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L’Amour Is Love : les personnes racisées au coeur d’une exposition

On vous dévoile en primeur quelques photographies et visuels de l’exposition L’Amour Is Love

Par
Claire-Marine Beha
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Quand on pense à la Fierté Montréal, on pense surtout à sa parade, aux paillettes et aux drag queens. On oublie aussi parfois que la marginalisation se joue non seulement vis-à-vis du genre et de l’orientation sexuelle, mais aussi de la couleur de peau et la culture. Le jeune collectif montréalais The Woman Power propose une exposition, L’Amour Is Love, qui veut nous faire rencontrer l’univers de ces humains doublement stigmatisés à travers la photo, l’art et le documentaire.

Si ce n’est pas la première année que la Fierté Montréal souhaite donner plus de place aux personnes racisées issues de la communauté LGBTQIA+, c’est en revanche la première édition où plusieurs événements ont été imaginés juste à leur propos. Jodie-Anne Muckler, agente de liaison pour la Fierté Montréal, m’a expliqué être allée chercher The Woman Power afin de leur donner carte blanche pour réaliser un projet capable de mettre en valeur ce groupe de personnes. Autant dire que le collectif a pas mal capoté au début.

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Je me suis assise dans un café un peu trop bruyant pour parler de la conception de cette expo avec la cofondatrice de The Woman Power, Hannah Che.

On veut véhiculer du positif.

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Allô Hannah! Tout d’abord, c’est quoi le collectif The Woman Power?

Le collectif est né en décembre 2016 et c’est l’un des projets de notre plateforme Never Was Average avec mon associé [Harry Forbez] qui s’adresse aux entrepreneurs de couleur à Montréal. Avec The Woman Power, on a organisé des photo shoot, comme celui sur les femmes tatouées de Victoria Gravel. On a aussi produit l’exposition de l’artiste visuelle Niti Marcelle Mueth, «We gon’ be alright», où l’idée c’était vraiment de dire «oui on est des femmes, des femmes noires, mais on va être correct!» On organise aussi des Sisterhood, soit des discussions entre femmes.

Être fâché c’est facile, et c’est normal, mais on a besoin de beau et d’entraide aussi.

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On veut véhiculer du positif. On pourrait partager des articles d’actualités qui traitent d’événements dramatiques comme beaucoup le font, et heureusement qu’ils le font, mais on ne veut surtout pas nourrir la négativité. On veut aller à l’opposé, mettre des couleurs, montrer des modèles, rester dans l’empowerment. Être fâché c’est facile, et c’est normal, je suis fâchée tous les jours, mais on a besoin de beau et d’entraide aussi.

Étant donné que la Fierté vous a donné carte blanche, comment avez-vous eu l’idée de cette exposition en trois parties?

On est allés vers des réalisations qui nous ressemblent, on est forts sur tout ce qui est visuel, on n’aurait donc pas pu faire un fashion show par exemple, car ce n’est pas notre force! Une section photographie, menée par Victoria Gravel qui travaille beaucoup avec nous, semblait essentielle, puis on a voulu impliquer de l’art au sens large: poésie, illustration, collage…

Et là c’était un appel à soumissions pour tous les artistes de la communauté LGBTQIA+. Car avant tout, l’art n’a pas de couleur ni de frontières, même si le cœur de cette initiative demeure les personnes de couleur. Et enfin, on a pensé à un troisième volet, le documentaire.

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Justement, le documentaire aborde les histoires personnelles de trois femmes «queer as f…» racisées. Qu’est-ce que vous être allés chercher avec le support vidéo?

Il est là pour aller plus loin c’est certain, pour pousser la parole. The Woman Power ne veut pas parler à la place des gens donc c’était important que le public puisse s’asseoir et écouter le témoignage de ces trois personnes. Je leur ai demandé qu’elles nous racontent ce qu’elles vivent ou bien qu’elles écrivent quelque chose pour le lire devant la caméra. Je n’ai même pas posé de questions, juste «dis ce que tu souhaites, ce que tu ressens». Avec la vidéo, qui est encore plus intime que des visuels statiques, on cherche des réactions, on veut que le public se sente inconfortable… ou bien que ça leur donne envie de parler à ces femmes-là et de les prendre dans leurs bras!

L’objectif c’est d’apprendre quelque chose grâce à des œuvres colorées et positives.

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Quel est finalement l’objectif d’une telle exposition?

Chaque communauté porte un jugement sur une autre et l’objectif c’est d’apprendre quelque chose grâce à des œuvres colorées et positives. Mais c’est sûr qu’il y a encore du travail à faire. L’Amour Is Love représente surtout des personnes se définissant comme femmes, de couleur et queer… Et on aurait aimé faire encore plus, mais c’est un premier step! Quand on fait des appels à projets, c’est le risque, certaines personnes peuvent se sentir gênées.

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L’Amour Is Love aura lieu les 12 et 13 août au MAI (Montréal, Arts Interculturels). Pour appuyer la réflexion que souhaite susciter l’expo, un panel de discussion sera tenu le samedi en fin après-midi concernant la représentation des personnes queer et trans de couleur au sein des diverses communautés. Le lendemain, une soirée de célébration est prévue de 16h à 18h.

Pour lire un autre texte de Claire-Marine Beha: «La danse d’un corps menstrué».

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