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Savoir vouloir

Les aventures de l'homme moyen #25

Par
David Malo
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Ce n’est plus un secret. Dans la vie, nous obtenons tout ce que nous voulons. C’est aussi simple et porteur d’espoir que ça. Ce que nous pensons vouloir et que nous n’avons pas, c’est parce que nous ne l’avons pas voulu correctement. La compétition pour les postes convoités, pour l’argent, pour le succès n’est donc pas une histoire de compétence et de talent, mais plutôt de volonté et d’engagement. Sachant cela, savoir vouloir est donc la première chose que l’on devrait apprendre.

(Aviez-vous lu le 24e épisode?: Le prix à payer pour ne rien manquer)

Il y a plusieurs années, quand je ne savais vraiment pas vouloir, je me suis fait prendre au piège par une question lors d’une entrevue pour devenir agent de sécurité. J’avais pourtant préparé les questions les plus couramment posées. J’avais l’honnêteté comme meilleure qualité et le perfectionnisme comme gentil défaut. Dans une mise en situation impliquant une intervention, j’aurais même su démontrer l’importance de la communication et ma prédisposition à l’empathie avant d’employer des moyens plus coercitifs. J’aurais pu répondre à bien des questions, mais pas à celle qui m’a été posée. Le gars des ressources humaines n’en était sans doute pas à sa première entrevue, car il savait exactement comment peindre les imposteurs dans un coin.

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« Pourquoi veux-tu travailler ici? » qu’il me demande sournoisement.

Je suis resté coi. J’avais l’impression que si je répondais que je voulais gagner des sous sans rien faire, je n’aurais pas eu l’emploi. J’ai donc reformulé la question à haute voix afin de m’acheter un peu plus de temps pour réfléchir à ce qui est convenu de répondre dans une telle circonstance. Je baragouine une réponse terne et sans grande conviction.

Je n’ai pas attendu à côté du téléphone après cette entrevue. Je n’étais pas vraiment déçu non plus. À cette époque, j’étais encore inconscient de l’importance de bien vouloir. Je l’ai d’ailleurs été jusqu’à tout récemment.

Je me suis posé la question suivante : qu’est ce qu’il y a tant à vouloir?

La première chose qui me vient en tête est la liberté. Je veux la liberté. En formulant cette requête, je réalise que, selon ma définition, je l’ai déjà depuis longtemps. J’ai beaucoup de temps libre et j’ai de l’argent pour meubler ce temps. Je devrais donc me sentir comblé et satisfait, car je possède l’un des biens les plus convoités de tous. Pourquoi alors ressens-je encore un manque et ai-je l’impression que je veux plus encore? Ce pourrait-il que la liberté ne soit pas simplement d’avoir du temps libre et de l’argent?

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Voici une définition de la liberté dérivée d’une citation de Jean-Paul Sartre :

« La liberté n’est pas de faire ce que l’on veut, mais plutôt de vouloir ce que l’on fait. »

(La vraie citation se termine par ce que l’on « peut » au lieu de ce que l’on « fait », j’y reviendrai plus tard)

Selon cette définition, la liberté serait donc une action engagée et non une absence totale d’engagement. Je dois donc vouloir autre chose que la liberté de mouvement, mais quoi?

Je formule un nouveau vouloir.

Je ne veux plus de temps libre, je veux travailler du matin au soir, tous les jours et tout le temps, mais pas seulement pour de l’argent. Je dois aimer ce que je fais assez pour m’y engager pleinement et y voir un grand potentiel.

Ma quête originale de la liberté m’amène donc vers une recherche de ce que j’aime faire plutôt que de m’éloigner de ce que je ne veux plus faire.

Qu’est-ce que j’aime? Une question que les gens rationnels ont bien de la misère à répondre, s’attendant toujours à ce que la passion nous frappe de plein fouet et nous consume entièrement de l’aube jusqu’au crépuscule comme une force incontrôlable. Nous étions loin de prévoir que l’attente du coup de cœur soit sans fin.

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J’aime tout et rien en même temps, telle est ma réponse. Est-ce que trouver ce que j’aime m’amène à m’engager dans un jeu d’essai et d’erreurs dans des domaines que j’estime jusqu’à ce que j’y trouve mon compte?

Une autre option serait de me référer à la définition originale de Jean-Paul Sartre et de me concentrer sur ce que je peux au lieu de sur ce que je veux. Comme je crois que l’on peut presque tout, la question demeure entière, mais peut-être est-il, de réputation, meilleur philosophe que moi.

Souvent les filtres sociaux nous amènent à penser que l’on veut des choses que l’on ne veut pas vraiment. Pour certains, ce sont des objets, un poste, une blonde et pour d’autre, c’est de la liberté qu’ils ne veulent pas vraiment. Ce qui a pour effet de créer attentes et déceptions car, d’aucune façon il n’est possible de déployer les efforts nécessaires pour obtenir ce que l’on ne veut pas vraiment.

Savoir vouloir, c’est vouloir vraiment et je suis certain d’une chose :

Je veux vraiment vouloir.

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Le 26e épisode est ICI.