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À mi-chemin entre Sherbrooke et Montréal, Granby peut se targuer d’avoir autant de charme que de caractère. À moins que ce ne soit justement son caractère qui charme? Peu importe. De toute façon, l’association naturelle, depuis les années 60, ce qui vient le plus rapidement en tête en entendant le mot « Granby », c’est évidemment… Eh oui, vous avez deviné, la ville ne s’y limite pas, mais autant commencer cette liste par :
1- Le Zoo
BREAKING comme dirait Pierre Côté, il y a un zoo à Granby. Si pour certains, les animaux exotiques, c’est, justement, exotique, pour le Granbyen qui a été au moins quarante-douze fois dans cette enceinte sacrée de la ville, les lions, les girafes, pis les hippos, ya rien là. Remarquez, on serait sans doute moins bons, s’il s’agissait de les affronter en pleine savane africaine. Mais on aurait quand même une longueur d’avance sur le Québécois moyen – sauf peut-être les Félicinois ou les Hemmingfordiens.
2- Les Boivin
Chaque ville a ses grands hommes ; à Granby, pas besoin de les chercher bien loin. Les Boivin père et fils, occuperont le poste de maire pendant 46 ans à eux deux. Pour la petite histoire, en 1939, Pierre-Horace Boivin, le fondateur du zoo en personne, s’occupait tranquillement de son usine de robbeur quand une délégation de citoyens est venue « lui demander de poser sa candidature ». Sérieux, j’ai tendance à penser que ça n’a pas dû se faire souvent. Depuis, on a eu le maire Duchesneau et ses sbires, desquels on est moins fiers. Mais ça, c’est une autre histoire.
3- Ville de l’automobile
Arrivez de Montréal par la 112, et vous verrez que la petite ville n’a rien à envier aux plus grandes quant au nombre de concessionnaires – sans même parler de tous les vendeurs de voitures d’occasion. Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle Granby peut revendiquer ce titre : le Granby International, un genre de concours de beauté pour les voitures anciennes, s’y déroule aussi tous les étés. Beaucoup de belles voitures dans les rues. Et de drôles d’oiseaux, il va sans dire, astiquant sans gêne le manche de leur boîte de vitesse antique sur la Principale. Et sachez aussi qu’une usine y a bâti pendant deux ans l’une des seules (la seule ? je sais pas, moi, faites vos recherches…) voitures québécoises : la Manic GT.
4- Ville factuelle
La grand’ rue de la ville s’appelle rue Principale, et le boulevard des usines, le boulevard Industriel. Rien à ajouter.
5- La Voix de l’Est
Le journal qui couvre la plus petite région géographique du Québec. Fondé en 1935, quotidien dès 1945, c’est aussi mon premier job. Il en coûtait 3,32$ pour s’abonner à la semaine, quand j’ai commencé à jouer au camelot ; je salue au passage le vieux pervers qui laissait jouer ses films porno quand je venais le collecter, l’affreux cocker de la rue Caron que je souhaite mort depuis, et Monsieur Guillette, avec qui je jouais aux dards, que j’espère, lui, toujours vivant. Vous y trouverez des textes de Valère Audy, qui y écrit depuis toujours. Pourquoi je dis ça ? Je voulais juste le nommer. Trouvez pas qu’il a un nom étrange ?
6- Le Parc de la Yamaska
Ce parc/plage n’existait pas avant la construction du barrage Choinière sur la Yamaska, qui a causé l’inondation obligée de maints chalets. On peut supposer qu’il a été créé un peu pour s’en excuser par les autorités locales. Polluée, la Yamaska ? Ben non, voyons, c’est pas parce qu’en 1971 elle était considéré 40 fois plus sale que le Saint-Laurent autour de l’île de Montréal qu’il faut capoter. On a même une usine d’épuration… depuis 1985. Pas de panique. Éternelle sortie de fin d’année au primaire, le Parc de la Yamaska est aussi le premier contact du Granbyen avec d’autres zethnies. Ah, les effluves des barbecues grecs et portugais, les matchs de soccer improvisés où on se fait toujours amicalement planter, les femmes voilées par 40 degrés…
7- Yamaska
Tant qu’à y être, saluons cette sympathique (ahem…) série de TVA, adulée par Hugo Dumas, tournée en studio et avec quelques plans extérieurs – toujours les mêmes – pour faire croire qu’on est à Granby. Bah, pourquoi pas.
8- Parcs
Granby est aussi une ville de parcs parce que, mine de rien, les Anglais ont quand même eu leur mot à dire dans l’aménagement urbain pendant un certain temps, Cantons-de-l’Est obligent. Ils sont partout – les parcs, pas les Anglais. Le plus vieux, le plus beau, la fierté des citoyens : le parc Victoria, fondé en 1900, et le parc Miner, un peu plus récent, notre petit Central Park en plein cœur du centre-ville. On y trouve encore les poubelles du temps où Granby était une « cité », avec le slogan vachement vendeur qu’était « Cité propre, si t’es propre ».
9- Le Palace
Ancien cinéma, reconverti par les Loisirs de Granby en salle de spectacle, j’y ai aussi travaillé dès mes 16 ans. Quartier général du Festival International de la Chanson de Granby, qui n’a pas besoin de présentation, je n’ai jamais pu y assister, pour la simple raison que les bénévoles se précipitent pour remplacer les placiers et ouvreurs habituels. Tous ces illustres lauréats aussitôt retombés dans l’anonymat que j’ai manqués… Mais j’ai quand même vu les grands de ce monde, tels que Alain Morisod et Sweet People, alors pas vraiment de quoi me plaindre.
10- Néons
Gens plus à l’ouest, si vous faites le choix d’y arriver de soir par la 112, ce que je recommande fortement, vous aurez l’impression de remonter le temps en voyant toutes les enseignes de néon qui résistent encore et toujours au passage du temps. La plus célèbre ? L’énorme bonhomme de Chez Ben, véritable objet patrimonial de la ville. Bizarre, d’ailleurs, que nos néons ne soient pas encore protégés de manière officielle par la ville. Je dis ça de même.
En vrac :
Journalistes de tous acabits, prière de prononcer comme du monde, « Grène-bé » – et non Gramme-bé ou Granne-bé quand vous nous faites l’insigne honneur de dire son nom. Merci.
Boutiques à voir, pour les zurbains snobinards qui chercheraient le luxe champêtre de la campagne : Madame Hortense (café, cadeaux), Pain-Pain (boulangerie), les Délices d’Elliot (gourmandises en général). C’est pas mal tout, de toute façon, c’est une ville ouvrière, alors lâchez-nous avec vos boutiques fancy.
Pour le magasinage en général, les Galeries et ses environs font de plus en plus d’adeptes. Il semble que ce soit désormais rare qu’on voit des Granbyens aux Promenades de Saint-Bruno, tant ils arrivent désormais à trouver ce qu’ils veulent chez eux. C’est ce qu’on colporte à Plattsburgh, en tout cas.
Je charrie un peu, plus haut : le festival de la chanson a quand même couronné Leloup, Luc de Larochellière, Lynda Lemay, Dumas, Pierre Lapointe et Alexandre Désilets, sans compter tous les participants qui n’ont pas gagné, mais qui ont fait leur chemin malgré tout.
Ville natale de Marc Tardif (hockeyeur), Marc Messier et Luc Senay.
Ville adéquiste au provincial, et vague-orangiste au fédéral. Eh ouais.
Granby en images
Chez Ben on s’bourre la bedaine
Méta snob à Granby
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