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10 Ciné-Cadeau weird des années 80-90

Par
Charles Beauchesne
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Lundi matin, je me suis assis dans mon sofa comme à l’habitude, télécommande en main, petit déjeuner répréhensible de célibataire sur les genoux (un bol de céréales Count Chocula, deux oeufs-sardines et une cigarette) pour réaliser avec stupéfaction qu’on diffusait Poulets en Fuite à 9h30 du matin. Eh oui, c’est une fois de plus ce moment de l’année où Télé-Québec plonge un poing dans la cage thoracique de notre génération de grands enfants pour en extraire le coeur à grand coup de nostalgie hypnotisante de cette douillette sécurité des Noëls passés qu’on tente vainement, année après année, de reproduire… Seigneur que j’ai 29 ans… Anyway, Ciné Cadeau is back baby! *Hymne à la joie de Beethoven*

Oh que oui! La programmation nostalgique du temps des fêtes nous revient en force comme à chaque année, intuable comme un monstre de film d’horreur, et cette année, une semaine de plus qu’à l’habitude par-dessus le marché! On niaise plus, la magie des fêtes directement dans la gorge ça commence le 7 décembre, parée à vous envoyer des vieux Astérix derrière la cravate sans compter tout un éventail de films de Tintin qui ont super mal vieillis (Essayez de tougher quinze minutes de L’Affaire Tournesol. Allez y mes tabarnak! Je vous mets au défi!). En fait, après avoir jeté un coup d’oeil à la programmation, Astérix et Tintin sont possiblement les derniers piliers de cette tradition des années 80 à avoir survécu jusqu’ici sans avoir été remplacés par Madagascar, Spirit l’étalon des Palines ainsi qu’un paquet d’abominations européennes en 3D qualité Z borderline inécoutable. Au point où on en est, se débarrasser de Tintin et Astérix aurait été de la pure hérésie, trop tard, ça fait vingt ans qu’ils ont le doigt dans l’engrenage. Je suspecte encore les diffuseurs de les avoir laissés au programme de peur de se faire poignarder dans la rue par un jeune trentenaire…

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Néanmoins, nouvelle génération, nouveaux goûts du jour, on n’y peut rien. D’ailleurs j’ai comme un doute persistant que les enfants de 2015 apprécieraient pleinement les «classiques du temps des fêtes» diffusés à mon époque: LES TERRIFIANTES ANNÉES 90! The dark age of Ciné-Cadeau! Lunettes de nostalgie à part, les vétérans du cinéma familial des fêtes ont eu droit eux aussi à leur part d’animations européennes franchement weird, quelquefois totalement déprimantes, dans cette décennie ou Hutchi la petite abeille nous a tous appris que ton meilleur ami pouvait à tout moment être mangé par une grenouille. Étant de ces individus dotés d’une mémoire spectaculaire pour les souvenirs d’enfance inutiles, dirigeons nous vers le grenier poussiéreux de feu Radio-Québec (oui oui les jeunes, ça s’appelait véritablement comme ça, même à 60 ans de la Deuxième Guerre mondiale) et revisitons, si vous le voulez bien, quelques classiques oubliés (certains pour de très bonnes raisons) dans ce palmarès des…

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Commençons soft, Peter le chat sans queue est un dessin animé Suédois (Pelle Svanslös) mettant en vedette, vous l’aurez deviné, un chat du nom de Peter (parfois Pierre ou Polo, dépendamment de la boîte en charge de la traduction) se démarquant par une totale non-présence de queue. Issu d’une ferme laitière, Peter découvre les mystères de la vie en ville et s’intègre progressivement à sa communauté de chats anthropomorphes qui portent des chapeaux et des noeuds papillon. Évidemment, il sera victime de discrimination, avoir une queue étant un trait génétique très prisé chez les chats suédois, mais réussira néanmoins à prouver que la vraie valeur d’un individu ne se mesure pas à la longueur de sa queue *rire de fillette* mais bien à la grandeur de son courage, de sa détermination et blablabla… À un moment donné il y a des olympiades et un concours d’arithmétique féline, peu importe comment ça fonctionne, et Yves Corbeil fait la voix du méchant. Croyez-le ou non, il y a une suite : Polo en Amérique. Si seulement c’était une blague…

