L’ORL Nadia Hagenimana déconstruit les mythes sur la médecine esthétique

Mythe ou réalité, c’est une série qui va à la rencontre de ceux et celles qui pratiquent des métiers mal compris pour voir ce qu’il en est vraiment. Entre les clichés tenaces et les réalités qui surprennent, on démêle le vrai du faux en laissant parler ceux qui savent : les premier.ère.s concerné.e.s.

La réponse, c’est oui et non. Non, parce que la plus grosse portion du vieillissement et du vieillissement cutané s’apparente aux habitudes de vie. Par contre, une fois que les dommages cutanés sont installés, à ce moment-là, ça peut nécessiter un certain budget ou un certain investissement pour avoir les soins médico-esthétiques requis.

Oui, c’est une réalité, pis c’est très préoccupant. Comme médecin, j’pense que c’est notre devoir de s’assurer que la décision est prise en toute connaissance de cause. Qu’il y a pas de détresse psychologique aussi qui est sous-jacente, qui pourrait pousser les patients à faire un investissement au-dessus de leurs moyens.

Non, la médecine esthétique, c’est un champ médical avec des actes médicaux qui sont encadrés par Santé Canada. Les patients arrivent avec un symptôme, exemple des rides, des ridules, perte de volume, le sourire triste, les yeux cernés. Moi, je fais un diagnostic et par la suite, j’applique un traitement. C’est la même chose, que ce soit de la médecine esthétique ou de la médecine ordinaire.

En fait, ça dépend vraiment de votre budget. Quand on parle des marques de luxe, vous allez payer surtout pour la marque. Le produit ne sera pas forcément meilleur qu’un autre produit. Les produits « medical grade », qui se vendent généralement juste en cliniques médico-esthétiques, vous allez payer pour un produit où il y a plus de recherche en arrière et aussi pour une quantité d’ingrédients actifs qui est souvent augmentée. Par la suite, y a les produits de pharmacie qui sont généralement de très bons produits. Il peut y avoir de la recherche en arrière, mais ils sont limités sur la quantité d’ingrédients actifs qu’ils peuvent mettre à l’intérieur. Donc, au final, l’important, c’est d’avoir vraiment une routine de soins de peau qui convient à votre peau et à votre budget.

Je dirais que c’est faux. Ce qu’il faut savoir, c’est que baby botox égale plus petite dose, plus petite dose égale l’effet dure potentiellement moins longtemps, donc il faut potentiellement revenir plus souvent. On pourrait dire que ça peut représenter un investissement d’environ 300 $ aux trois à quatre mois pour du baby botox.

C’est faux. La majorité de mes patientes sont effectivement des femmes, mais on voit une augmentation des hommes qui viennent consulter, aussi des personnes non-binaires.

Oui, moi, je vais dire la routine de soins de peau, ce dont on parle très rarement, c’est l’exfoliation, puis l’éternelle crème solaire, parce que je sais qu’à chaque année, ça cause un débat. La crème solaire va être très importante pour prévenir le vieillissement cutané, donc c’est important de se protéger du soleil en tout temps.

Non, pas du tout. En fait, l’évaluation médicale est très importante à ce niveau-là, donc dire non, ça fait partie de mon travail.

C’est vrai, c’est faux. Avant, on avait beaucoup de patients qui venaient en clinique avec des photos en disant : « Moi, j’veux ressembler à cette personne-là, j’veux avoir ces lèvres-là, j’veux avoir ce nez-là… », mais maintenant, ce qu’on voit plus, c’est des patients qui veulent juste se donner un petit boost, redonner un petit peu de confiance. Donc moi, mon rôle, comme médecin injecteur, c’est vraiment de les aiguiller dans ce chemin-là.

C’est vrai et c’est faux. Il y a des choses qui peuvent se voir, qui sont quand même évidentes, mais y a des gens aussi qui aiment quand ça se voit, quand on voit la différence. À ce moment-là, c’est vraiment selon les attentes des patients et selon ce que nous, on peut leur offrir pour que ça fitte avec leur visage, pis que ça reste naturel.

C’est en fait assez rare, la majorité des patients sont assez satisfaits de leurs soins. Des fois, des chirurgies qui sont un peu plus permanentes, oui, les gens peuvent avoir des regrets, mais en général, en médico-esthétique, c’est souvent réversible, en plus.

Vrai, il y a beaucoup, beaucoup de trends qui circulent sur les réseaux sociaux, par exemple faire soi-même sa crème solaire, les thread lifts ou les fils tenseurs. Fa’que y a plusieurs affaires qui circulent, ça veut pas dire que toutes les choses s’appliquent au patient qui est devant nous ou que je suis d’accord avec ces technologies-là.

Non, en fait, ça dépend vraiment du dosage. Donc, si c’est trop ou que c’est mal placé, par exemple pour les fillers, oui, ça peut donner un aspect plus âgé. Par contre, si c’est fait avec expertise, au contraire, ça nous fait avoir l’air de notre âge.

C’est faux. En fait, au Québec, les gens qui peuvent injecter des neuromodulateurs et des fillers, on a : les médecins, les infirmières et maintenant, nouvellement, les dentistes.