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2012 en musique: Lisa Leblanc, Grimes et
 Gangnam Style

On n'en avait que pour des nouveaux visages en 2012

Par
Estelle Grignon
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URBANIA Musique continue de cĂ©lĂ©brer la dĂ©cennie qui s’achĂšve avec sa sĂ©rie sur les chansons qui l’ont marquĂ©e. Ici, on replonge dans l’annĂ©e de tous les carrĂ©s rouges: 2012.

Je me sens mal pour mes collĂšgues de classe qui ne se sentaient pas touchĂ©s par la cause. Il y a quelque chose d’effervescent dans l’idĂ©e de foutre le bordel un petit peu aux noms de ses idĂ©aux, et de le faire en gang. La vie ne donne pas beaucoup de chances de faire la grĂšve du CĂ©gep, et je suis contente d’avoir eu l’occasion de foxer des cours pour aller en autobus jaune manifester Ă  MontrĂ©al. En 2012, les jeunes cools et branchĂ©s avaient deux passions : faire des AG ridiculement lourdes, et Ă©couter de la musique. Ça tombe bien : les succĂšs populaires cette annĂ©e-lĂ  Ă©taient assez bons merci.

Le hit de l’annĂ©e

Vous souvenez-vous de Gotye? C’est le gars qui a fait Somebody That I Used to Know, et exactement zĂ©ro (0) autre chanson pertinente dans l’histoire de l’humanitĂ©. Mais tant qu’à avoir un seul hit, il a rĂ©ussi Ă  le faire en grand. Son duo avec la NĂ©o-ZĂ©landaise Kimbra Ă©tait partout en 2012.

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C’est particulier parce que la chanson, Ă  premiĂšre vue, ne semblait pas destinĂ©e Ă  ĂȘtre un hit. Le refrain prend beaucoup de temps Ă  arriver, la piĂšce est plutĂŽt mollo et aucun des artistes prĂ©sents n’a aucune espĂšce de star power. Mais 2012, c’était une autre Ă©poque. La mĂȘme semaine, la chanson est apparue dans l’émission Glee et a Ă©tĂ© chantĂ©e Ă  American Idol. On rajoute un petit tour Ă  Saturday Night Live et la chanson s’est emparĂ©e du sommet du palmarĂšs amĂ©ricain pendant huit semaines. Son vidĂ©oclip iconique n’a certainement pas nui.

Autres gros hits

Glee, c’était vraiment puissant back in the days. L’émission culte prĂ©sentait plusieurs reprises de grands succĂšs. Mais une bonne chanson reste une bonne chanson, et We Are Young a rĂ©ussi Ă  sĂ©duire les producteurs avant mĂȘme sa sortie officielle. Par la suite, la piĂšce s’est retrouvĂ©e dans une publicitĂ© de char pendant le Super Bowl, et le groupe fun. obtenait son premier vĂ©ritable succĂšs populaire. Mention spĂ©ciale Ă  Janelle MonĂĄe. Tout le monde l’oublie tout le temps, mais elle aussi chantait lĂ -dessus.

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Une autre artiste venue d’un peu nul part a atteint le haut des palmarĂšs en 2012. Carly Rae Jepsen Ă©tait une ex-candidate de Canadian Idol et pas grand-chose de plus au dĂ©but de l’annĂ©e. Mais ça, c’était avant que sa piĂšce Call Me Maybe devienne une mĂ©ga bombe internationale. La Canadienne ne rĂ©ussira jamais Ă  obtenir un succĂšs aussi marquant du reste de sa carriĂšre. Techniquement, a aussi atteint le numĂ©ro un au Canada avec Good Time, un duo avec Owl City. Mais l’imaginaire collectif a supprimĂ© cette derniĂšre chanson dans le temps qu’il faut pour dire « Kony 2012 ».

Enfin, c’est impossible de parler de 2012 en musique sans mentionner Gangnam Style de Psy, la plus grosse toune de pop corĂ©enne Ă  ce jour. Évidemment, le vidĂ©oclip dĂ©calĂ© y est pour quelque chose, et la danse qui l’accompagne est devenue un vĂ©ritable phĂ©nomĂšne. Si bien que le clip deviendra la vidĂ©o le plus regardĂ©e de l’histoire de YouTube en novembre, quatre mois aprĂšs sa sortie. Son succĂšs forcera le palmarĂšs Billboard Ă  revoir ses critĂšres et Ă  inclure, dĂšs fĂ©vrier 2013, les vues sur YouTube dans sa mĂ©thodologie.

