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10 constats faits en 2012

Par
Judith Lussier
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Comme il s’agit de mon dernier billet avant Noël et que je sais que vous êtes forcés d’être présents au travail jusqu’à vendredi même si votre party de bureau vous a déjà mis en mode vacances, je vous ai préparé une liste pour passer le temps. Vous aimez ça les listes, non? Voici donc mes 10 révélations de 2012.

1. Les extraits de show sont encore la meilleure façon de vendre de l’humour
Il n’est pas dans mes habitudes de refuser une nouvelle proposition artistique. Quand on a critiqué le clip «yeux charbonneux/ailes d’anges» de Marie-Élaine Thibert, par exemple, j’ai été la première à dire «au moins elle a essayé quelque chose de différent». Mais après avoir vu les publicités des spectacles de Sugar Sammy (celle où il dit «Bonsoir Matane!», d’Alexandre Barrette (celle où il décourage les gens d’acheter les billets de ses compétiteurs), de Peter McLeod (celle dans laquelle on ne comprend pas pourquoi son chien devrait rester à la maison), de Pierre Hébert (celle où il nous rappelle qu’il a gagné un Olivier) et de Claudine Mercier (celle que personne n’aime), j’en conclus que le meilleur moyen de vendre un spectacle d’humour, ça demeure la bonne vieille combinaison «extraits de show/commentaires du public en sortant». Lise Dion qui crie comme une perdue? Vendeur. Martin Petit qui fait une blague de totons d’Anne-Marie Losique? Ça fonctionne. Les extraits de show sont une formule qui a fait ses preuves et je ne vois pas pourquoi on essaierait autre chose. À moins qu’on s’appelle Louis-José Houde, qu’on n’ait pas vraiment besoin de publicité pour vendre son spectacle et qu’on décide d’utiliser son budget pour faire la promotion du dernier album de Karkwa.

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2. Il y a des limites à ce qu’on peut mettre sur le compte du second degré
Non, je ne vous parlerai pas des blagues homophobes de Gab Roy, parce que je risque juste de me ramasser avec 21 demandes d’amitié d’ados prépubères ou de Fathers 4 Justice voulant m’expliquer que je ne comprends rien au second degré, à la liberté d’expression et à l’art raffiné de la bêtise ironique. Non. Quand je dis qu’on ne peut pas tout mettre sur le compte du second degré, je veux tout simplement parler de ça.

3. Les réseaux sociaux sont entrés dans une ère de métadiscours
Avant, il y avait des statuts. Puis, il y a eu des statuts gossants. Maintenant, il y a des statuts à propos des statuts gossants. Pour vous donner un exemple, je vous fais une prédiction plus certaine que celle des Mayas pour le 21 décembre : il y aura autant de statuts sur la fin du monde que de statuts qui chiâlent contre les statuts de fin du monde.

4. Le Québec n’a plus besoin de nouvelles histoires
Les auteurs de fiction sont aussi bien de se trouver un plan B pour survivre, parce qu’on n’aura bientôt plus besoin d’écrire de nouvelles histoires. Ça a l’air que les Québécois n’ont besoin que de quelques faits divers, des pièces de théâtre de Michel Tremblay, des souvenirs de Denise Filiatrault et des Belles histoires des pays d’en haut, recyclés dans tous les formats, pour combler tous leurs besoins en divertissement pour les 30 prochaines années.

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5. Les gens sont alimentairement psychorigides
Avant les publicités du Commensal ventant les mérites du flexitarisme je ne savais pas que pour certaines personnes, il était inconcevable d’aller dans un restaurant végétarien quand on ne l’était pas. Depuis, je me demande si ces gens-là croient qu’on naît végétarien. Remarquez que certaines personnes souffrent aussi d’agri-rigidité : un potager, ça va dans la cour arrière.

6. Même Fred Pellerin peut être impressionné par Céline Dion
Avant, je pensais que certaines personnes étaient au-dessus de tout. Dans cette catégorie de gens que le succès n’impressionne pas, je mettais Roy Dupuis, Daniel Bélanger, Denise Bombardier et Fred Pellerin. Ok, Denise Bombardier, c’était juste pour avoir une femme dans mon énumération, mais Fred Pellerin, je pensais vraiment qu’il était de la trempe des inébranlables. Puis, je l’ai vu, impressionné comme un p’tit gars, écouter la plus-grande-chanteuse-au-monde lui dire qu’on avait besoin de p’tits gars comme lui. Accessoirement, en 2012, j’ai aussi découvert que Fred Pellerin + une petite guitare + Mille après mille + Céline Dion, ça torche, ce qui m’amène à mon prochain point.

7. Le folk, c’est pas si pire, finalement
Je sais pas si c’est la mode ou l’âge, qui font ça, mais jamais je n’aurais cru que la musique folk (mettez là-dedans tout ce qui contient une guitare sèche et/ou un harmonica) ferait mon affaire de même. Merci pour ça à Lisa Leblanc, Avec pas d’casque, les Hay Babies, Jimmy Hunt, la personne qui a écrit ça et l’ouragan Isaac, qui a fait sortir Zachary Richard de chez lui.

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8. À un moment donné, tu vois des carrés rouges partout
Je sais pas si ça vous a fait ça à vous aussi, mais au sommet du printemps étudiant, je me suis mise à voir des carrés rouges partout. Je regardais des vieilles émissions des années 80 et j’avais l’impression d’en voir. En voyage aux États-Unis j’en voyais. J’en voyais même sur ma mère! Mais je ne suis pas la seule apparemment, Éric Duhaime, ça lui fait ça encore.

9. C’est de plus en plus difficile de faire des jokes
Avec les réseaux sociaux et la prolifération de blogueurs peu ou prou rémunérés sur des plateformes comme le Huffington Post ou le journal Voir, je trouvais que mon plan de vie (devenir Patrick Lagacé en fille) était pas mal menacé. Maintenant, tout le monde donne son opinion gratuitement. Mais en voyant les pétrins dans lesquels se sont retrouvés Guillaume Wagner, Laurent Paquin et Mahée Paiement, je me dis que ça aurait pu être pire: j’aurais pu vouloir devenir humoriste.

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10. Oui, on peut faire une overdose de mauvaises nouvelles
C’est sûrement ce qu’on s’est dit quand on a créé la bonne nouvelle TVA, avant qu’il ne s’agisse du festival du coupage de rubans et de la plogue de bonnes causes. Après le drame de Drummondville, la libération de Guy Turcotte, l’appel de Cathie Gauthier, et la tuerie de Newtown, qui nous rappellent tous que des adultes, ça peut tuer des enfants, le meilleur plan était de se tourner vers un journal satirique pour obtenir du réconfort. Et d’écrire une chronique insipide qui vous ferait, c’était mon souhait le plus cher, penser à autre chose pour au moins cinq minutes. Bon temps des fêtes les amis.


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