de nez aux effets de l’âge. « Je n’ai pas la lourdeur de me voir vieillir, remarque Corinne, alors que mes amis sont parfois angoissés par le temps qui passe. » La peur de devenir vieux, Sanjit la combat en avançant que « l’âge n’est qu’un chiffre et la meilleure chose est de pouvoir compter dessus ».

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Tout comme Corinne, Louisa et Sanjit, beaucoup d’autres personnes ne font pas leur âge! C’est ce que vous constaterez sur la page Instagram de 16 ou 24.

Conclusion : ce n’est pas évident de deviner l’âge des gens, et encore moins s’ils portent un masque! Si vous vous faites carter à la SAQ, prenez-le comme un compliment et sortez fièrement vos cartes.