Mythe ou réalité
On déconstruit les plus gros mythes sur les troubles d’apprentissage
« On peut détecter les troubles d’apprentissage avant l’entrée à l’école.»
On le sait : comme parent, on se fait donner un peu trop conseils. Et parmi ceux-ci, plusieurs sont malheureusement erronés. Dans la série Mythe ou réalité, on invite des expert.e.s reconnu.e.s à donner l’heure juste sur leur spécialité, histoire de distinguer le vrai du faux.
Marie-Philippe Goyer, orthopédagogue à l’Institut des troubles d’apprentissage, a répondu à toutes nos questions sur les troubles d’apprentissage.
Les troubles d’apprentissage sont causés par un manque de stimulation à la maison.
Non. Les troubles d’apprentissage, c’est d’origine neurologique, donc c’est vraiment la façon dont le cerveau va se développer. Donc, c’est pas parce que vous avez sauté une histoire, un soir, ou pas assez joué dans le salon avec des chiffres que l’enfant va développer une dyslexie ou une dyscalculie.
C’est normal d’avoir de la difficulté à écrire en troisième année.
C’est vrai et c’est faux. Écrire en troisième année, c’est un gros défi. On doit penser à notre idée générale : l’ordre, la cohérence, être capable de choisir quelle phrase on va dire, comment j’vais la construire, l’orthographe des mots, être capable, même, de découper la phrase en mots, choisir les bons sons qu’on veut dire, même tracer la lettre, et j’en passe. Donc, c’est vraiment intense.
Après, quand il y a des erreurs qui persistent vraiment, comme des mots très fréquents écrits de plein de façons différentes, des inversions de lettres, des mots utilisés dans des mauvais contextes assez souvent, là, les enseignants, les orthophonistes, orthopédagogues vont investiguer davantage et vont venir vers vous.
Les troubles d’apprentissage disparaissent en grandissant.
Non, un trouble d’apprentissage, ça ne disparaît pas. La dyslexie-dysorthographie, la dyscalculie, le TDAH, le trouble développemental du langage, c’est présent même à l’âge adulte.
Des fois, on a l’impression qu’on le voit moins chez l’adulte ou en vieillissant parce que grâce au merveilleux travail des enseignants, orthopédagogues, orthophonistes et l’élève, lui-même, développe des stratégies de compensation. Il y a des outils, des ressources qui l’aident un petit peu à masquer ou à compenser, finalement, certaines difficultés.
Ne pas aimer lire, ce n’est pas grave.
C’est faux, c’est grave. La lecture, surtout l’amour de la lecture, c’est un des facteurs qui contribue grandement à la réussite scolaire. Juste 20 minutes par jour de lecture, c’est une exposition à près de deux millions de mots par année.
Par contre, faut pas que la lecture soit associée à un moment de pression ou une corvée. C’est libérateur, pour un jeune qui a un défi d’apprentissage, d’avoir le droit de lire ce qu’il veut. C’est ça qui va être motivant et qui va lui donner envie de recommencer.
Donc, laissez votre enfant lire une BD, un livre de recettes, écouter sa lecture avec un livre audio, lire un manga, un roman, un album, une carte Pokémon, peu importe, tant qu’il lit, c’est ça qu’on veut.
On peut détecter les troubles d’apprentissage avant l’entrée à l’école.
C’est vrai, mais c’est quand même moins fréquent. Généralement, c’est plus autour de la trois, quatrième année. C’est souvent là qu’ils ont de la difficulté qui persiste vraiment. Mais on peut voir des signes précoces avant l’entrée à l’école, par exemple, un jeune qui a un vocabulaire limité, qui a de la difficulté à comprendre, à jouer avec les sons, qui va avoir de la difficulté à identifier des lettres, même retenir un petit peu certaines comptines.
Les enfants avec un trouble d’apprentissage vont moins loin dans leur parcours scolaire.
Non. Un enfant n’est pas condamné à arrêter plus tôt.C’est sûr que son parcours va peut-être être plus difficile. Heureusement, aujourd’hui, les enseignants font un travail extraordinaire et les écoles sont beaucoup moins one size fits all. Oui, les jeunes qui ont un trouble d’apprentissage vont à l’université, au cégep. Pis après, faut se demander : qu’est-ce que ça veut dire, aller loin ?
On associe trop souvent la réussite scolaire à une note ou à une moyenne, alors que les jeunes qui ont des défis d’apprentissage sont capables d’aller très loin parce qu’ils développent des compétences comme l’empathie, la persévérance, l’ouverture d’esprit, la créativité, ils sont résilients. Pour moi, c’est ça aller loin.
Le 23 octobre prochain, participez à La Grande lecture partagée, un défi collectif qui nous invite à lire quelques minutes, en groupe ou en famille, pour soutenir les jeunes qui vivent des défis d’apprentissage.
En vous inscrivant sur le site de l’Institut des troubles d’apprentissage, vous pouvez choisir une durée de lecture (15, 30, 45 ou 60 minutes) et contribuer au grand objectif d’atteindre 1 000 000 de minutes de lecture partagée.
Peu importe ce que vous lisez — roman, BD, livre audio ou album jeunesse — l’important, c’est de le faire ensemble, avec plaisir.
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