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2011 : annus Canada

Par
Pascal Henrard
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N’allez pas croire que j’ai fait une faute d’orthographe. L’annus dont il est question ici est l’horribilis que vient de nous infliger le Canada. Mais j’aurais peut-être dû écrire « anus Canada » pour augmenter le taux de Googlage rigolo.

Autrefois, le Canada était un pays de rêves.

Des grands espaces vierges, une nature généreuse, un peuple affable, accueillant et pacifique, des politiques internationales enviées et encensées, un respect de l’autre et de ses différences, un pays fabuleux où la liberté d’expression n’avait d’égal que la transparence des institutions et l’écoute des populations. Des millions de lacs d’eau pure, des forêts à perte de vue, des cabanes de bois rond, des villages blottis sous la neige, des ours blancs à foison, des rennes qui gambadent.

Bref, c’était le pays du Père Noël. En vrai.

Le Canada montrait l’exemple au reste de la planète. Il avait un désir puissant de prêcher l’harmonie dans le concert des nations, son bilinguisme parfois timide était encouragé partout et obligatoire dans les plus hautes instances du pays, sa télé publique était libre, vive et appuyée par l’état.

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En ce temps-là, le Canada, ce n’était pas encore Céline Dion sur toutes les ondes, Tim Horton à tous les coins de rue ou la ruée vers les sables bitumineux. C’était plutôt la patrie des casques bleus, de Greenpeace et des frasques de Margaret Trudeau.

Et puis, en mai 2011, Stephen Harper a obtenu, avec 40 % des suffrages, un gouvernement majoritaire.

Désormais, le Canada est la risée de la planète.

Ce pays merveilleux est passé de héros à zéro en moins de temps qu’il n’en faut à Stephen Harper pour accrocher un portrait d’Elizabeth 2 sur le mur d’un ministère canadien.

Aux yeux de la planète, le Canada est le cancre de l’année qui a tourné le dos à Kyoto comme un malpropre qui pète à la face du monde.

En 2011, le bruit des bottes et des chars d’assauts a pris la place du bruit de l’eau et du chant des oiseaux. Les armes à feu ont repris du galon, malgré les tueries, les demandes des gouvernements provinciaux sans pouvoir et les désirs pacifistes du Québec. La face d’une mémé à chapeaux a remplacé les tableaux d’artistes locaux. L’air des grands espaces pue le pétrole. Les enfants délinquants risquent la prison. La culture et les arts sont plus menacés que les ours blancs. Et le père Noël a demandé l’asile climatique à la Finlande.

Joyeux Noël ! Et bonne annus !

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