On déconstruit les plus gros mythes sur les enfants trans
On déconstruit les plus gros mythes sur les enfants trans
«Il y a beaucoup plus de jeunes queer et trans qu’avant. »
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On le sait : comme parent, on se fait donner un peu trop conseils. Et parmi ceux-ci, plusieurs sont malheureusement erronés. Dans la série Mythe ou réalité, on invite des expert.e.s reconnu.e.s à donner l’heure juste sur leur spécialité, histoire de distinguer le vrai du faux.
Gabrielle Richard, sociologue spécialisée dans les questions de genre et de sexualité et autrice, a répondu à toutes nos questions sur les enfants queer et trans.
Les enfants trans regrettent souvent leur transition.
Faux. Les enfants peuvent seulement entreprendre ce qu’on appelle une transition sociale. Une transition sociale, c’est composé d’éléments qui sont complètement réversibles.
C’est, par exemple, demander à ce que notre entourage utilise un autre prénom que le prénom qui nous a été donné à notre naissance. C’est demander à des proches, par exemple, d’utiliser un autre pronom, il plutôt que elle, elle plutôt que il ou le pronom iel. C’est s’explorer sur le plan de ce qu’on appelle l’expression de genre. Choisir, par exemple, de porter certains types de vêtements ou de s’explorer sur le plan du maquillage, de la coiffure, de ce genre de choses-là.
C’est des éléments par lesquels on peut apprendre à mieux se connaître. Il n’y a aucun de ces éléments-là qui sont irréversibles, et donc, qui peuvent être regrettés par les enfants plus tard.
Il y a beaucoup plus de jeunes queer et trans qu’avant.
C’est vrai. Statistiquement parlant, les données dont on dispose de la plupart des grandes enquêtes nous montrent qu’il y a plus de jeunes, à l’heure actuelle, qui s’identifient comme queer et trans que c’était le cas par le passé, dans les dernières années, mais aussi dans les dernières décennies.
Est-ce que subitement, il y a eu un phénomène de contagion? Il y a eu plein de jeunes qui, boum, se sont devinés queer et trans? Bien sûr que non.
Dans un contexte où on compare les générations, ce qu’on remarque, par exemple, c’est qu’une personne qui a 65 ans et plus est née alors qu’il y avait la répression, par exemple, de l’homosexualité, la criminalisation des identités queer et trans au Canada. Donc, c’était bien sûr beaucoup plus compliqué de se percevoir comme tel, de se nommer comme tel et d’avoir une bonne vision de soi-même et être en capacité de vivre en société.
Avant 12 ans, on est trop jeune pour s’identifier comme autre chose que cisgenre et hétérosexuel.
C’est faux. On est ici clairement sur ce qu’on appelle un double standard.
Jamais on ne va dire qu’un enfant est trop jeune pour se savoir hétérosexuel ou se savoir cisgenre, c’est-à-dire non-trans.
Pourquoi ce serait autre chose pour les jeunes queers et les jeunes trans? Parce que personne, a priori, va se lever un mardi matin pour subitement décider de faire un coming out queer ou trans autour de lui, surtout pas des jeunes personnes qui sont vulnérables et qui habitent encore, par exemple, chez leurs parents et qui sont pas sûrs de comment leurs parents vont recevoir l’information.
Les enfants queer sont influencé.e.s par leurs ami.e.s.
Alors oui et non. Oui, parce qu’on construit tous.tes notre genre et nos attirances dans un environnement donné, qu’il soit social, amical, familial ou médiatique. C’est vrai pour les enfants queer et trans comme c’est vrai pour les enfants hétérosexuels et cisgenres, c’est-à-dire non-trans.
Non, par contre, parce que considérer que les enfants queers et trans se font influencer par leurs pairs, c’est une manière très vive de discréditer leur parole, de les considérer comme étant incapables de se penser elles.eux-mêmes en dehors d’une influence externe.
J’utilise souvent la métaphore du roseau, cette idée qu’on se représente les jeunes queers et trans comme étant des roseaux qui vont un peu bouger au gré du vent. Le vent souffle dans une direction, ils vont pencher dans une direction. Le vent souffle dans une autre direction, ils vont pencher dans une autre direction. Et on les voit comme étant incapables d’agentivité et de se penser pour elles.eux-mêmes.
Les enfants trans sont heureux.
Bien sûr, les enfants trans ont toutes les capacités pour être heureux et bien vivre dans la mesure où iels sont entouré.e.s de personnes qui les aiment, qui les écoutent, qui les comprennent et qui les respectent.
Ce qui est susceptible de causer de la détresse, chez les enfants trans comme chez les adultes trans, ce n’est pas le fait d’être une personne trans, c’est le fait d’être dans une société qui est transphobe, qui est cisnormative, c’est-à-dire qui va associer les personnes trans à quelque chose d’anormal, de non souhaitable.
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