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Katy est une petite chenille aventureuse qui ne tient pas en place. Laisse les branches du cerisier qui l’abritent, elle et ses soeurs, et se lance dans une «fabuleuse épopée» qui lui fera rencontrer toutes sortes de créatures, ouvrir ses horizons et ainsi de suite, classique scénario «métaphore du passage à l’âge adule». Heureusement, le punch final n’est absolument pas qu’elle se transforme en papillon à la fin. Je déconne, bien sûr qu’elle se transforme en papillon à la fin ! Le film eut un succès relatif pour un scénario dont le personnage principal est une larve, et se verra même octroyer une suite : «Katy et les extraterrestres». Si SEULEMENT c’était une blague…

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Non, ce n’est pas votre traditionnelle aventure de Garfield qui déteste les lundis et envoie des one-liners à son maître en dépression. C’est bien pire ! Tout débute avec un segment weird où Garfield se fait dessiner par nul autre que Dieu, pour que s’en suive un cauchemar existentialiste où le spectateur est convié à revisiter chacune des neuf vies de Garfield, comme une espèce de Higlander pour enfants. On passe donc en un peu moins d’une heure à explorer les possibles de Garfield des cavernes, Garfield en Égypte antique, sans compter des segments plus dramatiques où Garfield, dans le plan d’existence où il était une chatte blanche, se lie d’amitié avec le bébé de sa maîtresse et fait la paix avec l’inévitabilité d’être remplacé avant de mourir. En fait, Garfield meurt pas mal de fois en soixante minutes ! Préparez-vous à des conversations super métaphysiques avec vos enfants alors que le chat orange préféré de toute la famille se rapproche un peu plus à chaque réincarnation du néant absolu de la mort définitive. D’ailleurs, ne me partez surtout pas sur le segment «Garfield animal de laboratoire», c’est un véritable cauchemar du Vietnam !

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Dessin animé suédois (ben oui, encore !) super angoissant inspiré de «La tempête» de Shakespeare. Des enfants tentent de fuir une cité industrialisée où ils sont des esclaves en trouvant refuge sur une île déserte supposément fantastique, mais dû au style d’animation de l’époque, teintée d’une atmosphère très «mauvais buvard». Un autre ciné cadeau dans la lignée des délires européens sinistres, laissez-moi vous dire que quand c’est «Voyage à Mélonia» qui te clôt la saison des fêtes (comme ça m’est arrivé en 1994) ça te fuck une innocence d’enfant sur un esti de temps, j’ai jamais autant ressenti le besoin de retourner à l’école.

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Ouf… Par où commencer ! Atroce mélange d’animation suédoise (mais bien sûr…) et de scènes filmées, agencées les unes aux autres avec la subtilité des muppets dans un Hercule Poirot, Dunderklumpen entre dans la catégorie de ce que j’appelle : les cauchemars des années 70. En gros, Dunderklumpen, une espèce de farfadet/lutin/monstre/gros retardé consanguin, donne vie aux jouets d’un enfant et les emporte avec lui pour en faire sa famille. Doublez tout ça d’un méchant qui se déplace sur une bicyclette volante qui imprime de la fausse monnaie (j’ai abandonné à ce stade-ci…), le même continuel riff de guitare qui joue en boucle en guise de trame sonore, ainsi que de très mauvaises interactions entre des comédiens et le vide total qui sera remplacé par l’incarnation de la terreur sous forme d’animation, et vous obtiendrez… Une incontrôlable envie de vous rincer les yeux avec L’affaire Tournesol.