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Au Québec

Vous souvenez-vous de Robyn dans la chronique sur 2010? En plus de Dancing on my Own, elle avait aussi fait paraĂźtre Call Your Girlfriend Ă  l’époque. Le lien avec le QuĂ©bec? Marie-Mai a dĂ©cidĂ© de reprendre la chanson pour en faire Sans cri ni haine. À part les paroles en français, les diffĂ©rences entre les deux versions sont plutĂŽt subtiles. La piĂšce sera un hit immense au printemps, et mettra la table pour son album Miroir, qui sortira Ă  l’automne. C.O.B.R.A. et Jamais Ailleurs vont aussi atteindre le sommet des palmarĂšs radiophoniques en 2012. Les stations de radio ont aussi un faible pour Karim Ouellet, qui obtient tout un succĂšs avec la piĂšce L’amour.

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Les programmateurs musicaux sont par contre un peu plus frileux quand vient le temps de faire jouer du Lisa Leblanc. Qu’à cela ne tienne : la fiertĂ© de Rosaireville au Nouveau-Brunswick devient une vedette du jour au lendemain. Aujourd’hui, ma vie c’est d’la marde devient un succĂšs redoutable, peu importe son abrasion. La chanteuse acadienne rafle le prix de dĂ©couverte de l’annĂ©e Ă  l’ADISQ et les treize piĂšces de son premier album Lisa Leblanc montrent qu’elle a bien plus qu’une corde Ă  son arc.

SuccĂšs critiques

En 2012, on dĂ©couvre le nouveau roi du rap amĂ©ricain : Kendrick Lamar. King Kendrick devient rapidement l’un des rappeurs les plus en vue de la planĂšte avec good kid, m.A.A.d. city. Tout d’un coup, la rap game prend un nouveau virage. Si Kanye West et Jay-Z s’amusent sur les palmarĂšs avec N***** in Paris, le titre de leur album Watch the Throne paru l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente devient une drĂŽle de prophĂ©tie.

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C’est toutefois Frank Ocean qui fait frĂ©mir les critiques en 2012. Son album Channel Orange repousse les limites du R&B. Le bouche-Ă -oreille fera de la dĂ©licate Thinkin Bout You un futur classique. Mais c’est l’épopĂ©e de Pyramids, qui frĂŽle les dix minutes, qui est la vĂ©ritable piĂšce maĂźtresse de l’album.

Au QuĂ©bec, les bons disques sont nombreux, mais assez tranquilles. DĂ©jĂ , Louis-Jean Cormier met son groupe Karkwa de cĂŽtĂ© pour faire paraĂźtre son tout premier album solo, Le treiziĂšme Ă©tage. Les mĂ©lomanes sont conquis sur le coup : les autres le dĂ©couvriront lorsqu’il sera nommĂ© juge Ă  La Voix un peu plus tard. Dans un style similaire, le groupe Avec pas d’casque prouve qu’il est bien plus qu’un projet de vanitĂ© pour le cinĂ©aste StĂ©phane Lafleur. On joue dans un folk-rock vaguement atmosphĂ©rique avec le troisiĂšme album du groupe Astronomie, qui mĂ©rite plusieurs distinctions.

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Enfin, 2012, c’est l’annĂ©e oĂč MontrĂ©al redevient la capitale canadienne du cool. Si bien que deux Canucks de l’Ouest se serviront de la mĂ©tropole comme tremplin pour leurs carriĂšres. Originaire d’Edmonton, Mac DeMarco se fait connaĂźtre avec son album 2. On y trouve un rock mielleux, lent et mĂ©lodieux, qui sent un peu la clope. La vraie MVP toutefois s’appelle Grimes. NĂ©e Claire Boucher, l’étudiante de McGill devient une sensation planĂ©taire avec son album Visions. Si bien que la piĂšce Oblivion se retrouve sur toutes les listes de fin d’annĂ©e. La VancouvĂ©roise raconte Ă  l’aide d’un texte sombre la vulnĂ©rabilitĂ© qui l’accompagne constamment aprĂšs une aggression. L’excellent vidĂ©oclip la place dans les univers les plus masculins possible – un match de football, un spectacle de motocross au Stade Olympique, un mosh pit de gars en chest – oĂč elle semble inĂ©branlable.

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