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Deux jeunes cachalots font leurs apprentissages à l’école de la vie en partant sur les traces de leur ancêtre, nul autre que le légendaire Moby Dick. Wow ! Voulez-vous bien m’expliquer comment cette merveille a bien pu sombrer dans l’oubli ? Si c’est pas le meilleur scénario depuis «les nazis dans l’espace» je m’appelle Dunderklumpen ! Deux scènes particulièrement mémorables, un flashback du capitaine Achab se faisant engloutir par le cachalot le plus démoniaque que j’ai vu de mémoire d’homme, sans oublier cet instant larmoyant (et soyons honnête excessivement sinistre) où les baleineaux tentent de trouver le chemin du pôle Nord en demandant des indications au cadavre d’un autre cachalot mort depuis des semaines… Le regard vide de ce satané cadavre de baleine me hante encore aujourd’hui… On niaisait pas avec avec les émotions des enfants en 1984 !

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Aussi connu comme «Aladdin le manga», on a ici droit à une interprétation tout à fait japonaise de ce conte des mille et une nuits. Animation mémorable (vous voyez ce qui arrive quand c’est pas des suédois ?) décors enchanteurs, personnages attachants, fantômes de serpents géants, génies de 700 pieds de haut, et que dire du climax où Aladdin et la princesse Badralbudur (elle ne s’est jamais appelée Jasmine viarge !) tentent de fuir le palais du sorcier alors qu’il s’enlise lentement dans les sables mouvants ! Les perses à leur plus badass, nom d’une pipe ! Aucune relation sexuelle ne peut maintenant topper le plaisir que j’ai eu en écoutant cette merveille ! Une chance que le Japon existe…

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Une autre merveille (coudonc 1982 ?), Le vol des dragons nous transporte dans un univers médiéval-fantastique où un groupe de magiciens chevauchant des dragons (fuck yeah !) tentent de combattre l’avancée de la science sur la magie en créant un monde secret où pourront trouver refuge toutes les créatures de Donjons et Dragons… Euh, je veux dire les créatures magiques ! Le protagoniste est nul autre qu’un concepteur de jeux de rôles, catapulté dans cet univers où il explique de façon cartésienne la plupart des phénomènes magiques, tuant royalement le buzz de ses compagnons elfes, chevaliers, dragons… Il y a un loup aussi messemble… Anyway, des dragons, come on ! Tu peux simplement pas battre ça ! Désolé Samson et Sally, vous avez eu votre 15 minutes.

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Une jeune licorne apprend qu’elle est la dernière de son espèce, décimée par un taureau géant en feu (Meh, pourquoi pas…), et à l’aide d’un groupe d’aventuriers elle tente de… Les retrouver malgré tout? Étrange… Anyway, c,est grosso modo Le vol des dragons avec des licornes !

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Cette fois-ci, préparez vos mouchoirs, disons que les Japonais n’y sont pas allés de main morte. Nous suivons donc les aventures de Tistou “un générique enfant parfait qui découvre avec innocence l’horreur du monde des hommes” alors qu’il exploite son pouvoir, récemment découvert, de faire pousser des fleurs magnifiques sur peu importe ce qu’il touche de ses pouces. Tistou fera donc usage de ses dons pour ramener la joie dans le coeur des hommes, et là vous pouvez être certains que tout le monde va y passer : les pauvres, les malades, les détenus, l’usine de tanks de son père (ouais, c’est une famille ben dichotomique…). Rien n’arrête cet infernal chérubin et vous pouvez être certains que la pureté de son innocence vous fera filer excessivement cheap de ne pas avoir pensé à faire livrer des camions de fleurs à votre orphelinat de quartier (tout le monde a un orphelinat de quartier, right ?). Cet enfer de culpabilité culminera finalement par la mort du mentor de Tistou, un vieux jardinier faisant office de Yoda floral. Et là, pour ce dernier coup de théâtre, à se mettre le coeur dans un broyeur à déchets, Tistou utilisera son don une dernière fois pour nul autre que faire pousser UNE FUCKING ÉCHELLE VERS LE PARADIS (fuck you Tistou, juste fuck you) qu’il grimpera jusqu’à en disparaître dans les nuages, pour que finalement pousse au sol un champ de fleurs luxuriantes formant la phrase «Tistou était un ange». Putain… Comment tu veux enchaîner un party du jour de l’an après ça?